Avec Breathe In, le réalisateur Drake Doremus entraîne ses personnages dans une symphonie de sentiments.

La musique est un langage universel. Et ça, Drake Doremus l’a bien compris. Breathe In, son troisième long métrage, en compétition au Festival du film américain de Deauville, est une ôde en deux mouvements à la liberté, à l’amour, mais aussi à l’auto-destruction et aux rêves impossibles. Envoyez la musique !

breathe-in-illus1.1Inspirez, expirez

Keith vit une vie parfaite. Il est marié à Megan depuis 19 ans, a une fille championne de natation, Lauren, de 18 ans et habite une belle maison non loin de New-York. Il consacre sa vie à sa passion : la musique. Guitariste dans un groupe étant jeune, il est maintenant professeur de musique au lycée de sa fille et contrebassiste dans un orchestre à ses heures perdues. Et pourtant, il lui manque quelque chose. Une pause. Un silence. Une respiration. Arrive alors Sophie, la correspondante anglaise de Lauren. Virtuose du piano introvertie, la petite brune aux yeux enivrants ne tarde pas à trouver sa place dans cette famille où tout semble pourtant déjà bien agencé. Sa présence va se faire de plus en plus importante aux yeux de tous, mais pas de la même façon.

Faites du bruit

Breathe In, c’est l’histoire d’une partition. Des gammes bien organisées, avec des notes formant une parfaite harmonie. C’est ainsi que vie la famille Reynolds se déroule. Les jours passent comme si ils étaient écrits sur du papier à musique pour un orgue de barbarie. Mais voila, pour n’importe quel morceau joué, afin de garder une justesse, il faut respirer. Il faut une pause ou un “silence” comme on dit dans le jargon. Et ce “silence”, c’est Sophie (Felicity Jones). Après son arrivée, Keith (Guy Pearce) reconsidère son métier de simple professeur. Il veut de nouveau créer, revenir à sa vie d’avant. Lauren (Mackenzie Davis) s’est trouvée une confidente pour l’aider avec son “copain” Aaron (Matthew Daddario). Morgan (Amy Ryan) sa deuxième fille dont elle peut s’occuper, avec qui elle peut partager ses secrets.

Mauvais timing

Mais comme toutes les pauses, si elle dure trop longtemps, on perd le rythme. La relation naissante entre Keith et Sophie devient très tendancieuse, que ça soit dans la vie de tous les jours (la scène de la relaxation est une simulation sexuelle plus qu’évidente) ou surtout lorsque la musique est impliquée (la façon dont Keith tient le manche de sa contrebasse quand il joue ou quand Sophie caresse les touches du piano du bout des doigts). Du côté de Lauren, les discussions et les sorties entre Sophie et Aaron ne sont pas tout à fait à son gout. Et Morgan ne comprend pas tout ce qui se passe entre son mari et la correspondante mais soupçonne quelque chose.

Faute d’accord

Sexuer la musique comme l’a fait Doremus (ce nom ajouté à la thématique du film, on aurait voulu le faire exprès que ça n’aurait pas été aussi drôle) est un postulat fort intéressant. Il permet de sous-entendre ce que le spectateur comprend dès le début du film. Seulement arrivé à la deuxième moitié, le contact de cette fable musicale avec la réalité se fait plus violent, voire trop évident. Le ton change du tout au tout et il aurait peut être été préférable de se cantonner à garder la musique au centre du scénario, ne pas tuer ce personnage abstrait si tôt. Les faits prenant le pas sur l’idylle, leur passion commune se trouve relayée au second rang pour laisser place à leur passion sentimentale et charnelle, ce qui ramène le film à son traitement le plus primaire : une histoire de famille et d’amour interdit.

Guy Pearce in Breathe In

On ressort de Beathe In avec un petit air de liberté en tête, une envie de tout envoyer voler et partir à la campagne. Du moins si on en sort à la moitié. La mise en avant trop évidente des sentiments et le traitement exagérément humain des personnages nous laisse sur une fausse note. Pas désagréable en soi, mais c’est comme si, au même titre que le scénario, le tout manquait d’harmonie. Comme si le compositeur avait sauté un silence.

Breathe In – bande-annonce


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