Réalisation : Rupert Sanders
Casting : Scarlett Johansson, Juliette Binoche, Pilou Aesbek
Genres : Action, Science-Fiction
Durée : 1H46 mn
Titre original : Ghost In The Shell
Nationalité : Etats-Unis
Année de production : 2017
Sortie en salles le 29 Mars 2017
Il est là et il sort demain. Attendu depuis un an comme le Saint Graal des adaptations ou le pire de ce que certains fans pourraient redouter, Ghost In The Shell, sort demain. Une adaptation en demi-teinte pour un film avec un casting de choix, qui aurait pu être beaucoup plus que de l’Entertainment pur.
My name is RoboCop Major
Pour ceux qui ne sont pas vraiment fana de mangas, d’anime, de japanimation et autres produits issus de la pop culture japonaise, Ghost In The Shell est un culte de l’univers des mangas. Imaginé par Masamune Shirow en fin des années 80, il est un phénomène des années 90 avant d’être décliné en un anime, qui lui aussi est devenu culte. Autant dire que se lancer dans une adaptation cinématographique était non seulement ambitieux mais aussi dangereux. Lourde tâche pour Rupert Sanders (Blanche Neige et le Chasseur), surtout que le film souffre d’une polémique de White Washing pour le choix de Scarlett Johansson et non une asiatique en tête d’affiche.
Ghost In The Shell, c’est l’histoire du Major (Scarlett Johansson) dans un futur proche. Elle est unique en son genre: humaine sauvée d’un terrible accident, son corps aux capacités cybernétiques lui permet de lutter contre les plus dangereux criminels. Face à une menace d’un nouveau genre qui permet de pirater et de contrôler les esprits, Le Major est la seule à pouvoir la combattre. Alors qu’elle s’apprête à affronter ce nouvel ennemi, elle découvre qu’on lui a menti : sa vie n’a pas été sauvée, on lui a volé. Rien ne l’arrêtera pour comprendre son passé, trouver les responsables et les empêcher de recommencer avec d’autres.
Visuellement sublime
Pour l’hommage et le respect du matériel originel, le réalisateur de Ghost In The Shell s’en sort brillamment. L’univers du manga et de l’anime est magnifiquement retranscrit dans le film, aux couleurs froides et rosées, geishas robotiques et autres effets spéciaux fluides en prime. La 3D est assez native et ne dénature pas l’ambiance du film, qui jongle entre plans larges de cette ville futuriste et plans quasi-similaires à ceux de l’anime, ce qui fera plaisir aux fans les plus durs. Comme un hommage au travail de Shirow, Ghost In The Shell est une belle prouesse technique, pour une adaptation en live-action qui en étonnera plus d’un.
Chaque accessoire est recherché et a été conçu de manière à respecter le produit originel, de la garde-robe de Scarlett Johansson, aux décors en passant par les props. Avec une attention de maniaque, Rupert Sanders n’a pas cherché à apporter sa touche créative à un univers déjà extrêmement riche visuellement, ce qui donne une certaine crédibilité à cet univers futuriste, puisque le réalisateur s’efface au profit du matériel originel, et surtout ne crée pas de déséquilibre dans la vraisemblance de cet environnement de science-fiction pure.
Respect du matériel originel
L’image et l’espace étant respectés, certains personnages sont présentés comme dans le manga : Batou et ses chiens, la combinaison de Motoko est bien là, les personnages que les plus fans les plus ardus reconnaîtront… Bref, Ghost In The Shell est un véritable remake qui respecte le créateur de ce monde futuriste, et qui propose visuellement un bel hommage à l’artiste, sans pour autant sombrer dans le fan-service pur ou gratuit. Visuellement, Ghost In The Shell est un très beau film.
Seul bémol : la musique un peu trop hollywoodienne et mécanique du film. Si elle ne détonne pas avec l’univers de Motoko, on reste déçu qu’un grand nom des Musiques de Films. Clint Mansell, celui qui a signé l’un des plus beaux thèmes musicaux du cinéma (Requiem For A Dream), sombre dans la mécanique habituelle et sans âme de la musique épique, teintée d’un peu d’electro, histoire de rappeler que nous sommes dans un univers futuriste. Elle aurait pu aider le personnage de Scarlett Johansson, dont l’interprétation ne facilite pas l’empathie. Ce n’est malheureusement pas le cas.
Intrigue balisée
Côté intrigue et scénario, c’est là que le bât blesse. En effet, pour s’adapter à un public plus large, le scénario du film a été réadapté de manière à rentrer dans les codes des blockbusters hollywoodiens. Même si le rythme de l’histoire de Ghost In The Shell est assez soutenu, le spectateur ne sera ni étonné, ni même intrigué par le sort du Major, ou Motoko au choix.
Origine réinventée, le Major ici est une sorte de cyborg et non une Intelligence Artificielle, en recherche de son identité et origine. Comme une séance de psychanalyse, entre questionnement identitaire et place dans cette société, le personnage de Scarlett Johansson apparaît comme une sorte de Robocop ou Monstre de Frankenstein qui se cherche, notamment face à son alter-ego raté. Elle finit par se trouver, sur fond d’intrigue terroriste qui va révéler la véritable nature du groupe par lequel elle a été conçue.
Déjà Vu
Si le film se veut comme une recherche métaphysique, il tombe beaucoup trop vite dans les écueils de la facilité au point que la dernière séquence du film, où l’héroïne confronte son véritable ennemi, ressemble beaucoup à celle du Robocop de Paul Verhoeven. De l’action sans fond, formule classique du blockbuster, alors que Ghost In The Shell avait tout le potentiel pour proposer quelque chose de profond et intelligent. Surtout que ce dernier arrive après pléthores de films sur le sujet des intelligences artificielles et robots, comme Matrix, A.I et le Cerveau en passe.
De plus, les thèmes choisis dans Ghost In The Shell auraient pu être bien plus intéressants que la formule classique du voyage initiatique vers une quête identitaire. Membre d’une unité qui combat le terrorisme, le film tourne autour des conspiration et lobbyisme gouvernemental sans vraiment attaquer le sujet. Comme l’autre thème qui aurait pu être mis en avant : celui de la surconsommation.
Ghost In the Shell passe malheureusement à côté de tout ce qui aurait pu donner un peu de rondeur et cachet à un film qui au final, est déjà-vu. Et c’est bien dommage.
Ghost In The Shell : Bande-Annonce
Crédit photo : ©Paramount
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