Hérétiques au Bucher ! Reign, la nouvelle série historique proposée par la CW est une belle hérésie télévisuelle qui tente de pimper l’histoire de France. La critique outrée du Cerveau.
Mesdames, Damoiselles, Messires… La télévision américaine vient de rentrer dans une nouvelle ère : celle de la revisite de l’Histoire de France expliquée pour les ados. Reign a débarqué sur les écrans de la CW hier soir, avec un pilote qui fera mal à tous nos professeurs d’Histoire du secondaire. Un pilote digne de la chaîne pour jeunes adultes qui cette fois-ci fait fort dans la médiocrité. On débriefe.
Gossip Girl à la cour
Mettons de côté la revisite de l’Histoire Française, sur laquelle nous allons revenir bien évidemment un peu plus tard. Si l’on doit résumer Reign en une phrase une seule ce serait : Gossip Girl à la Cour de France.
Comme tout programme de la CW pour adolescents – pardon – jeunes adultes comme on aime à les nommer désormais, Reign ne vole pas très haut et se focalise principalement sur les relations hormonales entre nos jeunes princes et princesses. Reign raconte l’histoire de Marie Stuart (Adelaide Kane), Reine d’Ecosse, qui à 15 ans s’apprête à épouser François II, fils d’Henri II et de Catherine de Médicis.
Si la série s’efforce de respecter un minimum l’Histoire, elle se permet quand même d’insuffler beaucoup de stupidité dans son traitement et n’est qu’un prétexte pour mettre en avant les tensions et pulsions sexuelles si chères à nos adolescents quelque soit, selon la CW, l’ère à laquelle ces derniers évoluent. Une espèce de Game of Thrones, Da Vinci’s Demons ou Les Tudors de la CW sans la qualité qui va avec.
Triangles amoureux, danses folles en dehors des convenances d’époques, petit copain gueux qui vient faire un petit coucou à sa copine courtisane, robes tendances et sexy, séance de maquillage antique, le tout porté par une musique pop-rock…La cour de France au 16ème siècle façon CW ferait presque rêver les filles de Park Avenue.
Fuck History
Ce qu’on retient de ce pilote c’est un gros doigt d’honneur à l’Histoire de France, qui même sans être chauvin, est violée du début jusqu’à la fin. François II, fils d’Henri II, n’est qu’un petit ado stupide qui ne cherche qu’à assouvir ses besoins d’adolescent avec certaines courtisanes, futur roi manipulateur et séducteur. Son père, lui aussi ne pense qu’à ses pulsions sexuelles, puisqu’il ne se présente pas avec sa femme pour accueillir Marie Stuart qui vient s’installer au Château, mais avec sa maîtresse Diane de Poitier, mère de son fils bâtard Sébastien (Torrance Coombs), qui bien évidemment dans l’histoire, la vraie, n’existe pas. Henri aussi a la classe, puisqu’il se tape au détour de certains couloirs, une des courtisane et amie de sa future bru en pleine pause masturbation. Il est cool Henri, il a le sens de la générosité et du don de soi.
Catherine de Médicis, incarnée par Megan Follows, non sans rappeler les traits d’une certaine Catherine Deneuve, la chirurgie en moins, est une mère machiavélique et conspiratrice. Si d’après certains documents historiques, Catherine était connue pour avoir consulté Nostradamus et croire en l’occulte, ici l’occulte prend une place très importante dans la régence du royaume. Dans Reign, la célèbre Reine, comme le veut la légende, est acariâtre, jalouse du pouvoir et ne recule devant aucun crime pour conserver son influence ou protéger son fils (sans trop spoiler).
Poltergeist à Saint Germain
Rendons l’Histoire Française encore plus glamour et tendance et ajoutons un peu de spiritisme avec un esprit bienveillant qui surveille la petite Marie des méchants gens conspirateurs de la Cour, ainsi qu’une forêt noire aux alentours qui ne promet rien de bon. Sinon avouons-le, à 15 ans, l’Histoire de France, ou même d’ailleurs, c’est chiant. Les fantômes, ça c’est cool. Poltergeist à Saint Germain, tout de suite ça donne plus envie.
Marie, la Reine dont la légende historique est fascinante, connue pour sa vivacité et son grand intellect, est ici très innocente. Elle qui va subir un mariage arrangé et politique, qui a été éduquée brillamment à la cour française, est dans Reign très fleur bleue, voire stupide. Amoureuse de son futur époux, malgré ses défauts et son arrogance, ainsi que ses réticences à l’épouser, Marie Stuart semble inconsciente des enjeux politique de son union avec François et plutôt intéressée par son demi frère, avenant et ténébreux.
Pourquoi ?
Sexe, complots et intrigues amoureuses, tel est le ton de ce pilote qui expose tout ce qu’on aurait pu redouter pour Reign, une série qui, avec l’excuse d’une revisite de l’Histoire de France, abrutit ses téléspectateurs bien plus qu’elle ne les cultive. On ne remerciera pas ses créatrices : Stephanie SenGupta et Laurie McCarthy. Faut dire, la Renaissance, sans sexe, sans « bogosse », fantômes et jolies robes de princesses dignes d’un tapis rouge 2013, c’est chiant pour un « jeune adulte ». Ça ferait presque peur pour le niveau intellectuel des générations futures.
Crédit photos : ©CW
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur