Editeur : Ubisoft
Développeur : Ubisoft Montréal
Type : Jeu de rôle
Support testé : PS3 (PSN)
Date de sortie : 30 avril 2014
Voyage entre poésie et RPG dans Child of Light, un conte interactif enchantant.
Le plus grand défi lorsqu’il s’agit de produire un jeu vidéo, surtout lorsqu’il prend le chemin d’une direction artistique ambitieuse, c’est d’équilibrer et d’assurer la cohérence entre esthétique et le gameplay. Pour faire court, plus de scénario il y a, moins d’interactions sont possibles, donc moins jouable sera le jeu. Mais attention, ceci n’est pas une faiblesse, au contraire, surtout quand c’est bien fait. Et c’est ce que nous prouve Child of Light, dernier né d’Ubisoft Montréal, RPG aux airs de conte de fée mélancolique.
A l’heure où blanchit la campagne
Vivant dans un grand château en compagnie de son père le duc, de sa belle-mère et ses belle-soeurs, la petite Aurora coule des jours heureux. Jusqu’au jour où une maladie mortelle et fulgurante la fauche dans sa prime jeunesse. Accablé par le chagrin, son père sombre dans une noire dépression, laissant son peuple sans dirigeant. De son côté, Aurora se réveille sur un autel mystérieux dans un endroit qui lui est alors inconnu. Après quelque temps d’exploration, elle rencontre une luciole répondant au nom d’Igniculus qui promet de l’accompagner et de l’aider à retrouver le chemin de chez elle.
Clair obscur
Le premier constat qu’on peut faire avant même d’avoir commencé à jouer : c’est sublime. La direction artistique a effectué un travail dantesque et de qualité pour fournir au royaume de Lémuria une identité unique. Que cela soit dans les graphismes façon graphic novel, où tout est en 2D sauf Aurora et ses belle-sœurs qui sont modélisée en 3D cell-shading, la musique orchestrale dirigée par Cœur de Pirate ou les textes rédigés en vers. Chaque aspect semble avoir fait l’objet d’un travail minutieux, tant sur le design lui-même que par rapport à la cohérence générale. L’univers fourmille de détails qui donnent vie à un monde que l’un redécouvre à chaque passage. Un livre à languettes dont s’échappent magie et jeux de lumières romantiques. Un régal pour les yeux et les oreilles. Un voyage initiatique apaisant et plein de sentiments.
Eclipse lunaire
Si l’ambiance et l’univers bluffent au premier contact, le gameplay quant à lui est plus perfectible. Les phases de vol / plate-formes / énigmes avec Aurora sont un pur bonheur puisqu’il permet au joueur d’explorer librement l’environnement et s’en mettre plein les mirettes. L’utilisation de l’Igniculus pour ouvrir des coffres éloignés ou des portes récalcitrantes est plutôt bien exploitée. Cependant, les contrôles au stick sur consoles de salon (autres que la Wii U) ne sont pas assez instinctifs et il faudra sûrement préférer la version sur la console de Nintendo ou PC pour profiter pleinement de l’expérience. Au niveau des combats, la gestion de la barre d’action et les interruptions paraissent beaucoup trop aléatoires. Ainsi il ne sera pas impossible de recommencer plusieurs fois le même combat avec le même niveau et gagner au bout de 30 essais uniquement grâce à un coup de chance.
Nuit noire
Pour changer la donne d’un combat, il est possible de farmer et ainsi monter assez de niveau pour débloquer les compétences adéquats ou de faire fusionner des pierres entre elles, appelées Oculi, afin d’augmenter les statistiques. Mais comme dit précédemment, l’issue d’un combat semble tellement aléatoire que l’équipement d’Oculi passe vite en second plan. Dommage puisqu’il s’agit de la principale récompense que l’on récupère pour avoir achevé une quête annexe ou pour avoir trouvé un coffre secret. Les quêtes annexes sont d’ailleurs peu nombreuses mais ont le mérite d’échapper à l’écueil majeur de ce genre de mécanique : la longueur et les allers-retours inutiles. Elles suivent de près ou de loin la trame principal, ce qui permet de faire d’une pierre deux coups et ainsi ne pas perdre son temps pour une maigre récompense.
Child of Light est un petit bijou tant par sa direction artistique que sa narration et son ambition. Les quelques défauts de gameplay dont il fait preuve ternissent de temps à autre le tableau mais il arrive à pousser le joueur à lui pardonner ses erreurs en lui offrant un monde féerique et poétique qu’on ne se lasse pas d’explorer. Un véritable retour en enfance pour peu que l’on fasse abstraction des quelques faiblesses.
Child of Light : Trailer de lancement
Crédits : ©Ubisoft
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur