The Handmaid’s Tale a quitté les écrans de Hulu et OCS ce jeudi avec un final fort en émotion après une saison mitigée, bilan d’une saison 3 perturbante.
La saison 3 de The Handmaid’s Tale s’est achevée, après des hauts et des bas pour une série qui reste quand même de grande facture. Une série importante à l’heure des lois anti-avortement aux USA, des débats autour de la GPA ainsi que la montée des extrêmes et l’aliénation de droits fondamentaux un peu partout dans le monde.
A la fin de la saison 2, on laissait June résignée à l’idée de retrouver sa fille Hannah, après avoir libéré son bébé des griffes des Waterford en la remettant à Emily en fuite vers le Canada grâce à son commandeur. Désormais servante du Commandeur Lawrence, June s’allie avec ce dernier pour tenter de retrouver sa fille toujours, tout en tentant de rejoindre la résistance avec les Marthas, et Serena en possible alliée. Tout du moins en début de saison.
Une saison inégale
Cette saison 3 de The Handmaid’s Tale est la saison de l’interrogation. Avec une narration différente, des choix d’intrigues et des directions de personnages avortées ou sans réponses, il est certain que les épisodes de cette troisième saison à Gilead laissent un peu pantois le spectateur. Surtout après une entrée en matière puissante.
Si certaines directions narratives étaient bienvenues, comme la perte identitaire et la dépression de Serena, se rendant compte qu’elle aussi est prisonnière de l’état qu’elle a en partie créé – un état toujours aussi répressif, totalitaire et schizophrène – d’autres restent discutables, voire inutiles.
Certains choix narratifs sont par contre assez déroutants et loin du niveau de la série. Certains épisodes semblent de l’ordre du remplissage plus que de l’évolution narrative d’une intrigue dont les enjeux, les ramifications et les bases ont déjà été abordés dans les grandes lignes. Des grandes lignes qu’on étire encore sans vraiment explorer les véritables prises de risques cette saison. Entre incohérences, suggestions et autres directions avortées, la saison 3 de The Handmaid’s Tale semble un peu brouillon, avant ses derniers épisodes.
Résistance
Alors que la résistance commence à prendre forme enfin dans les 3 premiers épisodes, elle disparaît au profit d’un voyage à Washington, avec l’introduction de nouveaux personnages, ainsi que la découverte d’un Gilead encore plus extrême que celui que nous connaissons.
Lancée dans les prémices de la mise en place d’une Résistance et d’un combat pour l’héroïne de la série, la saison bifurque brusquement sur les Waterford, avec le revirement soudain de Serena, qui revient sur son envie de libérer celle qu’elle considère comme son enfant.
Deux épisodes plus tard, on n’apprendra rien de plus sur Gilead ou ses relations avec l’extérieur, embarqué dans une opération médiatique qui se répète, sans réellement avoir de véritable impact sur l’intrigue si ce n’est les Waterfords. Washington se transforme en pause dans une saison qui avait pourtant commencé sur les chapeaux de roue. Une pause aux allures de remplissage, pour amener doucement vers les évènements du final de saison. Un final à hauteur de ce qui a fait de la série un culte.
Meublée
Le remplissage est un peu ce qu’on reprochera le plus à cette dernière saison de The Handmaid’s Tale. Quand les flashbacks et autres épisodes consacrés majoritairement au passé pré-Gilead étaient intéressant même si éparses, cette saison, ces flashbacks ne sont pas des plus palpitants ou nécessaires. Notamment avec l’épisode dédié à l’un des personnages les plus ambivalents de la série : la Tante Lydia. Un épisode que beaucoup de spectateurs attendaient, avides de comprendre ce personnage que l’on aime détester, cette matriarche parfois dure, parfois si tendre, souvent radicale et extrême, mais attachée à ses servantes.
Lent et peu informatif
Un épisode lent, peu psychologique qui n’apporte pas vraiment grand-chose au personnage si ce n’est prouver qu’elle a toujours été versatile et enclin à la violence envers ses paires, ces femmes qu’elle juge inapte à assurer leur rôle de mère.
Un épisode qui permet de gagner du temps, autant que ceux consacrés à Washington et la campagne média des Waterford réunis pour récupérer Nicole. Des épisodes inégaux, qui passent souvent à côté de certaines opportunités narratives. On pense au passé de Nick, suggéré par Serena, et montré en fin d’épisode 6, avec ce dernier dirigeant des troupes en route pour Chicago.
Un choix narratif qui aurait pu être des plus intéressants qui ne sera plus abordé dans les 7 épisodes suivant de la saison. Une omission des plus frustrantes, surtout quand un sentiment de remplissage domine la saison.
Violence moins récurrente
The Handmaid’s Tale est une série violente. Un récit psychologique mais aussi graphique, montrant des actes de tortures, des viols et autres sévices choquants avec ou sans détails, dans le cadre ou hors champs.
Des violences inhérentes au récit, qui n’ont pas manqué de choquer les spectateurs notamment en saison 2, quand elle devenait récurrente et parfois peut-être gratuite aux yeux de certains.
Si la violence n’est plus aussi graphique et récurrente qu’en saison 1 et 2, au-delà de certaines mises à morts auxquelles le spectateur est désormais coutumier dans cet univers totalitaire et répressif, elle reste suggérée. Deux véritables instants de douleur visuels seront à noter cette saison : le muselage des femmes à Washington et la fusillade du supermarché. La fusillade sera d’ailleurs le point culminant de cette saison, celui qui reversera la donne et permettra ainsi de relancer la narration réellement, et remettre June sur la voie de la rébellion et résistance.
June : mère résistante
The Handmaid’s Tale, avant d’être un récit féministe, un appel à la rébellion et la résistance ou une mise en garde face aux inquiétudes de notre monde, est une ode à la maternité. Une célébration de la Femme certes, mais surtout de la mère. De ce lien biologique ou non, de ce sentiment fort entre une mère et son enfant.
Certains pourraient y voir un discours anti-GPA, mais ce n’est pas le cas. Cette saison 3 le prouve d’autant plus avec la mère adoptive d’Hannah dans l’échange qu’elle a avec June en début de saison, mais aussi avec Serena. Si le personnage est détestable, son besoin d’être mère, et son amour pour cet enfant qu’elle considère comme la sienne, montre une autre facette de la maternité.
La maternité au centre de cette saison, puisqu’elle est la raison même de la présence de l’héroïne dans cet état répressif alors que cette dernière aurait pu fuir. C’est ce besoin maternel, primal, viscéral, qui la poussera à se battre jusqu’au sacrifice.
Sororité
L’union fait la force. Surtout celle des femmes. Alors qu’on pensait que les sœurs ennemies Serena et June s’allieraient pour de bon en début de saison, on comprendra au fil des épisodes, que la sororité, si ce n’est pas celle-ci, est la clé de la réussite de toute révolte.
Alors que les hommes passent au second plan cette saison, les femmes prennent les devants, agissent et s’organisent. Les quelques hommes qui leur viennent en aide n’ont qu’un rôle passif, comme le commandeur Lawrence. Un Commandeur couard, surtout après le décès de sa femme. Marthas et Servantes, toutes ces femmes sont la clé de la libération de Gilead visiblement, car ce sont elles qui dirigent et gèrent la résistance. Avec désormais June en figure de proue, en tête de ligne, prête à tout pour arriver à bout de ses plans, quitte à se sacrifier, comme dans le final de saison.
Un final émouvant, immersif et fort
Si la saison était inégale, le final restera sûrement l’un des meilleurs épisodes de la série. Un épisode, fort, sous tension, mais surtout émouvant. Orchestré d’une main de maître, cet épisode est un grand moment télévisuel pour l’émotion exacerbée qu’il procure, ses rebondissements, et sa conclusion touchante.
Malgré les défauts de cette saison, The Handmaid’s Tale reste une grande série. Une série féminine, féministe, politique et sociale. Une série peut être moins stimulante en mi saison, qui aura subi un coup de mou durant quelques épisodes qui auraient pu être bien meilleurs, mais qui reste de grande facture.
Une série qui n’est pas qu’un divertissement, essentielle, qui on l’espère en saison 4 sera aussi galvanisante et riche en émotion que dans cette conclusion plus qu’épique pour June. Encore et toujours à Gilead. Nolite te bastardes carborendurum.
Crédit photos : ©Hulu
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