Brain Throwback Thursday sur un épisode spécial de la série culte A La Maison Blanche, Isaac et Ismaël. Un épisode écrit en réponse aux attentats du 11 septembre, qu’il fait bon de revisiter après les attentats de Paris du 13 novembre 2015.
La semaine dernière, vendredi 13 novembre 2015, la France a connu son temps d’horreur. Des terroristes de Daech ont commis plusieurs attentats, tuant 129 personnes, et en blessant des centaines d’autres, en moins d’une heure.
Beaucoup de journalistes et experts font le lien avec les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Les victimes sont moins nombreuses, mais le choc, la peur, et hélas les réponses islamophobes sont similaires.
Il y a 14 ans, la fiction télévisuelle américaine avait bouleversé ses programmes. Des épisodes ont été supprimés, des scènes retournés. Et des épisodes spéciaux ont été créées. Aujourd’hui, le Cerveau revient sur l’épisode de la série culte A La Maison Blanche intitulé Isaac et Ismaël. Un épisode écrit, réalisé et monté en 14 jours. S’il est parfois démagogique, il regorge de messages nécessaires à entendre dans ce climat parfois tendu après les attentats. Des messages qui résonnent encore, et, prêt de 15 ans après, malheureusement toujours d’actualité.
Pas Amalgame
L’épisode a deux intrigues liées. Un employé de la Maison-Blanche est soupçonné d’appartenir à Al-Qaïda. L’homme est arrêté et interrogé par les services secrets et Leo McGarry, le chef de Cabinet de la Maison-Blanche. En parallèle, les employés de la Maison-Blanche sont bloqués dans le bâtiment, par sécurité. Ils échangent alors leur point de vue sur le terrorisme, ses origines, et les solutions, ou non, à apporter avec un groupe de lycéen en visite.
Même s’il a la main lourde sur le sujet, Aaron Sorkin rappelle qu’il ne faut surtout pas confondre arabes, musulmans, et extrémismes religieux. C’est dans un long plaidoyer avec les enfants, où Josh Lyman, Secrétaire de Cabinet adjoint de la Maison Blanche rappelle que Al-Qaïda à l’époque, ou Daech aujourd’hui, ça marche aussi bien, n’est autre que la version musulmane du Ku-Klux-Klan. Et si on ne fait pas l’amalgame entre les chrétiens et les membres du Klan, alors, on peut pas faire l’amalgame entre musulmans et terroristes qui utilisent et détournent l’Islam à leur fin.
Aaron Sorkin montre les dangers de faire l’amalgame ici avec l’homme soupçonné de terrorisme. Il n’est pas terroriste, il a juste le malheur de porter le même nom qu’un autre, de protester contre la présence des Etats-Unis en Arabie Saoudite et d’être arabo-musulman. ”C’est le prix que vous payez pour partager des similitudes physiques avec des terroristes. Nous sommes tous gagnés par une vision très tronquée des choses et des personnes », s’excuse Leo McGarry après avoir été dur, et d’un racisme inhabituel pour le personnage envers le suspect.
De l’origine du Mal
L’origine du mal n’est pas la religion, aucunement. Et Sorkin le rappelle plusieurs fois et de manières différentes dans cet épisode. S’il parle du premier attentat terroriste et des fameuses vierges promises, il fait surtout l’analogie avec les violences domestiques que les américains ne connaissent que trop bien.
”Vous avez la mémoire courte, Mr McGarry”, s’indigne Rakim Ali ”lorsque nous étions sous les balles à Rosslyn, non seulement c’était des tireurs blancs, mais ils tiraient parce que l’un de nous ne l’était pas”, rappelle-t-il, en faisant référence au final de la saison 1, ou des Suprématistes Blancs, ont tenté de tuer Charlie Young, l’assistant noir du président, qui sortait alors avec la fille du président.
Toujours dans l’analogie domestique, Sam Seaborn, indique qu’on trouve les terroristes là où on se doute, dans les millieux rongés par la misère et la pauvreté, auprès de personnes qui sont perdues dans leur vie. Charlie Young, qui a grandi dans un quartier de Washington D.C. gangrené par les gangs rappelle que c’est les cellules terroristes et les gangs, c’est la même chose : ”Les gangs vous donnent un sens d’appartenance, et souvent un revenu. Mais surtout, ils vous redonnent un sens de dignité. Les Hommes sont les Hommes, ils recherchent la fierté. Tout le monde ici a un badge à porter. Je suis le directeur adjoint de la communication. Je suis dans la classe présidentielle. Je connais la réponse, je vais à Cornell…. Vous pensez que les membres de gangs marchent la tête baissée en se disant, mec, j’ai raté ma vie, je suis dans un gang. Non mec, ils marchent fièrement en disant “Mec, je suis dans un gang, je suis avec eux”.
Les terroristes perdent toujours
Via cet épisode, Sorkin rappelle que le terrorisme ne gagne jamais. ”Et l’IRA alors ?”, demande une lycéenne. ”Les anglais sont toujours là. Les protestants sont toujours là. Les basques extrémistes font des attentats depuis des décennies en Espagne, sans résultat. Des Brigades Rouges dans les années 60 à La bande à Bader en passant par The Weatherman ici, ils ont tous voulu supprimer le capitalisme. Dîtes-moi, comment le capitalisme se porte, aujourd’hui?”.
Des terroristes qui se veulent en martyr, des héros de leurs convictions et leur foi. Mais c’est le Président des Etats-Unis lui-même qui fait la différence entre un martyr, et un héros ; ”Un Martyr préférerait mourir que de renoncer à ses croyances. Se suicider et tuer des personnes innocentes pour ses idées c’est un acte de démence, l’acte d’un monstre (….). Nous n’avons pas besoin de martyrs, mais de héros. Un héros mourra pour son pays, mais il préférera vivre pour lui”.
Battre les terroristes
Contre les terroristes, Sorkin appelle à une punition non-violente. Ce n’est pas la mort qu’il prône, mais un châtiment plus horrible encore, si les terroristes ont encore une conscience ”Je les mettrais dans une petite cellule, et les obligerais à regarder les vidéos des mariages, des anniversaires, des baptêmes de toutes leurs victimes, encore et encore, tous les jours, pour le reste de leur vie”.
Enfin, Aaron Sorkin, via le personnage de Josh Lyman, donne la méthode pour battre les terroristes : ”Apprenez de nouvelles choses. Soyez sympas avec les autres. Lisez les journaux, allez au cinéma, faites la fête. Lisez un livre. Et souvenez-vous du pluralisme. Vous voulez leur en faire baver ? Vous voulez en découdre avec les terroristes, les mettre à terre sur leur propre terrain ? Continuer d’accepter plus d’une seule opinion. Cela les rend dingues”.
Crédits Images : ©NBC
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