Aujourd’hui, Netflix propose à ses abonnés sa nouvelle production originale en co-production avec Paramount, avec un casting de choix et Natalie Portman en tête d’affiche. Quid du dernier blockbuster SF de la plateforme de streaming ? La critique du Cerveau.

Lena, biologiste et ex-soldat, participe à une mission destinée à comprendre ce qui est arrivé à son mari dans une zone où un mystérieux et sinistre phénomène se propage le long des côtes américaines. Une fois sur place, l’expédition découvre que paysages et créatures ont subi des mutations, et malgré la beauté des lieux, le danger règne, menaçant la vie, mais aussi l’intégrité mentale des membres de l’expédition.

Pas à la hauteur de ses ambitions

Depuis Okja, Netflix a le vent en poupe concernant ses productions cinématographiques. Le géant du streaming propose ainsi Annihilation, en direct-to-streaming, alors que ce dernier est sorti aux USA en salles. Réalisé par Alex Garland, celui derrière Ex-Machina et 28 Jours Plus tard et toujours dans la Science-fiction : Annihilation est une adaptation de la trilogie best-seller plébiscitée Rempart Sud de Jeff VanderMeer.

Comme il l’a montré avec Bright et son budget faramineux, ou The Cloverfield Paradox, le film, proposé directement sur Netflix en France, se veut comme un blockbuster fantastique à voir sur sa télévision. Malheureusement, moins convainquant et réussi qu’imaginé, Annihilation n’arrive pas à hauteur de ses ambitions.

Survie et dépression

Une histoire d’écologie, de survie et de préservation portée par cinq femmes, qui pourrait faire plaisir aux amateurs de films féministes sur fond de Girl Power. Aux premiers abords et minutes, Annihilation semble être, peut-être, le premier film de science-fiction abouti et réussi par Netflix. Malheureusement, au fil du film, il en est tout autre.

Parfois osé, souvent linéaire et bancal, concentré sur le thème de la dépression, l’anéantissement psychologique et intérieur plutôt que naturel, Annihilation est un film sans saveur qui se laisse regarder sans vraiment engager son spectateur dans l’intrigue. Même les plus férus du genre. Le film souffre de longueurs et tombe souvent dans le déjà-vu, voire le grotesque, dans sa dernière demi-heure, plongeant son spectateur aussi dans la dépression.

Sans surprises, et même sans avoir lu le roman original, le spectateur comprendra tout de suite les enjeux et la résolution du film : qui – le Cerveau vous le donne en mille – est question d’infiltration et d’annihilation de la vie telle que nous la connaissons sur Terre par une forme de vie alien, métaphore de l’humain destructeur.

Un matériel original pourtant prometteur

Un peu comme dans Ex-Machina, le film, pourtant très ambitieux et aux bonnes idées, avec un matériel original intéressant offert par la saga dont il est adapté, Annihilation souffre d’une écriture en surface spoliée par une réalisation qui se veut très artistique.  Déjà très lisse et sans nuances, l’intrigue devient encore plus indigeste par les longueurs et autres flashbacks concernant la culpabilité de l’héroïne vis-à-vis de son époux, ainsi que sa dépression suite à sa disparition.

Voulu comme un voyage initiatique et un film sur le combat contre un mal psychologique qui vous transforme, Annihilation perd en subtilité à force que l’héroïne et ses consœurs avancent dans l’inconnu et le bizarre. Parfois paresseux, souvent incompréhensible, le long métrage de Garland se concentre plus sur la forme que le fond pour offrir un classique du genre, entre le slasher et le film fantastique.

A côté de tout

Un film qui passe complètement à côté de ses thèmes en ne faisant que les effleurer, notamment le discours féministe, puisque les personnages secondaires ne sont là que pour nourrir celui de Natalie Portman. La jeune femme gay, incarnée par Gina Rodriguez est un cliché du début jusqu’à la fin, et les autres quasi absents, sans profondeur, si ce n’est de nourrir les échanges de Lena, et son voyage initiatique.

Natalie Portman n’est pas convaincante, puisque son jeu est sans saveur à l’image de l’intrigue. Comme si elle voyageait à travers les limbes, l’héroïne oscille entre fatalisme et action, jusqu’à la résolution finale de l’intrigue.

Confus

Une intrigue qui cherche à dérouter et mener à confusion un spectateur qui finit le film anesthésié et déçu par ce qu’il a vu, qui était excessivement prometteur, surtout avec des effets spéciaux, une réalisation de cachet et une photographie assez impressionnante, grâce à son budget de 40 millions de dollars.

Cela dit, Annihilation  propose quand même une histoire fantastique portée par la survie et de science qui pourrait divertir certains, navigant sur la plate-forme à la recherche d’un film, sans conviction. Bien meilleur que Bright et The Cloverfield Paradox en termes de narration, Annihilation n’est pas encore le film qui, à l’image de Okja, permettra à Netflix de briller en production cinématographique comme il l’a si bien fait avec ses productions originales sérielles.

Annihilation : Bande Annonce

Crédit photos : Paramount / Netflix