Critique d’une excellente première saison pour Masters of Sex qui prouve que l’on a pas besoin d’être vulgaire pour parler de sexe. Spoilers.
Après un an de travail et de recherches intenses, c’est le moment pour Bill de présenter les résultats de son étude. Virginia, qui a décidé de partir après le manque de considération et l’humiliation subit, n’est à aucun moment créditée par Bill qui veut récolter tous les lauriers de leur travail commun. Il est surtout blessé par son départ et effrayé par ses sentiments envers elle. Arrivé à la présentation, il va choquer son assistance avec une vidéo qui montre les parois vaginale internes d’une de ses sujets qui n’est autre que Jane (Helene Yorke). Il est intéressant de voir que quand on parle de la sexualité masculine, l’audience est réceptive et fait des blagues et dès lors que la sexualité féminine est abordée, les gens sont tout de suite gênés et outrés. La position de Bill dans l’hôpital est donc en danger. Le monde est bien trop prude et pas encore prêt pour ses découvertes.
Masters of Sex est probablement l’une des meilleures nouvelles séries de la saison. A la fois subtile et directe, elle est brillante de bout en bout. Même si au début elle met du temps à démarrer parce qu’elle installe ses personnages en douceur, Masters of Sex se solidifie épisode après épisode. La froideur de Bill est expliquée par son passé et la force que Virginia s’est construite durant toute sa vie de femme et de mère célibataire. On est fasciné par l’histoire et par les personnages et ceci d’autant plus qu’une grande partie de l’histoire est vraie. La relation entre Bill et Virginia est intense et on sent que leur complicité va au delà du travail. Quand Bill est renvoyé, c’est chez Virginia qu’il va se confier, pas auprès de sa femme qui soit dit en passant est en train d’accoucher de leur premier enfant, mais il n’est pas au courant. Très bien interprétés par Michael Sheen et Lizzy Caplan, les véritables Masters et Johnson auraient sans doute été fiers de leur performance. Leur alchimie est palpable et crève le petit écran. La série est romancée, ça reste de la télévision, mais les vrais protagonistes ont fini par se marier dans les années 70. La fin de l’épisode avec la déclaration de Bill à Virginia et la demande en mariage qu’elle a reçu d’Ethan avaient un arrière goût de soap. Cependant, la saison dans son ensemble est très bonne, on pardonne ce faux pas un peu trop mielleux pour Bill et Virginia d’autant que c’est touchant de le voir aussi vulnérable après avoir perdu son travail. Au delà du sexe et de la romance policée par moment, la série est une véritable étude comportementale et humaine.
Guérir l’homosexualité ?
En parallèle de l’histoire entre Masters et Johnson, la série a traité de l’homosexualité qui à l’époque était toujours interdite. Cette histoire, tout en gardant la réalité de l’époque, a très bien mis en lumière la difficulté à vivre et la culpabilité des homosexuels qui se croyaient malades. On a ici une histoire à priori vue des dizaines de fois avec un homme homosexuel, marié à une femme qui pense qu’elle est la cause de leurs problèmes. Elle était à mille lieues de se douter que son mari couchait avec des hommes.
A cette époque, dans les années 50, certains médecins pensaient qu’il existait des traitements efficaces comme les électrochocs ou la castration chimique qui retirerait tout désir. Cet homme est le doyen de l’hôpital joué à merveille par Beau Bridges. Avec sa position d’homme haut placé à l’hôpital, il ne peut pas se permettre un scandale de la sorte. Si son homosexualité est dévoilée, sa carrière sera finie. Face à Bridges, on a l’excellente Allison Janney qui offre une magnifique performance d’actrice dans le rôle de Margaret Scully. Par amour pour son mari, elle refuse qu’il subisse un traitement barbare qui pourrait lui faire du mal. Il y a une authenticité dans cette histoire et beaucoup d’émotions sincères. La réaction de Margaret est très touchante. Elle souffre de voir que son mari ne l’aime pas comme elle le pensait mais elle est tout de même bienveillante à son égard. Malgré ça, il veut quand même faire des électrochocs sans qu’elle le sache. On sait que Le vrai Masters a sorti une étude qui disait que la réversion fonctionnait. Bien évidemment c’est loin d’être la réalité et Virginia aura même déclaré plus tard qu’elle pensait que l’étude avait été manipulée. Une étude qui a crée la controverse. On attend de voir ce que la saison réserve pour cette histoire et si Barton fera le traitement. On attend aussi de voir si la série respectera l’Histoire et ne cédera pas aux sirènes du politiquement correct.
Docteur DePaul, femme médecin
L’histoire du Lillian Dr DePaul (Julianne Nicholson) est aussi un subplot intéressant qui nous montre le combat d’une femme médecin, une pionnière dans le monde de la gynécologie, qui essaie de s’imposer dans un monde d’hommes. Elle veut faire en sorte que le frottis soit mis à la disposition de toutes les femmes pour prévenir du cancer du col de l’utérus. Elle doit sans cesse prouver qu’elle est à la hauteur et qu’elle mérite autant les mêmes subventions que ses homologues masculins. Le plus triste dans tout ça c’est qu’on voit que le monde est loin d’avoir radicalement changé et que même s’il est aujourd’hui bien évidemment plus facile pour une femme d’être médecin et d’imposer ses qualités, la parité est loin d’être acquise. En plus de son combat pour être reconnue en tant que médecin qualifié, le Dr DePaul souffre elle-même d’un cancer. Ses recherches sont d’autant plus importantes. Elle essaie de changer quelque chose et de créer une différence avant qu’il ne soit trop tard pour elle.
On attend la saison 2 avec impatience. L’histoire est loin d’être terminée et beaucoup de points de la vie de ses personnages et de leurs travaux n’ont pas été explorés.
Crédits images ©Showtime
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