Présent à Deauville pour son premier long métrage, Destin Cretton nous présente Short Term 12, ou la vie d’un centre pour enfants en difficulté.

C’est avec une touchante timidité que Destin Cretton est monté sur scène avant la projection de Short Term 12, son premier long métrage. Entre deux coups d’oeil au le public au lieu de ses chaussures, il nous confie sa joie d’être au Festival et que le film qu’il va nous présenter est inspiré de son expérience personnelle en tant que responsable dans une maison pour adolescents en difficulté. Avec les hauts et les bas que ça implique.

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Short Term 12 est le nom d’un centre pour enfants en difficulté comme les autres. Grace et Mason, les deux responsables s’occupent de différents cas compliqués : Marcus, jeune noir de bientôt 18 ans, un peu soupe au lait, Luis, petit latino faisant son macho, Sammy, autiste à tendances fuyardes et Jayden, la nouvelle. Les multiples histoires se mêlent, s’entrecoupent, se déchirent, se rafistolent. Un nouveau responsable entre dans l’équipe, Nate, et va apprendre à vivre au sein de ce centre, autant avec les enfants qu’avec les autres adultes.

Adulescents

Qu’on ne s’y méprenne pas. Short Term 12 parle d’adolescents en difficulté certes. Mais là n’est pas le sujet. L’important, c’est Grace (Brie Larson) et Mason (John Gallagher Jr.). Les deux responsables du centre ont bien plus à dire que les internes. Derrière le ton enjoué et dynamique de la demoiselle se cache une souffrance qu’elle a du mal à contenir et qui se répercute sur se vie de couple avec le beau brun. Lui même a eu des moments difficiles et a suivi un chemin différent de sa compagne. D’où son caractère (un peu trop) naïf et joyeux.

A eux deux, ils représentent tout le message du film. Le bon et le mauvais côté de l’abandon pendant l’enfance. L’un a eu la chance de trouver une famille d’accueil aimante, l’autre a dû affronter la vie toute seule. Et c’est au moment où l’âge adulte frappe à sa porte que ses angoisses vont remonter, la mettant non seulement elle en danger, mais aussi son entourage. Et là, les enfants interviennent.

Le centre des enfants perdus

Petit à petit, le spectateur perspicace comprendra l’enjeu. Le centre n’est pas fait pour eux, mais pour leurs responsables. Par le biais des internes, les adultes vont se découvrir, se guérir de leurs passé. La thérapie s’effectue dans les deux sens autant dans les moments de joie que dans les instants les plus difficiles. Et c’est bien là que réside la force de Short Term 12. Il n’a aucune prétention à rendre certains personnages meilleurs que d’autres.

Tous sont humains, avec leurs cicatrices et leurs blessures à panser. Ils sont tous là pour se soigner les uns les autres et, dans un sens, entraîner le spectateur avec eux. Quand on voit Grace massacrer une voiture à coup de batte de baseball pour se défouler, on se sent en connivence avec elle. On sait que c’est interdit mais on a envie de la suivre, extérioriser tous nos problèmes à travers une destruction encadrée, comme celle-ci.

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On ressort de Short Term 12 le sourire jusqu’aux oreilles. Et pas parce que c’est drôle. Au contraire. Les personnages passent par des évènements extrêmement tragiques, de quoi consommer 3 boîtes de Lexomil pendant la séance. Et pourtant, leur positivisme et le courage dont ils font preuve devant chaque situation sont contagieux. On se prend même parfois à vouloir être l’un d’entre eux, faire partie de cette communauté, partager cette joie de vivre, cette soif d’expérience. Mais la réalité nous rattrape rapidement. Pari gagné donc. Merci mille fois Mr Cretton.

Bande-annonce de Short Term 12

Crédit photos : Droits Réservés