La cinquième et ultime saison de Merlin s’est terminée sur un final épique, à la conclusion polémique.
Cela fait cinq ans que la BBC berce le monde avec cette introduction : « In a land of myth, and a time of magic, the destiny of a great kingdom rests on the shoulders of a young boy. His name… Merlin. « Cinq années durant lesquelles on a eu une vision originale, très bien écrite, du mythe arthurien et de Merlin. Alors que certains craignaient d’y voir une version « smallvillesque » de la légende, les créateurs de la série ont eu la très bonne idée d’utiliser les différents récits existants. Cette conclusion, déjà très controversée parmi les fans, tire d’ailleurs sa principale matière de Sir Thomas Malory et de son récit Le Morte d’Arthur. A la grande surprise des fans, Julian Jones a choisi une version du mythe dans lequel Arthur, blessé par Mordred, ne peut être sauvé par Merlin et meurt, laissant ensuite Guenièvre à la tête de Camelot. Tandis que la conclusion avec un Merlin vieillard dans le Glastonbury contemporain n’est pas compréhensible immédiatement.
Un échange tant attendu
Le final de Merlin déçoit une partie des fans de la première heure pour une raison évidente : ils s’attendaient tous à un Happy Ending. Et quiconque s’est attaché à ces personnages est forcément frustré par la conclusion, tandis que les morts de Mordred et Morgane paraissent un petit peu précipitées. Mais faut-il pour autant considérer que la fin de la série n’est pas à la hauteur des attentes ? Pas forcément. Tout d’abord parce qu’on a eu droit à une bataille de Camlann épique comme on l’attendait, que ce soit au niveau des combats ou à l’arrivée mémorable de Merlin en Emrys, faisant fuir les troupes saxonnes tandis que Morgane est assommée. Ensuite, on a eu droit à un magnifique échange entre Arthur et Merlin au moment où ce dernier lui révèle ses pouvoirs. D’abord effrayé et lui demandant de partir, Arthur comprend peu à peu, en pleine agonie, que son serviteur a toujours été là à ses côtés et qu’il était aussi courageux qu’il le pensait même s’il ne lui disait jamais. L’échange entre les deux hommes est à la hauteur de ce qu’on attendait, même si on rêvait de voir le jeune roi gouverner avec Merlin en conseiller à ses côtés pour quelques épisodes.
Des morts précipitées ?
Les autres personnages ont au fond ce qu’ils méritent, contrairement à la première impression. La mort de Mordred, rapide, des mains d’Arthur, a paru expédiée. Mais le personnage a été exploité une partie de la saison uniquement comme future arme de Morgane contre le roi. Il n’était qu’un instrument de l’Ancienne Religion pour mettre un terme au règne du fils d’Uther Pendragon. Celle de Morgane est plus délicate et on regrette non pas un affrontement à coups de tremblements de terre et d’éclairs (une mort rapide par Excalibur est une satisfaction quand on sait tout le mal qu’elle a commis et la bataille de Camlann a été suffisamment épique) mais une discussion franche entre celle qui cachait ses pouvoirs et était « amie » avec Merlin quand elle était encore la pupille d’Uther et le serviteur d’Arthur, discussion sur la magie qu’ils n’ont jamais eue. Mais il est vrai qu’en 45 minutes il valait mieux donner plus de temps à l’échange entre Arthur et Merlin qui était beaucoup plus important. Il s’agit d’un des points qui fait défaut, sans compter la mort « idiote » de Gauvin, mais nécessaire pour que Morgane découvre où Arthur et Merlin se rendent.
La Mort d’Arthur
Mais venons-en à la polémique : le choix de Julian Jones de faire mourir Arthur suite à sa blessure. Il a décidé de prendre comme base le récit de Sir Thomas Malory se terminant avec la mort d’Arthur aux portes d’Avalon, la plaçant devant la colline de Glastonbury Tor. Pourquoi ce lieu ? Il s’agit de l’endroit où la tombe d’Arthur et Guenièvre aurait été retrouvée au XIIe siècle. Arthur, le « once and future king », est une légende qui serait basée sur un roi Arthur ayant vécu au Ve siècle après Jésus-Christ ayant notamment fait face aux invasions écossaises. Cependant, dans le récit de Malory, ce n’est pas Merlin à ses côtés, mais le Chevalier Bedivere (absent de la série), à qui Arthur, mourant, demande de lancer Excalibur dans l’eau où une main sortie de l’eau, celle de la Dame du Lac, s’en empare. Et Arthur est emporté vers son tombeau sur une barque. Avec une conclusion différente : Guenièvre devient alors nonne par honte puisque dans cette version elle a entretenu une longue liaison avec Lancelot.
Adaptation réussie de la légende
Dans son adaptation de la légende arthurienne, Merlin n’a jamais failli et The Diamond of the Day, se terminant sur l’arrivée à Avalon, ne fait pas exception. On a une adaptation originale et cohérente. Tout le travail d’Arthur, la bataille de Camlann et son issue forgent le destin de la Grande-Bretagne et les Saxons n’oseront pas attaquer Camelot de sitôt après une telle défaite, alors que les armées ont vu que le Royaume est protégé par un magicien puissant. Chacun des grands moments de la vie d’Arthur a été adapté de manière surprenante, émouvante et intelligente, que ce soit la mort d’Uther, le mariage avec Guenièvre, Excalibur, la formation de la Table Ronde et la lutte contre Morgane. Des cinq saisons, l’épisode préféré du Cerveau restera le double-épisode de la fin de saison 4 avec l’apparition de Tristan et Iseult.
Arthur en héritage
Guenièvre saura, après la mort d’Arthur, prolonger le mouvement d’unification et de paix qu’il avait initié tandis qu’on suppose qu’elle sera beaucoup plus compréhensive vis-à-vis de la magie maintenant qu’elle sait que Merlin a protégé toutes ces années Camelot par ce moyen. On est seulement triste pour le personnage. Le principal reproche, en dehors des morts que certains jugeront précipitées de Mordred et Morgane, qu’on puisse faire à cette conclusion est qu’elle donne l’impression à tous ceux qui se sont investis dans la série depuis tout ce temps d’avoir été dupés : ils pensaient que la série finirait sur une note différente avec Merlin sauvant Arthur comme chaque fois. Mais si on tient compte des qualités de la série, alors elle a eu une conclusion réussie et émouvante. Avec un mystère que Julian Jones devra éclaircir : quelle était son intention en plaçant Merlin dans un Glastonbury contemporain ? Un simple clin d’oeil ? Dans tous les cas, on comprend mieux ses propos expliquant qu’une version cinéma de la série nécessiterait un nouveau casting.
Crédits photo ©BBC
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur