Sherlock : rencontre avec l’équipe de doublage

0

Sherlock saison 2 va bientôt débarquer sur les écrans de France 4. Mais avant que la France ne profite des aventures du détective sociopathe et de son compagnon médecin, passage obligatoire par le studio de doublage.

Jeudi soir dernier, le Cerveau était chez lui, installé tranquillement devant son ordi et mangeait un plat micro-onde de riz cantonnais lorsque son portable s’est mit à sonner. « Salut, ça te dirait d’assister au doublage de la saison 2 de Sherlock demain aprèm ? », lui a proposé une de ses très gentilles consœurs. « Heu… Mouai, ça peut être intéressant… Attends, je vérifie si j’ai rien demain… Nope, c’est bon… », a répondu le Cerveau d’un air des plus détachés possibles alors qu’intérieurement, ses synapses étaient en feux d’artifice.
Le lendemain, direction Levallois pour rejoindre les studios d’O’Bahamas Production, chargés de l’adaptation de la série britannique en version française.

Le doublage

Arrivé sur place, rencontre avec les différents maillons de cette chaine du doublage : Sophie Neerman, responsable du doublage pour France Télévisions, Roland Timsit, directeur artistique, et les acteurs Gilles Morvan (Sherlock Holmes) et Yann Peira (John Watson). Après une rapide présentation, c’est le moment de voir comment se déroule cette fabrication « made in France ». Le studio est plongé dans la pénombre, les acteurs se tiennent dans une pièce annexe insonorisée, une vitre leur permet de voir les images et le texte français sur une bande synchronisée avec les voix originales défiler sur grand écran. Roland Timsit annonce aux acteurs que la scène qu’ils s’apprêtent à doubler va d’abord être écoutée dans sa version originale. Ensuite, on tourne en vf : les acteurs se concentrent et récitent avec un ton fidèle à l’original les mots à la vitesse à laquelle ils passent sous les images. Premier essai, Roland Timsit ne semble pas convaincu par l’interprétation et donne quelques directives pour améliorer le jeu. C’est reparti pour une prise. Sophie Neerman, le script sur les genoux, vérifie qu’aucune erreur ne se soit glissée dans les phrases lues sur l’écran. Le doublage se poursuit de façon décousue. Selon la disponibilité des acteurs présents dans les scènes à doubler, on passera d’une scène de l’épisode 3 à une autre de l’épisode 1.

Brainterview

Petite pause, le moment idéal pour poser quelques questions aux acteurs. Lorsqu’on lui demande sa méthode de préparation pour un doublage tel que celui-ci, Gilles Morvan, alias Sherlock en VF, explique qu’il visionne plusieurs fois les épisodes en version originale pour bien s’imprégner du ton et de l’ambiance de chaque scène. Il lui faudra 6 jours pour enregistrer les 3 épisodes de 90 minutes chacun.

Les fans de Sherlock le savent, le détective possède de longues tirades et un débit de parole assez impressionnant. Benedict Cumberbatch a déclaré devoir recommencé plusieurs fois ses prises à cause de cela et pour Gilles Morvan, même chose : « Je suis comme lui, je m’y reprends à plusieurs fois. J’y vais comme un boucher dans un premier temps. Je regarde la scène une fois, je me lance en me plantant absolument partout et puis après j’essaie de découper les idées, d’avoir bien les ruptures d’idées, d’avoir les bons sens, les bons appuis aux bons endroits. Dieu merci, j’y passe pas trop de temps, je n’ai pas trop de problème d’articulation. Donc ça passe un peu près bien dans l’ensemble. Je suis comme lui, on se plante et on recommence jusqu’à ce que se soit bien et à partir du moment où le directeur de plateau me dit c’est parfait, et bien on passe à la suite et tant qu’il me dit pas ‘c’est parfait’, on continue et on retravaille » sourit-il.

À l’annonce de doubler Watson dans une version moderne des aventures de Sherlock Holmes, Yann Peira se sentait réticent à l’idée de la modernisation de l’œuvre de Sir Conan Doyle mais il lui a suffi d’un seul voisinage pour être conquis : « J’adore, Conan Doyle, c’est très très moderne finalement. Les intrigues sont les mêmes mais retranscrites et ça marche ! Et je trouve que la lumière est magnifique, c’est très bien monté. Les acteurs sont extraordinaires, c’est très moderne, ça va vite. J’aime beaucoup tout ce qui est anglais, il y a toujours quelque chose de très juste, de très pertinent, de drôle, de deuxième degré que j’aime beaucoup et là c’est très bien trouvé. Je me méfiais un peu au début, je me suis dis ‘Un Sherlock moderne, ça peut très vite tomber dans quelque chose qui n’est pas forcement intéressant…’ Et là, on est vraiment dans une humeur de deux personnages et ça marche très bien. Parce que c’est moderne mais comme c’est anglais, il y a quand même un petit côté classique dans leurs jeux qui marche très bien. Je trouve ça très réussi. »

Une saison 2  « Magistrale ! », « Encore mieux, encore plus fort! »

À l’évocation de la saison 2, les acteurs sont unanimes. « On se demande à la fin d’une saison : ‘Qu’est ce qu’il va encore pouvoir se passer, qu’est ce qu’il va encore pouvoir faire ?’ Mais là je trouve que c’est encore mieux, ils ont fait encore plus fort. On retrouve tout ce que j’ai aimé dans la première saison. Je trouve que le Docteur Watson est encore plus présent. On livre un peu plus de sentiment dans cette saison là et Watson a pris une dimension un peu plus supplémentaire. Je trouve cette saison encore plus réussie. C’est incroyable. Quand j’ai vu la fin de cette saison là, c’était bouleversant, ils m’ont eu comme on dit ! » déclare Yann Peira.

« On est toujours plus heureux de doubler un produit qu’on apprécie. Et en l’occurrence si je n’avais pas été pris sur Sherlock, si on ne m’avait jamais contacté pour le faire, je pense que j’aurais adoré. J’ai trouvé la première saison magnifique et la deuxième saison là je trouve qu’on est dans le domaine du magistral. Il y a une énorme marche qui a été franchie. », rajoute Gilles Morvan.

Le final de la saison 2 et théorie sur la saison 3

On l’aura compris, Gilles Morvan et Yann Peira ne sont pas seulement doubleurs, ils sont aussi fans de la série. Est-ce que la fin de la saison 2 les a retournés comme le Cerveau l’a été ? Apparemment, oui !
Pour Gilles Morvan « Le point d’orgue de la saison 2 qui se déroule approximativement à 3/4 minutes de la fin du dernier épisode, j’ai revu la scène une petite douzaine de fois, je pense. Pour bien comprendre ce qu’on allait nous expliquer dans le début du premier épisode de la saison 3. Je pense avoir trouvé ! »

Quant à Yann Peira… « Mais c’est impossible ! C’est pas possible quand on voit la fin de la saison 2. C’est pas possible qu’il y ait une saison 3. Je trouve ça même dommage qu’on sache qu’il y ait une saison 3. Comment ils vont faire ? Moi je me demande ! Je me suis posé la question, j’ai bien regardé. Je pense qu’il faut avoir le DVD ou alors il faut l’enregistrer et faut regarder tous les détails et quand on regarde tous les détails, on peut s’imaginer que peut-être il y a quelque chose. Puis à la fin on s’aperçoit effectivement qu’il va y avoir une troisième saison mais c’est dingue ! Je me suis imaginé dans le bureau de travail au niveau des scénaristes et je me suis dis ‘mais comment ils vont faire ?!’ et c’est bien trouvé. Des fois, il y a  des séries qui laissent totalement ouverte l’intrigue parce qu’on ne sait jamais si ça va être renouvelé ou pas… Là, ils ont fait très fort ! » ( pour les théories du Cerveau c’est ici.)

En attendant la diffusion de la saison 2, France 4 rediffuse la saison 1 à partir du 18 février prochain.

Promo Française Made in France 4

crédit photo : ©BBC 2011

Mots-clefs,

Partager