Allegiance : N’est pas Americans qui veut

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2.0

Critique pour la nouvelle série de NBC Allegiance mauvaise tentative d’imiter The Americans.

Jeudi soir, NBC lançait sa nouvelle série Allegiance. Si la série a déçu dans ses audiences, elle déçoit aussi par son pilote. La network américaine souhaite certainement surfer sur le succès de The Americans sur FX et le renouveau du sentiment anti-Russe et de la peur du Grand Rouge aux Etats-Unis et a donc choisi d’adapter la série israélienne The Gordin Cell. Cependant, dans cette série créée par George Nolfi cela ne fonctionne pas. Les personnages sont rarement attractifs, l’enjeu trop gros pour être plausible et la série n’ose pas assez l’ambivalence morale. Des défauts qui auraient pu passer si l’excellente The Americans n’existait pas. Malheureusement, la comparaison est inévitable, et Allegiance en souffre terriblement.

Alex O’Connor super-génie

allegiance

Allegiance se déroule à Washington D.C, de nos jours. La série est centrée sur Alex O’Connor, un officier de l’armée décoré devenu un agent de la CIA. Un petit génie comme on en voit partout en ce moment à la télévision, notamment dans Scorpion. Le jeune homme ignore qu’il est le fils et le frère d’espions russes qui font partie d’une cellule dormante qui vient juste d’être ré-activée. Pour protéger Alex d’un recrutement de dernière minute par le FSB, le nouveau nom du KGB, ses parents et sa soeur décident de l’espionner eux-mêmes. De son côté, Alex tente de trouver toutes les informations possibles pour éviter une attaque terroriste qui pourrait tuer des milliers d’américains et détruirait tout simplement les Etats-Unis.

Allegiance voit trop gros dans la menace qu’elle souhaite dessiner dans ce premier épisode. Si le 11 septembre n’a pas réussi à détruire la civilisation américaine, il est difficile d’imaginer qu’une autre attaque terroriste réussira. La série demande ainsi à son public de faire preuve d’une imagination qu’il n’a vraiment pas envie d’utiliser dans ce genre de sujet et de menace. Imagination surtout parce qu’on n’a pour le moment aucune preuve qui permet de croire, au moins une demi-seconde que la menace est réelle dans l’univers de la série, comme s’est suggéré vu qu’aucune référence à une possible paranoïa de la CIA n’est faîte. La menace est vraiment réelle, la série veut nous convaincre, sans jamais en donner les preuves matérielles. Encore une fois, on est dans un cas où les scénaristes oublient qu’il vaut mieux montrer plutôt que dire.

Manque de subtilité

Ce manque de subtilité est présent dans toutes les parties de Allegiance. Bien que justifié par son génie, Alex est bien trop compétent malgré son manque d’expérience pour être crédible. Ses parents sont environ les pires espions du monde. La discrétion ils ne connaissent pas, que ce soit dans les scènes d’actions ou dans leur réactions émotionnelles qu’ils ne cachent jamais. Même leur conversation téléphonique codée par la liste des courses est d’une évidence que même OSS 117 aurait compris. A se demander comment ils ont pu rester sous-couverture aussi longtemps. Mauvais jeux d’acteurs ou une série qui ne fait pas confiance à son public et donc ne s’embarrasse pas de la nuance, il est encore difficile de le définir à partir du seul pilote, mais le résultat est le même, le téléspectateur ne peut pas y croire.

Allegiance pire espions du monde

Enfin, Allegiance est bien trop noire et blanche dans son traitement. Pour le moment, la CIA est assez sympa comme organisation, mais pas le FSR, qui brûle vivant un de leurs anciens membres et tuent une espionne qui allait les trahir. Et si la CIA n’a pas protégé la jeune femme, ce n’est pas parce qu’ils sont des méchants qui en ont rien à faire, mais c’est bien elle qui a refusé. La CIA, c’est magique, c’est beau, faut lui faire confiance, ce n’est que des gentils. En plus le couple O’Connor n’est pas du tout à fond pour la Russie, bien au contraire, ils sont contraints d’espionner pour le compte de la Mère-Patrie mais ne partage clairement pas ses positions ni ses idéaux. Des personnages trop lisses et sympathiques pour être intéressants. Il n’y a donc aucune ambivalence morale proposée. Ici, si on fait le mal, c’est pour protéger ses enfants, et on sait que c’est mal. Il n’y a aucun questionnement, aucune réflexion ou critique de notre civilisation.

Allegiance est ainsi une série ratée, surtout parce qu’elle souhaite reprendre une idée déjà traitée avec brio par ailleurs, au même titre que l’était The Assets l’an dernier sur ABC. C’est surtout encore une fois la preuve qu’il est particulièrement difficile voire impossible d’imiter un vrai succès.

Crédits Images : ©NBC

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