Le Cerveau a profité du passage de Mark Gatiss à une table-ronde du Comic Con pour lui poser quelques question sur le futur de Sherlock et ses autres projets.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Mark Gatiss est acteur, scénariste et producteur anglais. Membre de la League of Gentlemen à ses débuts, il a par la suite été l’un des premiers scénaristes du retour du bon Doctor Who, série dans laquelle il apparaît également lors de la troisième saison. Avec Steven Moffat, il a créé Sherlock pour la BBC avec Benedict Cumberbatch et Martin Freeman. Il y joue le rôle de Mycroft, le frère du détective et écrit un épisode par saison. Lors de son passage à Paris à l’occasion du Comic Con, le Cerveau en a profité pour le faire parler de la saison 3 de Sherlock et de ses autres projets lors d’une table-ronde.
Vous avez grandi devant un hôpital psychiatrique, est-ce que grandir près de celui-ci a fait de vous le Mark Gatiss que vous êtes maintenant, le fan d’horreur ?
Il y a quelques années, j’ai mentionné que mon père avait travaillé brièvement dans un hôpital psychiatrique. Les gens ont pensé que c’était une sorte d’asile d’Arkman (Asile du Joker dans Batman, NDLR), un endroit monstrueux. Mais pour moi c’était un hôpital tout à fait normal. J’allais me faire couper les cheveux là-bas, même nager. Mais peut-être qu’inconsciemment, ça m’a marqué. Mais c’est vrai que pour certains, c’est comme si j’avais grandi parmi la famille Addams (rires).
Pouvez vous nous parler du premier épisode de la saison 3 de Sherlock ?
Nous avons déjà mis en boite les 2 premiers épisodes. J’ai écrit le premier, Steve Thompson a écrit le second et Steven Moffat le troisième. Ce que je peux vous dire c’est que le premier épisode s’appelle The Empty Hearse et que Sherlock Holmes et John Watson en font partie. (Rires) Sherlock Holmes revient de parmi les morts et…C’est tout ce que je peux vous dire ! il y aura d’autres personnages.
Quand est-ce que ce sera diffusé ?
Je ne sais pas, nous n’avons pas encore commencé à filmer l’épisode 3. Mais les épisodes devraient être prêts pour cet hiver. Les deux premiers épisodes sont en postproduction, mais je n’ai aucun pouvoir sur le planning de diffusion.
Pourquoi avez-vous choisi de jouer Mycroft Holmes dans Sherlock ?
Nous avions fait un pilote de 60 minutes sans Mycroft ni Moriarty dedans. Lorsque nous avons décidé de passer à un format de 90 minutes, nous avons discuté de Mycroft et Moriarty. On voulait que le public pense que Mycroft était Moriarty. Je venais de passer une audition pour le rôle du politicien Britannique Peter Mandelson. Il a certaines similitudes avec Mycroft, il faisait partie de l’arrière-boutique du gouvernement . Steve Thompson a suggéré que je devrais jouer le rôle de Mycroft. Au départ, j’étais contre. Mais j’adore jouer ce rôle parce que je suis fan des aventures de Sherlock Holmes.
Est-ce qu’il y a une certaine pression lorsque vous interprétez un personnage que vous aimez tant ?
Non. Nous nous sommes basés sur le film The private life of Sherlock Holmes. Nous adorons ce film et il nous a beaucoup influencés. Sir Christopher Lee, qui joue le rôle de Mycroft, a une relation beaucoup plus antagonistique avec Sherlock Holmes, ce qui est génial. J’adore jouer Mycroft, mais Dieu merci, je suis plus mince que sa version littéraire.
Dans Being Human, vous avez joué un des personnages les plus diaboliques de la série, un des plus vieux vampires qui meurt dans une explosion. Cette explosion tue un bébé. Qui sont les plus diaboliques : votre personnage ou les auteurs pour avoir décidé de tuer un enfant ?
Je ne sais pas. Mon personnage, probablement ! J’ai toujours voulu jouer le rôle d’un vampire. Being Human est une très bonne série et c’était un régal. Je voulais avoir les cheveux rouges, je les ai teints, mais l’équipe voulait que je rase mon crâne. Mais je ne pouvais pas ; je voulais des cheveux rouges parce que souvent les vampires sont représentées d’une façon attirante avec des cheveux foncés. Il devrait y avoir des vampires roux ! Je voulais qu’il soit sale. Il avait plus de mille ans. J’ai tout enlaidi : les ongles, les dents. Je le referais sans hésitations !
Qu’en est-il d’un crossover entre Sherlock et Doctor Who ?
2 choses : premièrement, dans l’épisode de Noël 2012, le Docteur est habillé en Sherlock Holmes parce que dans l’univers du Docteur, Sherlock Holmes est un personnage fictif. La seconde raison est simple : si un jour on le fait, ce sera réalisé et puis quoi ensuite ?
Votre version de Sherlock Holmes, bien que transportée dans une époque moderne reste malgré tout très proche de la littérature, contrairement à certaines versions passées. Vous y teniez absolument ?
Il y a eu tellement de versions adaptées de Sherlock Holmes. Dans les histoires que nous avons dévorées Steven et moi lorsque nous étions enfants, les deux héros sont attirants, forts et amusants ; ce sont deux personnes qu’on n’aurait jamais pensé avoir en amis. Nous voulions transposer tout ça dans la série tout en enlevant l’époque dans laquelle ça se passait. C’était notre but premier. J’aime toutes les versions. Mais pour moi, c’était vraiment le coeur de l’histoire : cet homme plus intelligent que tout le monde et son meilleur ami qui n’est pas aussi intelligent que lui, mais qui est loin d’être un idiot. Selon moi, ce qui fait le succès de la série, c’est le Docteur Watson, c’est un grand homme, un grand soldat tenace et avec une bonne carapace. Lui et Holmes ne devraient pas s’entendre, mais pourtant c’est le cas.
Maintenant que Benedict Cumberbatch et Martin Freeman sont devenus des superstars, pensez-vous que la série va encore continuer longtemps ?
C’est ce qu’on s’est dit avec Steven Moffat il y a quelques temps au téléphone. Si nous avions commencé à développer Sherlock maintenant, nous n’aurions pas eu la chance d’avoir ces deux acteurs (rires). Mais nous les avons et ils sont prêts à continuer aussi longtemps que nous le pouvons.
Nous avons fait une version de Sherlock Holmes avec des hommes beaucoup plus jeunes que ceux qui ont interprété ces rôles auparavant; la plupart ont la cinquantaine. Ce qui serait génial c’est de continuer jusqu’à ce que nos 2 personnages atteignent cet âge. Ce serait fascinant de voir Martin et Benedict a cet âge-là, même au-delà ! Mais il n’y aura peut-être pas autant de fanfictions à ce moment-là (rires).
Vous venez de la League of Gentlemen, pensez-vous participer à d’autres projets avec ce cast ?
Il y a eu la série Psychoville qui est une sorte de continuation de la League of Gentlemen. Je suis apparu en tant que guest star dans un des épisodes. Nous avons été ensemble pendant 11 ans, nous ne nous sommes jamais vraiment séparés. Nous avons juste pris des directions différentes. Nous aimerions refaire quelque chose ensemble un de ces jours, mais je ne sais pas, peut-être une sorte d’épisode d’anniversaire.
Dans les livres, Holmes et Watson sont très proches, leur relation peut sembler ambiguë. Dans votre version, il y a une sorte de « séduction » et énormément de sous-entendus. Est-ce que c’est fait en fonction de l’oeuvre originale ?
Il n’y a pas d’ambiguïté, le Docteur Watson se marie dans la deuxième histoire. La première fois qu’il y a une telle suggestion, c’est dans la version cinématographique de Billy Wilder (La vie privée de Sherlock Holmes), malgré l’outrage du Docteur Watson. Mais c’est amusant, il est évident que beaucoup de personnes écrivent énormément de choses à ce sujet, mais ils ne sont pas gays. C’est simplement ce que les gens se disent a propos de 2 hommes vivant ensemble . C’est une relation amicale proche, rien de plus. Oui, il y a quelques blagues gay, mais elles ne sont pas là pour se moquer. Je suis gay. Il n’est pas question d’être péjoratif, mais c’est vrai que les gens font toute une montagne sur cette relation, pourtant on ne joue pas dessus. Watson répète régulièrement qu’il n’est pas gay. Sherlock quant à lui est plus ambigu, c’est pourquoi on est intéressé. Mais quoiqu’il se soit passé entre lui et Irene Adler, Sherlock est tellement au-delà de toute histoire sentimentale. Seul son cerveau compte pour lui, il se moque un peu du reste, mais découvre malgré tout qu’il est un être humain. Les gens tentent de le mettre dans une boite, mais Sherlock est un être en dehors qui défie la personnification ; il est au-delà de beaucoup de choses. Dans les livres, il est tout aussi charmant avec la gent féminine qu’il est capable d’être glacial comme une machine. Nous voulons garder cet équilibre. C’est un peu comme Sherlock et Doctor Who, si Martin est dans un épisode et dit : «Je vivais un mensonge, je t’aime» et Sherlock répond : « Moi aussi, je t’aime», c’est la fin de cette ambiguïté, or c’est avec l’ambiguïté qu’on s’amuse le plus.
Crédits photo ©BBC / Remerciements : Comic Con’ Paris et 8 Art City
Propos recueillis par Yves Lawson. Traduction : Ally Wood
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