Game of Thrones saison 8 : De Sang et de Cendres (critique épisode 5)

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Alors que la saison 8 de Game of Thrones, sa finale, est sur le point de se conclure dans moins de 7 jours, retour sur un épisode 5 qui aura déchaîné les foules et sûrement déçu beaucoup, intitulé The Bells ( Les Cloches) SPOILERS.

Elle a été l’une des séries les plus marquantes de cette décennie télévisuelle. Une série qui aura déchaîné des émules avec des chocs, des surprises et fasciné ses spectateurs sur les écrans de HBO. Game of Thrones est sur le point de nous quitter la semaine prochaine, après un pénultième épisode, fidèle à la tradition GoT, tout feu, tout flammes, histoire d’en mettre plein la vue avant le final. Plein la vue au détriment de la logique, de la profondeur narrative et substantielle, sombrant dans les méandres et les méfaits du blockbuster.

Un épisode à l’image des spoilers concernant les 3 derniers épisodes de Game of Thrones, qui avaient été publiés sur la toile il y a deux semaines. Alors que les scénaristes ainsi que l’équipe de la série annonçaient que cet épisode, ainsi que l’épilogue de la série allaient déchaîner les foules et diviser les spectateurs, voire les choquer (comme ils aiment le faire) avant la fin. Il est certain avec The Bells, l’épisode 5 de Game of Thrones, que la série n’est plus ce qu’elle était. Retour sur un épisode de sang et de cendres, servi par une folle furieuse.

Mad Queen Dany

Un épisode qui comme annoncé, introduit la Mad Queen. Celle que tout le monde a vu venir depuis la saison 6 et son super discours très colérique et assoiffée de pouvoir face aux Dothrakis. Daenerys n’est plus la reine des cœurs, mais bien la reine des cendres, de la folie, de l’hystérie au sens propre (car c’est bien connu une femme avec autant de pouvoir fini toujours dans l’hystérie ou la méchanceté dénuée de raison).

Elle était pourtant celle qui avait fasciné et rallié les spectateurs par son caractère et ses valeurs. Désormais trahie, convaincue que son pouvoir ne sera acquis que par la force et le sang, mais surtout en danger face à son neveu/amant/véritable héritier du trône/homme avec un pénis comme le dit si bien Varys. Le feu et le sang, sont ses choix pour reconquérir Port-réal, comme le veut la devise de ses ancêtres, qui vont la mener à tout annihiler sur son passage.

Bipolaire

Dépressive, voire complètement bipolaire d’un épisode à l’autre – juste à cause de la mort de sa copine (sa bestie Missandeï) rappelons-le –  Daenerys est devenue ce que tout le monde redoutait. Une reine aux antipodes de la construction du personnage, aux valeurs bienveillantes et destinée libératrice. Elle qui laissait le choix aux autres de la suivre sans jamais vraiment sombrer dans la folie destructrice.

Elle aura vaincu des épreuves pour mieux sombrer dans une folie qui reste discutable, face à une autre femme incapable de faire les bons choix elle aussi pour sauver sa vie, ou sa destinée. Il suffira d’une scène pour la faire basculer du côté obscur, alors que Game of Thrones a toujours ( jusqu’en saison 6 tout du moins) nuancé ses personnages contrasté, et justifié leurs décisions raisonnées. Ici, le personnage agit aux antipodes de sa construction, pour le bien du divertissement tape à l’oeil et gargantuesque. La seule explication : l’héritage génétique des maladies mentales Targaryan. (ce serait bien de donner un cours aux scénaristes sur les maladies mentales, comment elles se déclarent et évoluent chez l’homme. Elle n’arrivent pas comme ça, juste parce que ton mec ne veut plus te toucher, et que ta BFF est décédée. Le Cerveau dit ça juste comme ca…)

Si l’épisode en soit n’est pas exempts de moments de surprises de par son esthétique, il est par son écriture à l’image de la saison : au service de la facilité et du fan-service, au détriment de la cohérence de l’intrigue initiale, des 4 premières saisons de la série, ainsi que des grands pans de Game of Thrones.

F*** la logique

Cet épisode, à la première demi-heure inutile et expéditive (avec un vrai faux rebondissement concernant Varys), prouve que les créateurs de la série ne s’embarrassent plus de la logique de la présence de certaines choses dans l’intrigue globale de Game of Thrones, les bazardant, ignorant ou juste omettant. Avec une intrigue forte, d’une complexité et étendue folle, entre réflexion humaine et politique, Game of Thrones ne propose plus de qualité narrative depuis la saison 6, avec pour climax vers le fond, cet épisode plus divertissement qu’intéressant ou époustouflant.

Les parcours des personnages que nous avons appris à chérir, de Jon Snow à Varys en passant par Daenerys ou même Cerseï, sont à l’image du déclin substantiel et qualitatif de Game of Thrones. Tous subissent un destin attendu et balisé (devinable sans spoilers), à l’image de Daenerys, enfin devenue Mad Queen et digne héritière Targaryen, aussi détestable que son frère et son père, comme tout le monde l’avait deviné depuis plusieurs épisodes.

Plus d’empathie ou de compassion pour les faibles, les enfants ou les opprimés… Bonjour le dragon, le vrai dragon (et on ne parle pas de Drogon). Jon est inutile comme il l’a été dans la bataille de Winterfell, spectateur de la tuerie, assistant à ce qui se passe et au chaos sans chercher réellement à agir. Certains diront que c’est logique vu l’attaque massive et l’hécatombe. Pour un guerrier chevronné, le Cerveau trouve l’excuse un peu facile… Un peu comme Bran depuis deux saisons, Jon depuis le début de la saison 8 de Game of Thrones est devenu un personnage qui ne prend plus aucune décision importante ou d’honneur, encore moins en plein carnage.

M’as-tu vu

Un carnage un vrai, servi une fois de plus par le maître des batailles de Westeros dans Game of Thrones : Miguel Sapochnik. Une bataille qui n’en n’est pas vraiment une, puisque cet épisode ne comptera que très peu de corps à corps pour les armées des Lannister face à celle de Jon et Daenerys. Plus de l’ordre de la tuerie (ou barbecue, au choix) The Bells est un épisode apocalyptique, à travers les foudres et courroux d’une puissance tombée du ciel.

Une réalisation hors normes pour cet épisode 5 de Game of Thrones saison 8, qui prouve bien que la majorité du budget de cette saison, estimé à près de 15 millions de dollars par épisode, soit plus de 90 millions pour 6 épisodes, a été mis dans cette énorme séquence apocalyptique de près d’une heure.  Pourtant cet épisode aurait pu nous étonner au-delà de sa réalisation folle, voulu dans des couleurs et une qualité visuelle digne d’une grande série comme Game of Thrones (même si, une fois de plus certains fonds verts sont désastreusement gérés).

Certains plans sont d’une imagination et beauté débordante, pour de véritables tableaux ou illustrations de fantasy éclatants et sublimes. D’autres faciles ou fan-service, puisqu’il est légion cette année de faire plaisir aux spectateurs (Le Cheval blanc: Arya/Jeanne d’Arc même combat !).

Même si le Cerveau pourrait reprocher la logique d’un soleil en plein hiver westerosi (il ne neigeait pas dans le final de la saison dernière ? bizarre. Port-Réal est un peu comme l’ïle de Ré, la ville possède son propre microclimat), cet épisode est bien plus visuel et sanglant que la bataille des morts qui avait pourtant été le coup de pub marketing de la prod. Une pub avec ses 55 nuits de tournage pour une bataille, ou même après avoir réglé son téléviseur et un second visionnage, on ne voit pas grand-chose… Un bel enfumage pour éviter aux spectateurs d’anticiper le climax de saison, imaginant que l’enjeux principal de la dernière saison de Game of Thrones serait le Roi de la Nuit.

RIP Darth Cerseï

Bien évidemment, Cerseï ne survivra pas à la destruction de Port Réal, malgré les manigances de ses frères pour l’aider à quitter la Capitale. La Reine Noire décédera dans les bras de son amant et frère, comme l’a rêvé Jaime (il a toujours dit qu’il aimerait mourir dans les bras de celle qu’il aime).  Une mort un peu triste pour la Reine la plus fascinante de l’histoire de la télévision. Triste surtout pour un personnage en pleine rédemption et quête identitaire, plus noble qu’à sa découverte, que beaucoup de spectateurs admiraient. Il aura fallu un épisode pour casser une construction narrative fascinante et le ramener dans les bras de celle qu’il a pourtant réussi à fuir à des fins honorables… Pour la substance et la cohérence, on repassera…

Une mort pour Cerseï presque ridicule au vu de ses dernières scènes et dernières paroles cette saison, alors qu’elle nous avait habitué à une force et à des punchlines plus intelligentes. A l’image de ses autres séquences éparses de cette ultime saison de Game of Thrones, servie par très peu de dialogue, Cerseï trépassera comme attendu, dans une forme de Happy End doux et amer, comme le voulait les créateurs de la série, calquant leur épilogue sur les mots de George R.R. Martin (et sa vision pour la fin de sa saga qui pourrait bien ne pas ressembler à celle-ci).

 

Les autres décès offerts dans cet épisode sont à l’image de celui de Cerseï : aucun ne fait honneur aux personnages mythiques, comme Varys, brûlé par Drogon alors que la Reine a découvert sa trahison juste avant la bataille. Il sera mort comme annoncé par Mélisandre, mais sans émotions ou âme, aussi froidement qu’un certain Petyr Baelish la saison dernière. On prédit que Tyrion ne fera pas long feu (#jeudemot), d’ailleurs…. Tant qu’à expédier les personnages mythiques qui méritent une vraie mort digne de ce nom…

Fan service

Qyburn, la Main et conseiller de la Reine Lannister périra bêtement, écrasé par sa propre création (dans un coup de bras très lol d’ailleurs). Quant à la Montagne, ce dernier mourra avec son frère, sous les pierres et le feu alors que les deux s’affrontaient, comme le voulait les spectateurs (fan-service quand tu nous tiens). Euron aussi  nous quittera, dans un combat risible contre Jaime. Aussi risible que la caricature que peut être le personnage de Euron d’ailleurs.

La leçon à tirer de cet épisode, annoncé comme un épisode fou par certains membres de la série, est bien que Game of Thrones n’est plus ce qu’elle était et devenue une série pop-corn de blockbuster, valorisant les efforts visuels loin de la logique narrative ou d’une intrigue aussi substantielle que celle des belles saisons de la série. Elle aura offert cette saison des batailles et des séquences épiques mais sans saveur, au détriment des réels enjeux de la série, dont le titre suggère un jeu de manigances et de pouvoir.

Divertissement grand public

Les créateurs de Game of Thrones on fait de leur série un divertissement grand public, laissant derrière elle la complexité des saisons qui ont fait sa renommée, ainsi que des réponses aux grandes questions de la série, qu’elles soient d’ordre narratives, contextuelles, ou psychologiques.

Cela étant, le Cerveau – avec son éternel optimisme même au-delà de la raison – espère un dernier épisode digne de la grande tragédie politique de fantasy imaginée par George R.R. Martin. Qui sait peut-être que la série nous réserve une dernière et réelle surprise, loin d’une résolution simple où l’un des survivant hérite d’un trône aussi maudit que le trône de Fer. Pour le savoir rendez vous le 19 Mai, en simultané avec les USA sur OCS en France.

NB : Le Cerveau est toujours effaré par l’introduction de la compagnie Dorée et son capitaine à la chevelure tout aussi dorée (c’est Delahousse qui serait jaloux). Pourquoi nous en faire tout un cinéma, si c’est pour la décimer dans une fulgurance aussi folle ? Again…. allons chercher la logique…. Elle doit être restée dans la grotte avec Hodor, sûrement ! 

Crédit photos ©HBO

 

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