24 Live another day a tiré sa révérence hier soir sur les écrans de la Fox après un parcours balisé d’un Jack Bauer qui ne convainc plus le spectateur. Le jour de trop ? Retour sur 12 épisodes bien décevants.
24 Heures Chronos, le retour du come-back avec 24 Live Another Day a quitté les écrans américains hier soir et les quittera ce soir sur Canal +. Un au revoir aux grosses allures d’adieux, pour un héros qui au bout de 12 heures d’action, de morale et de sacrifice a du mal à se faire une place, ou retrouver la place qui jadis fut sienne en télévision. Retour sur une demi-journée rythmée, loin des heures de gloire de la série, pour un retour de Jack passable.
Le retour de Jack Bauer avec 24 Live Another Day était un évènement. La résurrection d’une série culte des années 2000 qui a ravi plus d’un. Il faut dire que le bon vieux Jack nous avait bien manqué, et Chloé, la CTU et les improbables attaques, tellement électrisantes, et contre-attaques galvanisantes qu’on en oubliait leur invraisemblance. Dans 24 Live Another Day, on reprend la même recette, à quelques ingrédients près, en espérant que la sauce soit aussi bonne que dans le temps. Malheureusement, l’English Stew de Jack peine à convaincre ou impliquer les spectateurs, tant la série tombe dans les écueils de ce qui a fait son culte et s’échine dans la tentative de se renouveler.
Jack will always be back
Que retient-on donc de ces 12 heures ? Et bien comme d’habitude, pas grand-chose tant les intervenants apparaissent pour disparaître encore plus rapidement que dans la série originelle. Ainsi nous avons donc Jack de retour face à un président qui le prend pour un terroriste, vu ses actions 4 ans auparavant. Malgré tout, Jack se fera pardonner ses actes antipatriotiques en un éclair, se retrouvera en tête des opérations de contre-attaque terroristes, avec une facilité déconcertante. Un Jack au meilleur de sa forme, toujours aussi patriote et bourré d’abnégation, avec une pointe de désillusion qui apparait par moment, sans laquelle on pourrait oublier qu’il est un renégat, un paria depuis la conclusion de la série. Un héros a rejaillit de ses cendres, mais un héros dont on n’avait pas nécessairement besoin.
God Jack saves the Queen
Ce qu’on reproche à 24 Live Another Day, au-delà de retomber dans les travers de ce qui a fait le succès de la série c’est bien évidemment d’avoir raté le coche quant à la mise en scène des évènements qui se tiennent dans un Londres, bien loin des codes de l’Amérique. Ce que 24 : Redemption avait réussi à faire une heure et demi. L’intrigue étant placée dans un territoire autre que les Etat-Unis, bien que proche, aurait été bien plus intéressante si d’autres institutions gouvernementales que la CIA ou le cabinet présidentiel avaient été mises à partie dans la narration. Ainsi, nous sommes à Londres, mais malheureusement, on ne le voit pas vraiment et aucune institution autre que le cabinet du premier ministre anglais (incarné par un Stephen Fry des plus ennuyeux) n’est impliquée dans l’action. S’il y a dix ans dans un climat géopolitique gangrené par des groupuscules terroristes obscures, USA Gendarme du Monde fonctionnait, dans le contexte actuel, la pilule est difficile à avaler, surtout quand ces attaques se déroulent sur le sol européen.
Ce qu’on retient de cette saison avec ce final, c’est le manque d’imagination dans l’écriture des intrigues conspirationnistes dont les ramifications semblent devinables dès les premiers instants. Ainsi, les fans, et habitués de 24, auront l’impression qu’on cherche à faire revivre les tensions de plusieurs saisons alimentées par les groupes terroristes légendaires de la série. A commencer bien sûr par les islamistes, le fond de commerce par excellence de la série, avec une variante considérable : une dimension de vengeance mise en place par une épouse convertie mais tout aussi fanatique dans la peau de Michelle Fairley (Catelyn Stark de Game of thrones). Une antagoniste de choix qui ne suffit pas pour générer le « thrill » attendu.
Al Qaïda meets KGB meets Chinatown meets big fail
Un thrill que les scénaristes ont tenté de combler en connectant ces attaques avec des protagonistes de l’intérieur ou même du passé. Pour résumer simplement, l’objet qui a permis ces attaques terroristes a en fait été mis au point par les militants et amis de Chloé (sans qu’elle ne le sache sinon c’est pas drôle) qui vont tenter de le vendre au tarif le plus cher, pendant ce temps les Russes tentent de récupérer Jack, parce que «Hello, il a tué nos politiciens impunément », et donc complotent avec le nouveau mari d’Audrey, conseiller du président, sans que ce dernier sache que le directeur de la CIA est lui aussi impliqué dans les attaques terroristes et à l’origine du suicide du mari de la nouvelle acolyte terrain de Jack, aka Kate Morgan.
Et comme tout cela ne suffit pas, le President Heller souffre des premiers signes d’Alzeihmer, raison pour laquelle il accepte de se sacrifier en se rendant aux terroristes, mais ça ne marche pas parce que «oh no !!!!! », Jack ne laissera pas faire ça. Mais c’est sans compter sur l’intervention de Chen Zu, qui réssucite lui aussi d’entre les mort et qui – comme par hasard, mais dans 24, pas de hasard – est au courant de l’existence de l’appareil terroriste et cherche a mettre la main dessus, chose qu’il fait. Chen Zhu, va bien évidemment rendre les choses encore plus compliquées en moins de deux épisodes en déclenchant une crise entre la Chine et les USA, après une attaque sur un sous-marin chinois par la flotte américaine. (Ça va ? Vous arrivez encore à suivre ?)
Chen Zhu va menacer Audrey avec un sniper, mais bien évidemment ça ne marche pas. En moins de dix minutes, Jack récupère l’objet, tue Chen Zhu, évite une guerre nucléaire, venge l’amour de sa vie, et échange la sienne contre celle de sa «meilleure amie» capturée au dernier moment par les russes pour être une monnaie d’échange. Soupir…. 12 heures tendues, rythmées, téléphonées, et presque ennuyeuse tant les intrigues sont balisées au possible, et bazardées avec la rapidité d’un éclair. On ne prend même plus plaisir ni avons le temps d’apprécier les twists que la série a toujours su doser intelligemment.
Pour une série de l’été sur un network de mastodontes, 24 Live Another Day ne réalise pas de bons scores. Avec 6,32 millions de téléspectateurs en moyenne pour une moyenne de 1.77 sur les 18-49 ans, la série est bien loin des chiffres qui ont fait les beaux jours de la Fox. Jack est définitivement le héros dont on n’a plus besoin à l’ère des anti-héros complexes comme Sherlock, Lester Nyghaart, et autres Tyrion. Même si ce final conclu ce retour avec une porte ouverte qui permettrait de reprendre rendez vous avec Jack, on aurait presque envie de lui dire adieux.
Crédits Images : ©Fox
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