Critique de Chien, un film de Samuel Benchetrit qui déroute et dérange, avec Vanessa Paradis et Vincent Macaigne.

Chien, c’est l’adaptation du livre de Samuel Benchetrit paru en 2015 chez Grasset, une histoire que l’auteur met lui-même en scène. Une histoire absurde qui redéfinit clairement l’expression “une vie de chien”. Le film suit Jacques Blanchot (Vincent Macaigne) un individu qui va tout perdre : sa femme Hélène (Vanessa Paradis), son travail et son logement. En effet, quand sa femme lui dit qu’elle a développé une allergie à sa personne, Jacques n’a pas d’autre choix que de quitter sa maison et son fils. Un fils qui n’a pas beaucoup de respect pour lui.

Au fur et à mesure du film, Jacques devient peu à peu étranger au monde qui l’entoure, jusqu’à ce que le patron d’une animalerie le recueille. Mais cet homme va très mal le traiter à un point où ça en devient triste mais aussi dérangeant. Le public se pose alors des questions sur la condition humaine et la façon dont on se traite les uns les autres. Samuel Benchetrit offre un film avec une certaine remise en question, son intention est intéressante mais le film est parfois ralenti par certaines longueurs et pourtant, il ne dure que 1h34.

Gentil toutou, loin de Didier

Ne vous attendez pas à voir un film dans la veine de Didier, Chien n’a rien à voir avec la comédie classique d’Alain Chabat. Chien est un film qui est en réalité très noir voire cynique. Un film qui dépeint un monde rempli de méchanceté, avec un protagoniste qui n’est qu’amour, un pacifiste qui se laisse marcher sur les pattes, toujours avec le sourire. Un personnage qui prend des coups, qui les encaisse sans broncher. Un personnage qu’on a envie de secouer durant la majorité du film. Il est d’une passivité folle, ce qui rend fou. Jacques est un gentil toutou et le film est aussi semé d’indices sur la réalité des choses. Une réalité violente.

Chien laisse clairement un sentiment étrange pendant et après le visionnage. Il laisse un goût étrange dans la bouche, un sentiment amer. On ne sait pas trop si on a aimé ou pas. Le Cerveau s’est retrouvé face un film absurde mais aussi teinté de cruauté. On passe d’un sentiment comique avec des rires, à des moments dérangeants, qui vous font tourner de l’oeil. En somme, Chien est un film sur la dépression qui peut lui-même paraître déprimant par moment. C’est aussi un film sur la condition humaine, sur les laissés pour compte et les naïfs qui ont une foi aveugle en l’humanité. Un film qui a un regard sur la société qui exploite les gens et les traite comme des chiens. Mais au fond, ça veut dire quoi être traité comme un chien ? Le chien lui-même ne mérite-t-il pas d’être traité décemment ? On se le demande. La cruauté est aussi envers les animaux et elle est tout aussi dérangeante.

Réalisation dépouillée mais film incarné par Macaigne

La réalisation de Samuel Benchetrit est assez sobre. Rien d’extravagant, plutôt une mise en scène assez dépouillée avec très peu de musique. Les choix du réalisateur sont tout de même faits dans le but de mettre mal à l’aise. Des longs silences, des regards mélancoliques et tristes lancés par le protagoniste ponctuent le film. En fin de compte, tout réside entre les mains de Vincent Macaigne qui incarne le personnage principal avec justesse sans jamais entrer dans le grotesque ce qui est un risque pour ce type de film.

Vincent Macaigne est clairement la star du film. L’acteur est actuellement l’étoile montante du cinéma Français. On l’a vu l’an dernier dans Le Sens de la Fête de Nakache et Toledano, film pour lequel il a été nommé aux César. Dans Chien, Macaigne est très bon, l’acteur arrive à nuancer son jeu, il n’en fait jamais trop et le spectateur à de l’empathie pour lui même si par moment il est pathétique dans le sens très triste du terme. Il se laisse humilier et manipuler ce qui met le spectateur dans une certaine rage. C’est probablement l’effet recherché et ça fonctionne. Il est aussi face à des acteurs qui lui rendent la réplique avec talent, notamment Bouli Lanners intimidant dans le rôle du propriétaire de l’animalerie. Quant à Vanessa Paradis, son rôle est assez réduit. Elle est très peu présente mais elle reste un point important de l’histoire.

Chien – Bande-annonce

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Crédit ©Paradis Films