Ce soir sur OCS, Perry Mason fait son grand retour à la télévision après l’avoir quitté pendant près de 25 ans. Quid de Perry Mason cru 2020 ? La réponse en critique.
C’était l’annonce du reboot peut-être la moins marquante de ces dernières années télévisuelles, rythmées par les revisites, retours et autres réadaptations de films ou séries culte : Perry Mason.
Si ce retour inattendu n’a pas nécessairement déchaîné les foules, ni créés des émules chez les spectateurs, c’est peut-être parce que le personnage – bien qu’il ait marqué et rythmé l’histoire de la télévision procédurale américaine– a pu déjà être oublié.
En effet, pour les plus jeunes qui n’ont pas connu la télévision en noir et blanc, Perry Mason est originellement une série procédurale de 9 saisons créée pour la TV en 1957. Elle fera son premier comeback dans les années 80 sur CBS en 13 téléfilms entre 1987 et 1995. Voici que cette dernière s’offre une nouvelle relecture télévisuelle avec une mini-série signée HBO et créée par Rolin Jones (Broadwalk Empire) et Ron Fitzgerald (Weeds, Westworld).
Perry 2020
Un retour en grande pompe dans une nouvelle série policière, plus proche des romans originels, ceux qui ont donné naissance à ce culte de la télévision. Un retour convaincant et inédit, pour une série noire comme il en existe peu.
Dans Perry Mason, nous voyageons dans le Los Angeles des années 30, en pleine prohibition. La veille du nouvel an 1932 pour être plus précis. La cité des anges est en plein essor tandis que le reste du pays se remet de la Grande Dépression. Perry Mason est alors un jeune et modeste détective privé, torturé par la guerre, essayant tant bien que mal de se remettre de son mariage brisé. Lorsque l’enlèvement d’un enfant tourne mal, le détective se saisit de l’affaire et part en quête de vérité à travers Los Angeles. Son enquête va alors révéler une ville fracturée, rongée par le crime et la corruption.
Noirceur et dépression
Adeptes du film noir ou de romans policiers, Perry Mason est pour vous. Dans cette nouvelle série éponyme, le héros n’est pas un avocat qui enchaine les plaidoiries, tout du moins pas encore. Non, ici, on revient à la source des romans d’Earl Stanley Gardner. Des romans policiers qui sont devenus des classiques du genre outre-Atlantique, avec plus d’une cinquantaine de tomes.
Produit par Robert Downey Jr – le célèbre Iron Man des Marvel – qui s’est battu pour faire revenir le personnage sur les écrans depuis 2011, initialement au cinéma avant d’enfin avoir les grâces d’HBO, ce Perry Mason fait voyager ses spectateurs dans un Los Angeles méconnu. Une ville loin du glamour et d’Hollywood. Sous les traits de Matthew Rhys, Perry est un détective torturé et solitaire qui va se lancer dans une enquête sordide. Une enquête d’une noirceur profonde, dans la lignée des crimes d’une certaine True Detective.
Origin Story
Matthew Rhys excelle dans cette espèce « d’origin story » du personnage que beaucoup de nos parents ont suivi à la télévision. Il incarne de manière habitée un personnage un peu looser et marqué par son passé, la guerre, ainsi que l’échec de son mariage et l’éloignement avec son fils. Un détective paumé sans le sous, au poing de se fournir en vêtement auprès de la morgue. Un détective paumé, mais brillant.
Production de cachet
Avec une mise en scène digne des plus grandes séries ou du cinéma, une esthétique noire marquée, et des décors plus vrais que nature, à l’image de Penny Dreadful ou Broadwalk Empire, tous les marqueurs sont au rendez-vous pour souligner le genre de la série, du saxophone aux ruelles sombres et sans lumières, jusqu’aux fedoras.
Des marqueurs essentiels pour cette sorte de préquelle, qui nous fait vite oublier les séries que nous avons pu voir dans le passé. Comme une nouvelle réinvention du personnage. Un réinvention au plus proche du genre de son auteur et de l’imaginaire policier.
Crime et résonance
L’intrigue de Perry Mason est à la fois policière et dramatique. Chaque personnage a sa place et intérêt dans la série, du héros bien évidemment, à son confrère avocat (John Lithgow) en passant par Sister Alice (Tatiana Maslany) ou Lupe (Veronica Falcon). Des personnages aux enjeux et intérêts divers autour de cette intrigue criminelle sordide, campés par un casting de choix.
Dans une Amérique en proie à la misère, la criminalité, des policiers véreux et corrompus, mais aussi d’évangélistes extrémistes, Perry Mason montre une Amérique pas très loin de celle que nous connaissons aujourd’hui, pour une relecture de l’Histoire qui n’empêche pas l’analyse contemporaine, pour sa résonance avec l’actualité.
A voir !
En somme, Perry Mason est une excellente revisite d’un personnage de la télévision que nous pensions connaitre. Une revisite qui ne manque pas d’immerger le spectateur et fédérer ce dernier, avec son intrigue criminelle et les ressorts dramatiques hérités du genre.
Elle réussit surtout à proposer une série avec beaucoup de profondeur et de psychologie, dans une qualité de production irréprochable, pour un véritable voyage historique au-delà de l’enquête policière. Une série à saluer, pour un renouveau d’un culte inopiné et loin de ce qu’on aurait pu imaginer.
Perry Mason est diffusée dès le lundi 22 juin à 21:00 sur OCS City ou à la demande sur OCS Go.
Crédits : ©HBO
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