Réalisation : Nate Parker
Casting : Nate Parker, Armie Hammer… Avec la voix française d’Abd Al Malik
Genre : Drame
Durée : 2h00
Année de production : 2016
Titre original : Birth of a Nation
Distributeur : Fox Searchlight
Sortie en salles le 11 Janvier 2017
Ce mercredi sort dans les salles un film choc et poignant : Birth of a Nation. Une tranche de vie historique inspirée de faits réels et de l’esclavage des noirs aux Etats-Unis. La critique, touchée, du Cerveau
Birth of a Nation est un film écrit, réalisé et joué par Nate Parker. Un film qui a mis sept ans à voir le jour avant d’arriver dans nos salles ce mercredi. Un long-métrage poignant sur l’esclavage, criant de véracité et de douleur, pour une vision réaliste et puissante de la réalité de la traite des noirs.
La vie de Nat Turner
Primé par le jury et le public, Birth of a Nation est un bijou qui a été acclamé lors de sa présentation au Festival de Sundance l’année dernière. Un film poignant qui raconte l’histoire de Nathaniel Turner, dans un temps précédant la Guerre de Sécession Américaine. Nat Turner est un prédicateur et un esclave cultivé. Son propriétaire, Samuel Turner, cultivateur de coton, est assez juste envers ses esclaves. Mais financièrement sous pression, Samuel accepte une offre visant à utiliser les dons de prédication de Nat dans le but d’assujettir des esclaves indisciplinés.
Des prêches qui vont lever le voile sur sa condition et celle de ses congénères, d’une violence inégalée. Après avoir été témoin des atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, Nat conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté.
Comme un docu-fiction
The Birth of a Nation n’est pas seulement une fiction historique à proprement parler. Inspiré par des faits et une histoire réelle, ce long-métrage a été imaginé et conçu comme un testament d’un pan historique sur lequel on ne lève que trop rarement le voile, à moins de le fantasmer en l’enjolivant au cinéma. Entre violence crue et scènes de vie commune, le spectateur, quel que soit sa couleur de peau ou ses origines, rentre en immersion complète dans le quotidien de Nat, et vit sa souffrance au même titre que ce dernier.
Au fil du film, ce n’est pas un mal-être que le spectateur va expérimenter devant l’écran mais bien une expérience immersive dans la violence qu’a pu subir tout un peuple. Une espèce de remontée dans le temps, comme si l’on avait filmé des tranches de vie personnelles, dans une Histoire plus réaliste que sublimée en général au cinéma, pour tout un peuple déraciné, avilit, réduit au rang d’animaux par d’autres humains avides de gains pendant plusieurs siècles.
The Birth of a Nation n’est pas un film qui rentre dans les codes hollywoodiens d’une épopée historique, tout en jouant de ces mêmes codes. Ici, on ne cherche pas à enjoliver une histoire, ou fantasmer cette dernière, on cherche à raconter et recréer les conditions de vie des esclaves au 19ème siècle aux Etats-Unis, dans leurs moments de bonheur et de malheurs, leur vie quotidienne, résolus à cette condition, ou dans les moments importants, comme cette rébellion, 30 ans avant le début de la Guerre de Sécession et les événements qui mèneront à l’abolition de l’esclavage.
Sans concession
Un film fort, non pas par sa violence mais son émotion, qui prendra le spectateur aux tripes, sans concessions ni misérabilisme. Une émotion qui est exacerbée lors de scènes sans musiques et dénuées de tout enjolivement technique. Des scènes presque naturelles, comme dans un documentaire. Comme un témoignage.
The Birth of a Nation est une histoire d’esclavage, certes, mais aussi une histoire d’hommes et de femmes, plus vraie que celle de certains héros comme dans 12 years a slave ou Django Unchained. Ici ,on ne narre pas une fiction pour divertir, mais plutôt faire ressentir un drame historique qui n’est pas si loin de notre histoire. Et c’est ce qui fait toute la puissance du long-métrage de Nate Parker. Car oui, la France a elle aussi participé au Triangle du Commerce, et certains français d’outre-mer, sont des descendants directs d’esclaves.
L’intrigue du film, pourtant, est bien loin d’être réduite à une vision manichéenne de l’esclavage et la vie des noirs à cette époque. Elle montre les multiples facettes de la vie commune avec les blancs, les Maîtres, des plus typiques, des plus ou moins justes, aux plus pourris.
Fort en émotion
Parfois lyrique, parfois contemplatif, souvent cru, The Birth of a Nation est très dur, avec des scènes poignantes : on pense à l’alimentation de force d’un esclave en grève de la fin, ou une scène de fillette qui balade sa petite esclave en laisse. Des séquences qui ne peuvent laisser de marbre fortes en émotions, et de douleur.
Mais The Birth of a Nation est un film aux multiples thématiques au-delà de l’esclavage. Il revient sur le pouvoir des hommes à s’adapter et survivre même dans des environnements hostiles, ou le pouvoir de trouver du bonheur et vivre malgré un statut et une condition de soumission.
Un film qui met en avant le thème de la religion et son instrumentalisation. Un sujet d’actualité, qui résonne tout le long du visionnage. La religion, avec les prêches de Nat auprès des autres esclaves, cet outil de soumission pour garder leur « marchandise » obéissante et ordonnées. Une dérive de la religion, par des hommes qui se prétendent religieux, loin de respecter la vie ou l’humanité, sur la base d’une différence de couleur de peau, loin des préceptes de partage et respect de la Bible.
La religion de Nat sera aussi ce qui lui donnera de l’espoir et un vecteur de rébellion, face aux atrocités dont lui, sa famille et ses congénères sont victimes. Celle qui mènera à une révolte au destin fataliste, mais qui rappelle que les esclaves n’ont pas toujours accepté d’être opprimés. The Birth of a Nation, est un film à voir absolument, comme un travail de mémoire, et une œuvre d’art universelle.
The Birth of A Nation : Bande-annonce
Crédit photos : ©20th Century Fox 2016
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur