On en parle depuis un an, et la promo battait son plein depuis quelques semaines. Le premier épisode de la saison 10 de X-Files vient d’être diffusé hier soir sur la Fox. La critique du Cerveau, avec quelques petits spoilers dedans.
Un générique inchangé, des visages familiers et des notes de musique reconnaissables… Mulder et Scully ont repris du service, hier soir, sur les écrans de la Fox pour le plus grand plaisir des fans et des nostalgiques des années 90. Un sentiment étrange de retrouvailles inattendues et agréables, mais tout aussi bizarres et déstabilisantes, puisque du temps s’est écoulé, notre expérience de la vie s’est étendue, et notre personnalité a changé. Une question se pose d’ailleurs dès les premières images : X-Files des années 2015, post 11 septembre et Snowden, sera-t-elle aussi puissante que X-Files des années 90 ?
Un retour 13 ans après, de deux personnages qui ont vieilli et dans un contexte différent, avec un passé lourd et chargé. Si les aliens et autres conspirations ne sont plus à la mode, X-Files reprend ses thématiques favoris, les assume et les remet au goût du jour.
Back to the Classics
L’ambiance de la série reste inchangée, de la musique à la typographie. Le Bureau de Mulder, que nous ne ferons qu’apercevoir dans une brève scène déjà présentée dans un bon nombre d’extraits et autres promos, garde bien évidemment certaines références au passé que les fans apprécieront. Et Skinner, même s’il n’apparait qu’en fin d’épisode, est toujours un plaisir à retrouver.
Cependant, X-Files saison 10 épisode 1, intitulé My Struggle (Mon combat), peine à convaincre complètement. Si l’écriture n’est pas mauvaise, et le fan-service léger, le sentiment de vouloir en faire beaucoup, pour rendre justice à une série culte et s’assurer que ce revival – à l’ère du reboot, remake et suites pas toujours réussi (comme Heroes Reborn) – fonctionnera et ne décevra pas, est plus que flagrant.
Conspiration moins paranormale
Si bien évidemment X-Files a toujours été une série qui traite de manifestations paranormales et inexpliquées, après 10 ans de quête de vérité sur l’existence d’une race alien, ce revival ne se complique pas l’existence : les aliens sont là, c’est une certitude, depuis l’accident de Roswell, pan majeur de cet épisode. Mais, ici, le sujet est revisité avec la volonté d’inscrire cette existence dans un large complot bien plus humain qu’extra-terrestre, contrairement aux bases de la mythologie de la série. Ce qui étonnera les spectateurs de l’époque.
Ainsi, ce premier épisode, en deux parties, la seconde diffusée en fin de saison, toujours sur la Fox, replongera les aficionados dans les intrigues de complot sans avoir le temps de dire ouf. Les autres devront suivre le rythme effréné des révélations et découvertes suite au retour de Mulder et Scully, qui lui aussi se fait en un claquement de doigts. Un tierce personnage viendra donner la réplique à notre duo d’ex-agents, incarné par un Joel McHale, un peu caricatural et superficiel.
Un épisode écrit pour envoyer un maximum d’informations tant sur l’état de nos deux protagonistes cultes, que l’intrigue qui est en train d’être mise en place. Le spectateur devra s’accrocher pour ne pas perdre une seule information tant elles seront en abondance. Si les habitués de la série marcheront en terrain connu sans être balisé, les curieux qui ne connaissent la série que de nom ou depuis peu, risquent d’être perdus eux aussi. C’est bien dommage car ce premier épisode prouve que X-Files a toujours du potentiel pour raconter des histoires stressantes (ici, l’effroi n’est pas vraiment au rendez-vous, cela dit). Des histoires qui bien évidemment feront réfléchir le spectateur sur notre condition et/ou notre société comme au bon vieux temps de la série en 1993-1998.
Trop chargé, peu de respirations
Ecrit par Chris Carter, ce premier épisode est extrêmement chargé, ne laissant certainement pas le temps à certains de se rendre compte, que non, nous ne sommes pas retournés dans le temps, et ce sont bien Mulder et Scully en 2016 qui reprennent du service. Il ne laisse pas le temps non plus aux acteurs de reprendre leurs marques avec leurs personnages tranquillement. Certaines séquences de dialogues entre David Duchovny et Gillian Anderson paraissent à tâtons, comme si ces derniers avaient encore du mal à retrouver ces personnages qu’ils ont délaissé depuis si longtemps.
Cependant, dans les séquences séparées, Mulder et Scully restent Mulder et Scully. Le jeu des acteurs s’est sans conteste amélioré avec le temps, et le spectateur aguerris appréciera de retrouver ses personnages. Mulder est tout aussi animé par la vérité, Scully plus calme et rationnelle, mais pas sceptique, ce qui aurait dénaturé l’évolution de cette dernière dans la série originelle.
Ici, on cherche clairement à en mettre plein la vue, à recommencer sur les chapeaux de roues, pour prouver que X-Files n’est pas morte, mais surtout toujours aussi forte que dans le temps. Si l’épisode, la musique de Mark Snow, Mitch Pileggi et le retour de William B. Davis en fin d’épisode sont bienvenus, il reste un « je-ne-sais-quoi » qui laisse dubitatif au visionnage.
X-Files peut-elle fonctionner à l’ère du Digital, de la 4G, d’idées de conspiration gouvernementale, à l’heure où la méfiance envers les institutions gouvernementales est devenue un sentiment quotidien sur lequel jouent même les politiques pour se faire élire ? Pour cela il faudra attendre la suite pour juger. Suite qui sera dans le dernier épisode de cette mini-saison, puisque les 4 suivants seront d’anthologie, à savoir des enquêtes annexes à la conspiration, les fameux « Monstre de la semaine » qui faisaient la marque de X-Files.
Crédit photos : © Fox
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