Mrs. Fletcher : Une femme à la découverte de sa sexualité (critique)

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Critique de la mini-série HBO Mrs. Fletcher avec Kathryn Hahn dans le rôle d’une femme quadra à la découverte de sa sexualité.

Cette semaine, OCS a lancé Mrs. Fletcher, une nouvelle mini-série HBO créée par Tom Perrotta et basée sur son propre livre, publié en 2017. Après The Leftovers, Perrotta a pris une autre direction avec une histoire centrée sur une quadragénaire qui se redécouvre et explore sa sexualité.

Dans Mrs. Fletcher, on suit Eve Fletcher (Kathryn Hahn), une femme de 46 ans dont le fils unique Brendan s’apprête à partir à la fac. Divorcée depuis des années, elle est désormais seule dans sa maison et le départ de son fils pour l’université va lui permettre de se redécouvrir et de remettre sa propre sexualité en question.

A travers la pornographie, elle va explorer ses fantasmes et s’adonner à des plaisirs solitaires. Elle prend aussi des cours d’écriture pour élargir ses horizons et va rencontrer un groupe de personnes qui va avoir une influence sur ce nouveau chapitre de sa vie.

Pornographie à double tranchant

La série suit le voyage parallèle de la mère et du fils et la pornographie à deux effets très différents dans la série : un sur Eve et un sur son fils Brendan. Avec Eve, c’est presque une introspection, c’est un véhicule vers l’épanouissement. Kathryn Hahn (I Love Dick, Transparent) est brillante dans le rôle titre, c’est un trésor de nuances, de force et de fragilité. Eve est une femme qui va se servir de la pornographie de façon à s’épanouir en tant que femme. Sa nouvelle liberté va la mener à ouvrir son imagination sexuelle et la mène aussi à envisager une aventure avec un homme plus jeune et des femmes.

Avec Brendan, même si on ne le voit pas activement regarder du porno, son rapport aux femmes et au sexe est clairement influencé par les films X. La misogynie, la violence et les dialogues crus et insultant du porno transpirent dans la vie sexuelle de l’adolescent. Il pense que c’est un comportement normal. Brandon est un gamin insupportable, imbus de lui-même, il n’a pas de respect pour les femmes, c’était une brute au lycée et il est assez ingrat envers sa mère. Eve est pourtant une bonne mère et elle est horrifiée du comportement de son fils. Si ce n’est pas une excuse, le comportement grossier de Brandan montre qu’il est perdu et qu’il ne comprend rien du monde qu’il l’entoure. Son expérience à la fac va lui montrer qu’il n’est plus le roi comme au lycée.

Deux parcours différents

Mrs. Fletcher parle de l’influence de la pornographie sur la vie des gens mais aussi d’intimité ou de leur manque d’intimité. Cela peut parfois être positif si on est suffisamment adulte pour comprendre que le porno n’est que du fantasme, mais cela peut aussi être dévastateur et blesser les gens si on les traite en leur manquant de respect comme dans les films.

La série est avant tout à propos de la mère, mais le fils est aussi très présent. Ils sont tous les deux sur un chemin d’auto-découverte. Leur parcours respectif est différent, mais on en revient toujours au même point, à savoir la découverte de sa propre personne et comment naviguer dans la vie quand on est paumé.

Brendan est le produit d’un environnement toxique, il représente tout ce qui ne va pas dans le porno qui laisse entendre que traiter des femmes de “salope” en plein acte, sans leur consentement est normal. Mais là où la série est intelligente, c’est quand elle revient sur Eve et montre que le porno n’est pas toujours le diable et qu’il peut avoir des effets positifs et libérateurs. Le porno n’est pas complètement vilipendé, il y a un juste milieu, un peu comme dans The Deuce.

Une bonne mini-série

Dans l’ensemble, Mrs. Fletcher est une série agréable à suivre, elle est drôle et charmante mais attendez-vous à des passages un peu crus. Après avoir visionné les 7 épisodes que compose la mini-série (mis à disposition pour les critiques), on peut s’imaginer qu’une suite est possible. Ces personnages ont encore du chemin à faire. La série est intéressante mais on reste un peu sur sa faim par qu’elle aurait pu creuser encore plus dans les personnages.

Au final, tout le monde ne trouve pas vraiment ce qu’il recherche et l’évolution de certains est coupé court. On a envie de voir une plus grande introspection, on a envie de voir Eve se lâcher encore plus et s’assumer complètement. A un certain degré, le parcours de Eve est bien plus profond, elle commence à se trouver mais de son côté, Brendan reste un gamin paumé.

La série montre aussi la vie des personnes qui entourent Eve et Brendon. Entre son ex-mari (Josh Hamilton), son amie Jane (Casey Wilson) dont le mariage ne va pas très fort, sa prof d’écriture transgenre (l’excellente Jen Richards) ou encore le colocataire de Brendon (le regretté Cameron Boyce), la série est composée d’une palette de personnages intéressants.

Il est rare de voir des séries ou des films vraiment explorer la sexualité de femmes de plus de 40 ans et Mrs Fletcher fait un joli travail d’introspection.

Mrs Fletcher, c’est le lundi sur OCS.

Crédit ©HBO

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