Retour sur la saison 2 de UnREAL qui avait bien commencée avant de se perdre en route puis décevoir. Spoilers.
La première saison de UnREAL fut excellente. Elle plongeait dans le monde impitoyable de la télé-réalité avec un œil nouveau, dénonçait l’envers du décors avec acidité et humour noir le tout mené par deux personnages féminins fascinants. La saison 2, avec son célibataire noir, avait plutôt bien commencé. UnREAL faisait le pari de dénoncer encore plus de clichés et de problèmes non seulement dans le monde fermé de la télé-réalité, mais aussi de véritables problèmes de société. Le problème, c’est que UnREAL a voulu trop en faire et dépasser la saison 1. En tentant de se surpasser, la série s’est fourvoyée et s’est égarée sur le bord de la route, un peu comme Coleman et Yael alias Hot Rachel.
Un conte de fée pour Daryl et sa belle
Dans ce final de saison 2, c’est aussi la finale de Everlasting. C’est le moment pour Daryl de choisir sa promise. Et les choix ne sont pas terribles puisqu’il est coincé entre Tiffany et Chantal. La production veut qu’il choisisse Tiffany durant l’émission en direct. Les deux femmes ont été manipulées pour qu’elles pensent que Daryl va les demander en mariage et les épouser le soir même en live à la télé. Bien évidemment, rien ne se passe comme prévu. Il ne choisit aucune d’entre elles (ce qui était prévisible) et Ruby fait son apparition. Cette dernière était la seule de toutes les prétendantes qu’on a vraiment appris à connaître. Daryl finit par partir avec elle.
On est content que Daryl et Ruby finissent par avoir leur happy-ending, cependant, on regrette un peu le traitement de Ruby que la série a transformé d’une femme noire forte et activiste, en fille qui se languit d’amour pour un homme qui l’a tout de même humiliée devant des millions de téléspectateurs. Elle n’accepte pas sa demande en mariage mais elle souhaite tout de même faire un bout de chemin avec lui et voir où cela va les mener.
En coulisses, Coleman et Yael menacent de tout raconter à la presse à commencer par les circonstances suspectes de la mort de Mary l’année dernière mais aussi toutes les magouilles et les choses illégales perpétrées par la production.
Un problème de focus
La showrunner s’est vanté de vouloir mettre des problèmes de société en lumière, notamment avec l’épisode “Black Lives Matter” ou Romeo s’est fait tirer dessus par un policier. Si l’intention est noble et veut soulever des problèmes importants, l’exécution est ratée. Parce qu’en fin de compte, cette histoire est ramenée à Rachel et ses soucis mentaux, et non au problème de la brutalité policière. L’incident est vite effacé et passé sous silence. UnREAL s’est servie de Black Lives Matter à mauvais escient en détournant la situation. Certes Romeo n’est pas mort, mais après qu’il s’est fait tirer dessus, il n’a pas été vu que dans ce final. Il n’y a eu aucune considération pour le personnage, ce qui est une déception. Si la showrunner Sarah Gertrude Shapiro veut s’engager dans des histoires de problèmes raciaux, elle doit aussi savoir tenir la route dans sa narration et respecter ce mouvement.
Alors que la série possède des personnages fabuleux comme Quinn et Rachel qui sont à la fois sans pitié, mais ont un semblant d’humanité au fond d’elles, UnREAL est malheureusement plein de personnages qui finissent par manquer de profondeur. Contrairement à la saison 1, les prétendantes étaient moins bien travaillées à l’exception de Ruby parce que dès le départ, on a senti que c’était pour que le public “tombe amoureux” d’elle comme Daryl. C’est la seule qu’on a vraiment appris à connaître. Les autres étaient des caricatures unidimensionnelles.
Pas de rédemption pour Quinn et Rachel
La série a toujours ses moments forts et irrévérencieux croustillants, mais son manque de consistance et son écriture hérétique font qu’on est légèrement déçu par cette seconde saison. La série est aussi tombée dans les travers de son diffuseur Lifetime, à savoir une série légèrement soap sur les bords et un peu trop mélodramatique.
Cela n’empêche pas UnREAL d’être une série qui se laisse regarder et qui reste très divertissante. Quoi qu’il arrive, Quinn et Rachel restent le cœur de la série. En revanche, alors qu’on les adoraient en saison 1 malgré leur côté tranché, il est plus compliqué de les aimer en saison 2. Il n’y a plus aucun moyen de rédemption pour elles. Elles ont dépassé les limites de la légalité et ont emporté dans leur spirale d’autres personnes. Pour le moment, elles reste impunies. On attend de voir comment la saison 3 gérera la situation, notamment ce que Jeremy a fait pour sauver l’émission et pour l’amour de Rachel. Quinn et Rachel sont deux anti-héroïnes fortes mais il ne faut pas qu’elles deviennent trop antipathiques. Cela n’enlève rien du talent de Constance Zimmer et Shiri Appleby qui restent excellentes dans leurs rôles respectifs.
Peut-être que le départ de Marti Noxon à la tête de la série y est pour quelque chose. Durant la première saison, elle a aidé la co-créatrice Sarah Gertrude Shapiro à construire la série et à la mettre en forme avec une écriture aiguisée. Le départ de Noxon a créé un déséquilibre puisque Shapiro a pris le contrôle total des choses. Si Shapiro est experte en Bachelor parce qu’elle a travaillé sur cette émission pendant des années, elle manque d’expérience dans la fiction et a rendu une copie brouillonne en voulant en faire trop. Shapiro et Noxon avaient un bon équilibre qui s’est perdu en saison 2. On espère que la saison 3 sera plus recentrée parce que dans son ensemble, UnREAL est une bonne série.
Crédits images ©Lifetime
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