Retour sur le film Ray Donovan qui conclut l’histoire tragique de la famille Donovan. Spoilers.
Lorsque Showtime a annulé de manière inattendue Ray Donovan après la fin de sa septième saison en janvier 2020, les fans étaient confus. Non seulement la fin abrupte est sortie de nulle part, mais le dernier épisode a laissé un certain nombre de personnages dans le vent. Cela ne ressemblait en rien à une vraie fin pour le « fixer » Ray Donovan et sa famille fracturée. Cette annulation fut aussi un choc pour l’équipe créative qui prévoyait une huitième saison lorsqu’elle a appris la nouvelle.
Le showrunner David Hollander regrettait alors de ne pas pouvoir finir la série de la façon dont il le souhaitait. Heureusement pour Hollander et les fans, Ray Donovan a droit à un film qui permet de mener la série à une conclusion plus ou moins satisfaisante mettant fin au cercle de violence constante entre Ray Donovan et son père Mickey.
Co-écrit par Hollander et l’acteur principal Liev Schreiber, Ray Donovan: Le film fait allusion à ce qu’une huitième saison complète aurait pu être, effleure des possibilités et fournit des conclusions pour la plupart de ses personnages. Mais bien sûr, c’est plus un épilogue à la saison 7, un long dernier épisode plutôt qu’une véritable saison 8. Mais ce qui comptera vraiment pour les fans, c’est que la série a été autorisée à se terminer selon ses propres conditions. C’est le dernier travail que Ray mérite.
Le passé les rattrape
La septième saison de Ray Donovan s’est terminée par la mort soudaine de Smitty (Graham Rogers), le mari de Bridget (Kerris Dorsey), lors d’un accord qui a terriblement mal tourné et qui a été orchestré par le toujours terriblement mauvais Mickey Donovan (Jon Voight), le père que Ray (Schreiber) a désavoué à plusieurs reprises. L’action du film reprend alors que Mickey s’enfuit à Boston (leur ville natale) avec les actions de Declan Sullivan dans une mallette et le sang du mari de sa petite-fille sur les mains.
Naturellement, Ray part à sa poursuite, mais le film met en place une structure dans laquelle on le voit très tôt parler à son thérapeute (Alan Alda) et lui faire un aveu : « J’ai tué mon père, » dit-il. De toute évidence, Ray a des comptes à régler lorsqu’il retrouve son père, transformant le film en un mystère sur la façon dont cette mort se déroulera. Ray a-t-il enfin infligé à Mickey la punition qu’il mérite depuis des années ? Naturellement, c’est un peu plus compliqué que cela.
Hollander et Schreiber ont décidé de continuer la structure de flashbacks utilisée dans la septième saison, plongeant dans la vie passée du jeune Ray (Chris Gray) et d’un Mickey bien plus fringant, joué à merveille par Bill Heck. L’arc père-fils tout au long de la série gagne en profondeur alors que le film remplit une partie de ce qui est essentiellement l’histoire d’origine du « nettoyeur » In découvre le moment où Mickey est devenue une star locale et surtout le moment où le jeune Ray a acquis certaines des compétences de la profession qui le définirent au cours des premières saisons de la série.
Ces flashbacks (un peu trop nombreux) permettent de comprendre la dynamique entre Ray et Mickey mais les 1h40 du film ne suffisent pas à tout explorer. Hollander et Schreiber ont clairement une mine d’idées sur la façon dont Ray et Mickey en sont arrivés là, et le coup de maître du film est de savoir comment cela relie l’acte final de Ray et Mickey à un premier acte formateur. Ray nettoie depuis longtemps derrière son père et, à bien des égards, Ray Donovan : Le Film nous montre comment Ray prend la décision d’y mettre fin.
Peu de place pour les autres
Cependant, le focus sur la relation entre Ray et Mickey donne trop peu de place aux autres personnages qui se retrouvent à être des détails de l’histoire. La plupart des interactions familiales surviennent au début du film alors que Terry (Eddie Marsan), Bunchy (Dash Mihok) et Daryll (Pooch Hall) se réunissent après les funérailles de Smitty, qui se transforment bien sûr en une affaire ivre et tapageuse.
Il y a quelques éléments narratifs de Ray Donovan Le Film qui sont précipités, en particulier dans la rapidité avec laquelle ces personnages complexes passent de la fin de la saison 7 à leurs derniers instants dans le film.
Avant d’avoir un geste final crucial, Bridget passe la majeure partie du film à pleurer la mort de son mari et à être en colère contre sa famille, ce qui est normal mais on ne voit pas vraiment son deuil. De son côté, Bunch tente une réconciliation avec Teresa, la mère de sa fille. L’ex couple semble vouloir chacun faire un effort, laissant la porte ouverte sur un moment positif, mais nous ne verrons jamais si c’est concluant.
Avec l’aide de Lena (Kate Moennig apparait littéralement moins d’une minute trente à l’écran) Darryl reçoit une nouvelle identité afin d’éviter la prison. Son histoire est à peine effleuré, il prend son avion et disparait. Et sans un merci final, Lena qui aura toujours été un personnage sous-estimé et sous-utilisé, s’en va pour de bon. Il aurait été intéressant de savoir au moins ce qu’elle est devenue depuis qu’elle a décidé de s’éloigner de Ray et de ses embrouilles, mais elle n’était là que pour servir la fuite de Daryll. Quand à ce pauvre Terry, dont l’état se dégrade, il cuisine espérant que sa famille vienne le rejoindre pour diner.
Tuer le (grand) père
Le film se termine avec la mort de Mickey Donovan, mais pas des mains de Ray, de celles de Bridget qui met fin à la violence perpétuelle de sa famille. D’une manière ou d’une autre Mickey devait mourir. Après que Ray est été blessé par balle par Molly Sullivan (vengeance pour son père), Mickey va voir son fils et tente de l’aider mais Bridget débarque et tue son grand-père. Une dernière fois, Ray fait c’est qu’il se faire de mieux. Il couvre pour sa fille, appelle son psy et lui dit qu’il a tué son père. Peu de temps après, la police et une ambulance arrivent embarquant Ray qui se fait arrêter pour le meurtre et sortant le corps sans vie de Mickey.
En fin de compte, Ray Donovan était une série sur un homme brisé et sa famille dysfonctionnelle qui se cachaient sous des couches de gros durs. Les derniers instants de la série voient Ray payer pour le crime de sa fille mais également faire pénitence pour avoir envoyer son père en prison il y a des années. C’est son moyen de stopper le cercle vicieux de violence perpétré par les Donovan durant des décennies. Mais la vérité, c’est que le film est un peu lent et ne nous dit rien de plus que ce que la série ne nous a déjà dit. Il est tout de même bien pour les fans qui sont restez fidèles depuis 2013 d’avoir une conclusion qui tient la route.
Ray Donovan Le Film, c’est ce soir, 19 janvier sur Canal+ et sur MyCanal.
Crédit ©Showtime
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