Réalisation : Zhang Yimou
Casting : Matt Damon, Willem Dafoe, Pedro Pascal
Genres : Action, Fantastique, Aventure
Durée : 1H44 mn
Titre original : THE GREAT WALL (Chine)
Année de production : 2016
Distributeur : Universal
Sortie en salles le 11 Janvier 2017
La Grande Muraille sort aujourd’hui en salles. Un spectacle digne des plus gros blockbusters, un tantinet stéréotypé mais surtout, très stupide et borderline cliché. La critique de ce qui pourrait bien être le meilleur nanar de 2017.
A l’annonce de la production du film La Grande Muraille, les polémiques allaient déjà bon train, notamment concernant son casting aux allures de White-washing. La production a depuis misérablement tenté de se défendre en déclarant que Matt Damon était avant tout un (faible) choix scénaristique, et marketing, La Grande Muraille n’est pas le film attendu depuis son annonce, et décevant, notamment pour une production sino-américaine de 150 millions de dollars.
Asian Legend
La Grande Muraille avait pourtant tout, et surtout, les moyens, de faire un bon blockbuster, avec une pointe de renouveau grâce à sa légende asiatique, un visuel unique, et ses équipes chinoises, qui auraient pu donner un peu de rondeur et profondeur à des personnages, ou dans la peinture d’une culture diverse et variée. Malheureusement, le film ne pouvait pas être plus caricatural que ce qu’on nous propose aujourd’hui.
La Grande Muraille c‘est l’histoire de William Garin (Matt Damon), un mercenaire emprisonné dans les geôles de la Grande Muraille de Chine, après une traversée du désert de Gobi, dans le but de trouver de la légendaire « poudre noire ». Ce dernier découvre la fonction secrète de la plus colossale des merveilles du monde. L’édifice tremble sous les attaques incessantes de créatures monstrueuses, dont l’acharnement n’a d’égal que leur soif d’anéantir l’espèce humaine dans sa totalité, et leur origine plus que mystique. Il rejoint alors ses geôliers, une faction d’élite de l’armée chinoise, dans un ultime affrontement pour la survie de l’humanité. C’est en combattant cette force incommensurable qu’il trouvera sa véritable vocation : l’héroïsme, et la confiance.
Gentil Américain pour sauver la Chine
La polémique était à raison. Bien évidemment La Grande Muraille n’échappe pas au cliché du gentil européen aux forces et l’agilité incroyable, et surtout, avec un élément capital en sa possession, qui vient en aide et sauve le peuple chinois d’une fin certaine. Si la polémique n’avait pas pris autant d’ampleur, et la production s’être défendu en clamant que le film en était bien loin et bien plus que cela, peut-être que le Cerveau n’aurait pas relevé ni même adhéré à cette polémique.
Car oui, au-delà de répliques et autres situations plus que caricaturales, propres à ce type de film fantastique, avec un Matt Damon, dans la peau d’un mauvais Robin des bois ex-mercenaire, La Grande Muraille est bien loin de célébrer la grandeur asiatique, ou même celle de la Muraille. Le personnage de Pedro Pascal n’aide pas non plus la polémique, puisque son accent, et ses répliques, voulues drôles ou assassines, font de lui un personnage digne des années 80, cliché du bon acolyte exotique de l’Américain (pour ne pas dire mexicain avec son gringo). Matt Damon, d’ailleurs, ne s’embarrasse pas de l’anachronisme de son accent bien « ricain » en pleine époque médiévale. Il ne s’embarrasse de pas grand chose, et n’a jamais été aussi peu convaincant dans un rôle, notamment celui d’un soldat qui ne cherche que le profit, grâce à – et en compagnie de – son compagnon intrépide.
Palais doré, soie, chignons, geisha….
Un film qui réunit tous les clichés les plus improbables sur la Chine de son légendaire ordre et structure militaire, ou les fantasmes de la beauté ordonnée de la culture chinoise, entre vêtements de soies, fils d’or et armures colorées… jusqu’au palais impérial à la décoration kitch qui pique les yeux jusqu’à les saigner, aux couleurs criardes. Un long métrage qui devient très vite au fil des minutes, une parodie des légendes venues d’orient.
L’agilité des très jolies et sexy femmes soldats et autres tambours battants à coup de nunchaku et non baguettes… (oui messieurs dames, une film chinois sans nunchaku ne serait pas chinois pour certains), agrémentent ce sentiment de caricature qui dès les premières séquences de La Grande Muraille, s’installe, pour ne raconter rien d’autre qu’une histoire autour d’un faux anti-héros qui achète sa rédemption en aidant un peuple qu’il voulait piller à l’origine.
Scénario bâclé et caricatural
Peut-être que si le scénario était moins facile, plus nuancé, et surtout loin des stéréotypes, tant ceux des monstres que l’origine et la raison pseudo-mystique de l’existence de la grande muraille – l’une des plus intrigantes et fascinantes merveilles du monde et construction humaine- que le film aurait pu fonctionner. Il aurait pu être un énième blockbuster, certes, mais divertissant, comme une invitation au voyage à la découverte de la Chine, la vraie, et non celle issue de l’imaginaire d’occidentaux qui n’y ont que trop peu posé les pieds, si ce n’est pas du tout.
Mais non, la caricature des soldats chinois et leur abnégation à une cause noble, remplie de sagesse, à l’image des fantasmes des certains spectateurs américains, sagesse dont va se nourrir le héros, sans parler de l’absence de fond et d’une forme plus que risible, font du film de Yimou rien de plus qu’un énième nanar inspiré par les arts martiaux et la culture asiatique.
Pourtant le film de Zhang Yimou avait l’ambition de rivaliser avec les plus grands blockbusters de légendes fantastiques, entre sa réalisation survoltée, sa caméra mobile, ses plans séquences multiples, et ses effets spéciaux maîtrisés. Le problème ? Un scénario aussi mince qu’une serviette de bar, et des batailles qui sont mises en scène et réalisées à la manière d’une cinématique de jeu vidéo. Pendant près de deux heures le spectateur s’ennuie, et attend quelque chose d’un peu plus substantiel qu’une production digne d’un nanar d’il y a 30 ans, et c’est bien dommage.
La Grande Muraille : Bande Annonce
Crédit photo : ©Universal
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