Retour sur une excellente saison 3 de American Crime qui continue d’être une série admirable et socialement pertinente.
La saison 3 de la série American Crime s’est terminée ce dimanche 30 avril sur ABC. Et comme on pouvait s’y attendre, c’était une saison forte en émotion. Une saison au plus proche des gens et de leurs souffrances au quotidien. Une saison dure à regarder par moment, mais une saison importante qui a abordé des sujets plus pertinents que jamais. Des sujets qui touchent tout le monde ou du moins, qui devraient toucher tout le monde..
Comme à chaque saison, American Crime à montrer le parcours de plusieurs personnages, dont les téléspectateurs sont entrés dans la vie à un moment précis mais dont les vies continuent après, du moins, pour ceux qui sont encore en vie). Leurs histoires restent ouvertes parce que la vie continue. La saison se termine ainsi sur quatre procès. Quatre procès de personnes innocentes ou coupables dont nous ne connaîtra jamais la destinée. Pour beaucoup, c’est frustrant, mais si vous regardez la série depuis le début, vous savez que la résolution n’est jamais le plus important dans American Crime, c’est la manière dont les personnages arrivent là où ils sont. Et le plus important, c’est surtout que Shae, Isaac et Téo, ces trois morts, n’auront jamais la justice qu’ils méritent parce que le système est injuste. Les scénaristes laissent ainsi les téléspectateurs tirer ses propres conclusions.
Des vies exploitées
Avec American Crime, il faut accepter que la série ne donnera jamais la résolution que le public désir. Ce fut comme ça dans les saisons 1 et 2, c’est la même chose dans la saison 3. Mais c’est le but de John Ridley, donner une résolution parfaite casserait complètement le message du créateur de la série. Il souhaite montrer que parfois, la vie est injuste et que tout le monde n’a pas droit à la justice. Depuis 3 saisons, John Ridley dénonce une Amérique au système judiciaire défaillant et les visages de Shae, Isaac et Téo à la fin sont là pour le rappeler. La vie est injuste. Peu importe l’issue des procès, le plus important c’est que American Crime fait la lumière sur des problèmes de société réels.
Le véritable crime observé cette saison était l’exploitation d’êtres humains. se servir de l’autre de manière abominable pour son profit. Le traitement du sujet par la série fut très bon et malheureusement criant de vérité et intemporelle. Des milliers de gens vivent dans des conditions déplorables et se font maltraiter. Aussi, beaucoup de jeunes mineurs terminent dans la rue et se prostituent. Bien évidemment on s’attache à ces personnages de fiction, mais ils sont juste là pour rappeler de la réalité atroce que subissent des milliers de gens dans la vraie vie. C‘est eux qu’ils faut soutenir et c’est à eux qu’il faut penser. Chaque semaine, pendant 8 semaines, c’est ce qu’a fait American Crime. Gabrielle est le visage de toutes ces femmes victimes d’esclavage moderne et de violence, Shae est le visage de ces filles mineures prostituées assassinées pour rien ou encore Teo est le visage de ces travailleurs immigrés qui vivent et meurent dans l’indifférence la plus totale.
Une saison trop courte
Une chose est tout de même regrettable, c’est qu’aussi intéressante qu’était chaque histoire, il y en avaient trop à gérer et pas assez d’épisodes pour creuser encore plus. Cependant, avec seulement 8 épisodes, John Ridley et ses scénaristes ont tout de même réussi à transmettre le message qu’ils souhaitaient. Le rêve américain peut parfois se transformer en cauchemar et beaucoup sont prêts à accepter leur condition.
Et puis il y a ceux qui se battent pour les plus démunis comme Kimara et Jeanette mais qui finissent aussi par abdiquer et rentrer dans le système qu’elles étaient prêtes à combattre. Ces deux femmes avaient des principes, elles voulaient corriger les injustices de leur pays mais la réalité de la vie les a rattrapé ce qui est vraiment triste mais réaliste.
Un casting exceptionnel
Comme à son habitude, le casting de American Crime brille de par son talent. Des excellents acteurs au service de plusieurs histoires captivantes. Que ce soit les anciens comme Felicity Huffman, Regina King, Timothy Hutton, Richard Cabral, Lilli Taylor ou Benito Martinez, ils n’ont plus rien à prouver. Leur interprétation est toujours juste et ils sont chaque fois plus brillants que la saison précédente.
Et puis il y a les nouveaux visages comme la française Mikaëlle X. Bizet, incroyable dans le rôle de Gabrielle, la nounou haïtienne. Son calvaire se termine et elle est l’une des rares qui a une fin plus ou moins heureuse. Sa maltraitance est finie et peu importe l’issue du procès de Claire qui l’a frappée, elle est sauvée. Cette histoire d’esclavage moderne était puissante et triste. On suspecte assez rapidement le comportement de Claire qui dès le départ isole Gabrielle pour mieux la contrôler. On ne sait pas si elle rentrera en Haïti ou si elle restera aux Etats-Unis. Ce qu’on espère, c’est qu’elle répare sa relation avec son fils. Ce final offre un aperçu de réconciliation avec ce fils qu’elle a eu trop jeune pour être une mère présente.
Malgré sa qualité, American Crime n’est pas garantie de revenir pour une saison 4 puisque les audiences sont très basses. Ce final n’a réuni que 2 millions de téléspectateurs pour 0,4 point de rating, ce qui est peu. C’est pourtant l’une des meilleures séries du moment qui mérite bien plus. Il y a 5 ans, une série comme American Crime n’aurait jamais été sur un Network comme ABC. La chaîne a eu l’audace de mettre une telle série à l’antenne qui repousse les limites des grandes chaînes américaines et c’est remarquable.
American Crime est à voir en France sur Canal+Séries et MyCanal.
Crédit ©ABC
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