Critique de la mini-série de Netflix Hollywood qui revisite le passé et met les minorités en positon de pouvoir à Hollywood.
Après un premier coup d’essai avec The Politician, Ryan Murphy et son compère Ian Brennan reviennent sur Netflix et proposent Hollywood, une mini-série qui plonge au cœur de l’âge du cinéma mais décide d’en faire un portrait différent. En effet, la série a un discours révisionniste de l’histoire du cinéma dans les années 40 et 50 et elle met à son centre des minorités qui étaient – et sont encore parfois – rejetées par les grands studios.
Au cours de sept épisodes, la série suit les hauts et les bas de l’industrie du cinéma et de ceux impliqués dans sa création, dans un monde post-seconde guerre mondiale. La série se pose alors la question de savoir ce qui se serait passé à l’époque si les noirs, les asiatiques, les homosexuels et les femmes avaient une plus grande place dans le cinéma. Sans être complètement ignorante du racisme, de l’homophobie et du sexisme, la série prend le pari d’imaginer un monde où les choses auraient été différentes si les gens qui ont le pouvoir à Hollywood avaient pris des risques et des décisions différentes.
Des minorités qui s’affirment
Dans Hollywood, on suit Archie (Jeremy Pope) un scénariste noir et gay qui rêve de percer dans ce monde sans pitié. Il a écrit un scénario qui va rapidement attirer l’attention de plusieurs personnes. Parmi les intéressés, se trouve Raymond (Darren Criss) un réalisateur à moitié philippin qui passe facilement pour blanc, mais qui décide d’embrasser la partie de son héritage asiatique. Il y a aussi sa petite amie, Camille (Laura Harrier) une jeune actrice noire qui semble être destinée à jouer les domestiques toute sa vie. Elle trouve le scénario d’Archie très intéressant mais le personnage principal, Peg, est une femme blanche. Mais cela ne va pas l’empêcher de tenter de le décrocher et prouver qu’elle le mérite.
La série suit également Avis, jouée par la formidable Patti LuPone, la femme – juive – du grand boss de Ace Studios. Elle se sent délaissée par son mari et passe son temps avec des hommes prostitués qui travaillent sous couvert dans une pompe à essence. Parmi ces hommes, on trouve Jack (David Corenswet) un vétéran – blanc – qui rêve de devenir acteur. Il est marié et sa femme est enceinte, il n’a donc pas d’autre choix et se retrouve à faire le gigolo. Il va rencontrer Archie et l’embarquer à la station service où Archie va rencontrer un certain Roy qui deviendra le célèbre Rock Hudson (Jake Picking). Dans la vraie vie, Hudson n’a jamais pu vivre son homosexualité librement et la série réécrit son histoire avec une fin alternative.
Réimagination et discrimination
La série Hollywood se permet de réimaginer le destin de personnes qui ont toujours été marginalisées ou ont dû cacher qui ils étaient réellement pour réussir. Les co-créateurs, accompagnés d’une équipe issue de certaines minorités comme Janet Mock (scénariste, productrice et réalisatrice noire et transgenre de Pose), n’hésitent pas à porter un nouveau regard sur l’âge d’or d’Hollywood. Ils mettent ainsi en lumière des personnes qui ont été moquées où mises de côté toute leur vie. Des personnes qui sont immédiatement discriminées à cause de leur couleur de peau, de leur sexualité, de leur genre ou de leur religion.
Des personnes qu’on pense immédiatement incompétentes ou non-bankables uniquement parce qu’elles ne sont pas des hommes blancs, cisgenre et hétéros. Ces personnes sont jugées avant même qu’on ne voit leur travail, aussi talentueuses soient elles. Si on ne leur donne pas l’opportunité de montrer leur talent, elles ne pourront jamais briller. C’est le message de la série, comment changer les choses et devenir plus inclusif en donnant des opportunités.
Les créateurs de la série ont aussi exploré Anna May Wong (Michelle Krusiec), une actrice chinoise qui a réellement existé et qui s’est retrouvée réduite à jouer des stéréotypes qui ont perpétré des idées racistes envers les asiatiques à Hollywood. La série réécrit son histoire et lui donne ce qu’elle mérite, un rôle avec de la substance et un Oscar. Il y a également Hattie McDaniel (jouée par Queen Latifah), la première actrice noire de l’histoire à avoir gagné un Oscar pour Autant en Emporte le Vent, mais qui n’est jamais sortie du stéréotype frustrant de la « mama ». A travers le personnage de Camille, la série lui permet de prendre sa revanche sur un système qui l’a humiliée.
Représentation
Non, Hollywood n’est pas historiquement correct mais elle est basée sur une certaine réalité avant de prendre des libertés. Elle ne donne pas d’avantage, elle permet simplement d’avoir une certaine représentation et d’équilibrer les choses. Elle libère certaines personnes de leurs démons internes, elle leur permet de vivre qui ils sont au grand jour sans avoir honte. Elle réimagine une fin heureuse pour ceux qui n’ont jamais eu la change d’en avoir une. Elle donne à certaines personnes la possibilité de voir leur image reflétée à l’écran et de se sentir valide. Malheureusement, la série qui se veut inclusive, a complètement oublié la communauté latinx et aurait pu inclure des gens comme Lupe Velez et Anthony Quinn qui ont permis d’ouvrir la voie aux acteurs latinos et actrices latinas d’aujourd’hui.
Certains verront cela comme de la propagande ou de la « social justice » mais en réalité, c’est seulement une question de laisser sa chance à des personnes qui le mérite. Des personnes qui ont enfin l’opportunité d’avoir une voix et d’être un exemple pour la plus jeune génération. Si Hollywood avait eu plus de personnes issues des minorités à des postes clés dans les années 40 et 50, l’industrie aurait un autre visage, un visage qui ressemble plus au monde qui l’entoure. Evidemment, les choses ont changé mais il y a encore beaucoup de personnes qui sont sous-représentées voire complètement ignorées.
Un beau casting
La série est loin d’être parfaite, elle a pas mal de défauts et oui parfois, elle en fait trop mais son message est noble et les acteurs sont un régal. Entre Patti LuPone, Holland Taylor, Joe Mantello, Jim Parsons (très loin de Sheldon Cooper), Dylan McDermott impeccable en macro ou encore le jeune casting comme Samara Weaving et les autres cités précédemment, chacun est parfait dans son rôle. La série a aussi engagé des acteurs qui reflètent en partie les personnages qu’ils incarnent ce qui donne une certaine authenticité.
Les décors et les costumes sont aussi sublimes et permettent, pendant 7 heures, de changer d’environnement et plonger dans un Hollywood décadent qui n’a peur de rien, ou presque. C’est une bonne série à binger durant le confinement.
Hollywood est disponible sur Netflix.
Crédit ©Netflix
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