Critique des premiers épisodes de The Path, un regard fascinant mais parfois trop lent et répétitif sur les sectes.
Hulu a lancé mercredi sa nouvelle série, The Path avec Aaron Paul en héros. Ce dernier incarne ici Eddie, un membre de la secte du Meyerism, une référence à la Scientologie à peine voilée, avec son échelle ou “The Ladder”, à grimper pour atteindre des niveaux de conscience. Après une retraite au Perou, Eddie a des doutes sur cette pseudo-religion – ou mouvement comme ils le définissent eux-mêmes – et commence à chercher à quitter la secte. Forcément, ceci est au risque de sa sécurité et celle de la famille.
Les deux premiers épisodes proposés par Hulu mettent très bien en place la secte, avec son Gourou, joué par Hugh Dancy, ses croyances et ses pratiques. Et combien il est difficile de s’en sortir. Eddie commence à avoir des doutes, et contacte une ancienne membre de la secte. Cette dernière vit en fugitive, sa vie est en danger, son mari a été tué par la secte lorsque lui-même a émis des doutes et la secte cherchait à lui faire rencontrer le même sort.
Mais les difficultés à sortir de la secte sont plus que les menaces. Il est clair que pour Eddie, cela sera aussi un vrai conflit personnel. Il doute de ses doutes, il remet en question l’idée de quitter le confort et le bien-être que le Meyerism apporte à sa famille – qui elle y croit toujours dur comme fer – même si tout est basé sur des mensonges. Il est bien montré que la secte a été pour lui un cocon et une béquille pour avoir une vie normale, loin des drogues et de la pauvreté. Une secte qui lui a apporté le réconfort et lui a ouvert les bras lorsqu’il a perdu son frère, son unique famille. The Path souligne très bien comment il est difficile d’abandonner tout cela par soi-même, malgré tout le mal que peu faire une secte à une personne par ailleurs, avec ces interdits absurdes, ses méthodes de rééducations violentes et cruelles et la presque impossibilité de penser par soi-même.
Clichés nécessaires
Si The Path se repose parfois un peu trop sur tous les clichés des sectes, c’est un mal nécessaire et inévitable. La série cherche surtout à mettre la lumière sur les mécanismes d’une secte, et montre que trop bien combien il est simple de se laisser embrigader. Tout d’abord avec le personnage de Marie, jeune toxicomane très pauvre, perdue, et avec un père qui l’a prostituée dès l’âge de 11 ans. Le Meyerism lui fait la promesse d’une bonne désintoxication, d’une famille qui l’aime, d’un endroit où elle sera enfin en sécurité et d’un retour à un statut de bonne citoyenne, membre actif de la société. En bref de régler tous ses problèmes.
The Path est redondante, en revanche, avec le deuxième exemple, celui de la famille Ridge. Eux ne s’adressent au Meyerism uniquement parce que leur fils est aussi toxicomane et leur programme de désintoxication semble avoir un taux de succès admirable. Il est regrettable qu’ici, les scénaristes n’ait pas eu plus d’imagination. On reste sur le thème de l’addiction, alors qu’il est suggéré que la secte a d’autres programmes attractifs. Néanmoins, cela sert aussi à montrer combien des personnes peuvent être contraintes à entrer dans une secte. Pour le moment, les Ridge ne sont pas de vrais croyants, mais le gourou leur met tout de même la pression pour se montrer publiquement comme membres du mouvement, contre les soins apportés à leur fils. Donner de l’argent, et le dire publiquement à la secte est leur seul moyen d’aider leur fils.
Des personnages mal dessinés
The Path est encore imparfaite, surtout dans les traitements de ses personnages. Eddie et le seul personnage a être bien mis en place. Tous les autres sont encore mal dessinés et manque vraiment de reliefs. Même Hugh Dancy a du mal à donner du corps à son personnage de gourou, qui n’a pour le moment qu’une seule dimension. Il y a quand même un léger espoir que cela s’améliore dans les épisodes prochains.
Autre défauts bien agaçant, la lenteur de la série. Une lenteur certes volontaire, mais mal maîtrisée. Les plans fixes sont souvent longs sans aucune raison, puisqu’ils n’aident pas à créer l’ambiance anxiogène voulue. Non, ceci vient presque uniquement sur la musique. La réalisation se repose bien trop sur elle, comme un aveu d’échec. Comme si ils n’avaient pas réussi à construire une ambiance uniquement avec la lumière, le jeu des acteurs et les longs plans.
Malgré cela, The Path propose une plongée fascinante et effrayante au coeur d’une secte, avec en plus quelques éléments de mystères et suspenses. Est-ce que Eddie et sa famille réussiront à s’en sortir ? Est-ce que le FBI va vraiment lancer son enquête sur The Meyerism et parvenir à les arrêter ? Ou au contraire, est-ce que la secte va réussir à recruter plus d’adaptes ?
Réponses dans les prochains épisodes.
Crédits Images : ©Hulu
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