Réalisation : George C. Wolfe
Casting : Viola Davis, Chadwick Boseman, Coleman Domingo
Nationalité : USA
Titre original : Ma Rainey’s Black Bottom
Genre : Drame
Durée : 1h34
Année de production : 2020
Distributeur : Netflix
Sortie : le 18 décembre 2020
Critique du film Netflix Le Blues de Ma Rainey avec Viola Davis, qui marque la dernière performance d’un Chadwick Boseman au sommet de son art.
Ce week-end, Netflix a dévoilé le film Le Blues de Ma Rainey, réalisé par George C. Wolfe et produit par Denzel Washington, Todd Black et Viola Davis, qui joue également le rôle titre. Il s’agit de l‘adaptation de la pièce de théâtre Ma Rainey’s Black Bottom d’August Wilson, lauréat du prix Pulitzer. Après Fences qui lui a valu un Oscar, Viola Davis joue à nouveau dans une adaptation de l’œuvre poignante du dramaturge américain.
Dans Le Blues de Ma Rainey, les tensions s’exacerbent et les esprits s’échauffent au cours d’une séance d’enregistrement, dans le Chicago des années 20, tandis que plusieurs musiciens attendent la légendaire Ma Rainey, artiste avant-gardiste surnommée « la mère du blues ». Arrivant en retard, l’intrépide et volcanique Ma Rainey se lance dans un bras de fer avec son manager et son producteur blancs, bien décidés à lui imposer leurs choix artistiques.
Tandis que les musiciens patientent dans la salle de répétition, l’ambitieux trompettiste Levee, attiré par la copine de Ma, est déterminé à faire sa place dans le milieu de la musique. Poussant ses camarades à se confier, il provoque un déferlement d’anecdotes, de vérités et de mensonges qui bouleverseront à jamais le cours de leur vie…
Un casting magistral
Dans ce film, Chadwick Boseman – qui nous a quitté l’été dernier à seulement 43 ans – incarne le trompettiste Levee, un jeune homme passionné, talentueux et plein d’ambitions mais avec un lourd passé qui le pèse et qui l’a rendu presque instable. Boseman est époustouflant dans ce rôle. Si le film est quasi filmé en huit clos, comme une pièce de théâtre, l’acteur prend ses aises et montre l’étendu de son talent. Il est magistral dans son jeu, il est hypnotisant et met une sacrée claque chaque réplique qu’il prononce, on ressent la douleur du personnage à travers son jeu.
Quand on sait que c’est son dernier rôle, on le voit sous un tout autre angle. Chadwick Boseman était malade durant le tournage, et pourtant, il a donné tout ce qu’il avait, sans retenu. Il se met à nu et offre une prestation digne d’un Oscar. On espère ainsi vraiment que l’académie le considérera pour une nomination posthume parce que c’est clairement l’une des meilleures prestations de 2020.
Et évidemment, Viola Davis n’est plus à tester. Elle est simplement géniale dans le rôle de cette chanteuse Noire charismatique et provocante (qui a réellement existé), qui se bat pour ce qu’elle mérite et connait sa valeur. On salue également la prestation de Coleman Domingo – un acteur de plus en plus incontournable – qui ne se démonte jamais devant la grande Viola Davis et l’immense Chadwick Boseman.
Mais clairement, Davis et Boseman portent ce film de bout en bout, lui donnant une véritable substance, rendant justice aux mots de Wilson et apportant une certaine dualité aux personnages. L’une est old-school dans sa façon de faire, tandis que l’autre se projette vers l’avenir et souhaite prendre des risques.
Un monde injuste
Le Blues de Ma Rainey met en lumière une véritable injustice dans le monde en ngénéral et dans l’univers de la musique en particulier. Un univers où les frustrations abondent et le racisme nauséabond et systémique s’écoule. Depuis toujours, les musiciens Noirs se font piller leurs créations et beaucoup n’ont jamais eu les lauriers qu’ils méritent. Le film souligne cet injustice et le traitement des musiciens Noirs qui n’avaient pas l’exposition et les moyens de réussir aussi bien que leurs homologues Blancs, bien mieux lotis.
Les maux spécifiques à la répression du sud des Etats-Unis et de ses Jim Crow Laws et l’exploitation économique du nord du pays, sont des sujets inévitables dont le film traite. Les membres du groupe de Ma échangent des histoires de lynchage, d’agression et d’humiliation, et Ma se bat avec le propriétaire blanc du label (Jonny Coyne). À la fin de cette adaptation de la pièce portée à l’écran par George C. Wolfe, un homme est mort et un autre a vu toutes ses perspectives de succès s’évaporer. Ça crève le cœur.
Pendant une heure et demie, on est happé par ce film qui nous rappelle l’injustice de l’époque (et qui d’une certaine manière existe encore aujourd’hui) mais qui nous dit aussi de se battre pour ce qu’on croit juste. Le Blues de Ma Rainey est un film poignant, à voir absolument.
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