Le 25 janvier dernier, le maître Katsuhiro Otomo, auteur, entre autre, du manga culte Akira, était à Paris pour une conférence de presse au Louvre. En amont du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, l’invité d’honneur de cette 43ème étidion, qui aura lieu ce week-end du 28 au 31 Janvier, nous a honorés de sa présence sous la Pyramide de Verre afin de nous parler de son œuvre, de lui et bien sur du Festival.
Le lauréat du Grand Prix de la 42ème édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, bien que célèbre dans le monde entier pour son travail remarquable, aussi bien en tant que mangaka qu’en tant qu’animateur, n’est pour autant pas un habitué des conférences de presse. Un peu timide, il rappelle qu’il est aussi impressionné qu’honoré de participer activement au FIBD, pour lequel il a beaucoup d’estime. Un sentiment de privilège amplement partagé par l’assistance qui l’accueille sous des applaudissements respectueux.
Au cours de cette conférence, le génie nippon Katsuhiro Otomo se livre à propos de plusieurs grands sujets, allant de son œuvre phare, Akira, distribuée par Glénat, au reste de son travail, en passant, bien sur, par le FIBD. Bien qu’il reste discret sur ses projets actuels dont il ne peut dévoiler beaucoup, le mangaka, humble, n’hésite pas à rappeler que, s’il est en France, c’est avant tout pour rencontrer ses fans français. Ces derniers ayant, effectivement, peu l’occasion de pouvoir s’adresser à lui.
Sur le Festival d’Angoulême
Dans le cadre d’une rencontre, organisée le samedi 30 janvier au Théâtre d’Angoulême à 14h, Katsuhiro Otomo a annoncé vouloir tout particulièrement profiter de l’occasion pour établir un réel dialogue avec ces fans français, leur laissant la possibilité de lui poser des questions dans un cadre détendu et accueillant.
Concernant plus particulièrement les auteurs présents au Festival, le maître Otomo avoue que, bien que très admiratif du travail des auteurs de BD françaises, parmi lesquels il cite notamment Nicolas De Crécy, il n’a pas eu le loisir de se rendre à Angoulême depuis 12 ans ; le laissant ainsi assez éloigné des œuvres les plus récentes. Cette 43ème édition du FIBD lui permettra donc de se replonger plus avant dans la production BD européenne, qu’il apprécie particulièrement. Il n’hésite pas à ajouter d’ailleurs que « ce Festival [le] fait rêver ».
Un rêve hautement partagé avec ses admirateurs, notamment ravis de pouvoir contempler la très belle affiche, d’inspiration traditionnelle japonaise et chinoise, réalisée par le maître lui même qui, se prêtant au jeu, conclu la conférence en posant devant.
Sur lui-même et son œuvre
Accueillir Katsuhiro Otomo en France est un événement exceptionnel. Mais bien que l’on puisse parler de lui comme d’un « monstre sacré », il reste fidèle à lui même, acceptant l’éloge tout en restant très humble.
Il poursuit en expliquant que, bien qu’ayant beaucoup de projets en cours, il tient à rester assez discret sur ces derniers, mais qu’il travaille actuellement sur plusieurs projets de métrages (l’un live, l’autre animé). S’il continue à faire évoluer son projet d’un manga durant la période Edo, il explique cependant, concernant le projet de film live d’Akira, initialement proposé par la Warner, qu’il n’a pas encore reçu le scénario. Il en profite pour nous glisser qu’il préférerait malgré tout visionner ce projet de film plus en temps que simple spectateur qu’en qualité de « réalisateur ».
Mais le magaka n’est pas uniquement intéressé par le papier et la pellicule : il nous avoue volontiers être un amateur de jeux vidéo ; « j’adore jouer ! » indique-t-il. Pour autant, si ce domaine lui tient à cœur, il explique se sentir un peu dépasser par l’évolution très rapide de ce medium en pleine expansion mais ne s’interdit pas le moins du monde de suivre l’actualité vidéoludique.
Sur Akira
À l’image de l’exposition Tribute to Otomo qui se tiendra durant tout le FIBD ce week-end au Théâtre d’Angoulême, son public à l’international retient principalement de son œuvre son chef d’œuvre Akira, sorti pour la première fois en France en 1990. En effet, cette exposition regroupe en grande partie des illustrations qui rendent hommage au manga culte de l’auteur japonais ; l’occasion pour lui de revenir plus précisément sur cette série.
S’il explique qu’il ne souhaite rien modifier du manga d’origine, jugeant s’être donné « à fond » lors de la création de celui-ci, il ne manque pas de déplorer la contrainte de durée de la version animée qu’il aurait souhaite bien plus longue.
Mais lorsque l’on aborde de cas d’Akira, on se remémore avant tout son ambiance dure, son scepticisme par rapport à l’être humain et ses comportements, sa violence brute ; un ensemble d’éléments significatifs d’une réelle angoisse de l’auteur face au monde qui l’entoure. Une angoisse qu’il estime encore aujourd’hui brûlante et d’actualité. Selon lui, l’être humaine n’est pas « une créature parfaite ». Il est donc nécessaire d’y faire face, expliquant ainsi que ce sentiment se reflète toujours dans ses œuvres.
Une conférence pré Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême placée sous le signe de l’humilité et du respect, tant du côté des participants, honorés de rencontrer Katsuhiro Otomo, que de l’invité, tout sourire, visiblement heureux d’être présent pour ses fans. Une bonne humeur et une ouverture que l’on n’a pas manqué de retrouver ce Mercredi 27 Janvier, alors qu’il remettait, non sans éclats, le Grand Prix du Festival à son successeur, le dessinateur belge Hermann.
Crédits Images : @Braindamaged Corp 2016 et @Place-To-Be
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