Réalisation : Paul Feig
Casting : Kristen Wiig, Melissa Mccarthy, Kate Mckinnon et Leslie Jones
Genres : Comedie, Action, Science-Fiction
Durée : 1H56 mn
Titre original : Ghostbusters (Etats Unis)
Année de production : 2016
Distributeur : Sony Pictures
Sortie en salles le 10 Août 2016
SOS Fantômes 3 est sorti en salles aujourd’hui : découvrez l’avis pas très enthousiaste du Cerveau, qui n’en peut plus du recyclage.
On le redoutait depuis l’annonce du projet et sa bande annonce, qui est la plus décriée du web : SOS Fantômes 3, qui est sorti aujourd’hui en France, est bien un simple remake de plus et sans rien de nouveau, à une époque où le recyclage est à la mode.
Nostalgie qui ne marche pas
Comme redouté, SOS Fantômes version 2016, signé Paul Feig, est bien un recyclage malvenu qu’on se serait bien passé de voir, porté par un fan-service outrageant. Même si le film essaie désespérément en deux heures d’avoir son propre ton, en tentant de se désolidariser parfois du film original, au-delà de son casting totalement féminin, il reste un bis-repetita du premier SOS Fantômes sorti il y a 32 ans au cinéma. Un remake qui surfe sur la nostalgie des années 80 et tout un culte de l’enfance de beaucoup de trentenaires d’aujourd’hui.
Pourtant l’intention de Paul Feig est honorable. Le réalisateur a tenté de faire de SOS Fantômes un film féministe et féminin. Il ose le personnage masculin réduit au rang d’objet stupide, en la personne de Chris Hemsworth. Un Chris Hemsworth loin de ce qu’on lui connaît d’ailleurs, qui excelle dans la comédie alors que jusqu’ici l’acteur était cantonné aux rôles de super-héros ou dramatiques. On apprécie la gaucherie de son personnage, Kevin, et toute la dérision autour de sa stupidité, pour un rôle qui sied bien à l’acteur australien, et qui change un peu de ce qu’on connaît du SOS Fantômes original.
Faux Féminisme
Malheureusement, malgré une mise à jour en effets spéciaux et humour gras, SOS Fantômes 3 n’apporte rien de nouveau au-delà de son envie de mettre en avant des femmes, à une époque où elles se sont déjà fait une place à l’écran. Même si Hollywood manque de films entièrement portés par des femmes et célébrant cette dernière dans des registres qui ne sont pas les leurs, avec SOS Fantômes 3, ça ne marche pas.
Pourtant, conduire des femmes dans le registre comique est le fonds de commerce de Paul Feig, qui jusqu’ici excellait dans l’exercice : de Bridesmaids à Spy en passant par Les Flingueuses. Le réalisateur qui aime faire rire avec les femmes, est loin d’illustrer son talent ou de mettre en avant ses personnages féminins dans le film, bien au contraire. Pâles copies en femmes des chasseurs de fantômes originaux – dont les acteurs seront salués en caméo, de Sigourney Weaver à Bill Murray – les chasseuses sont non seulement caricaturales, mais surtout stéréotypées. Un comble pour un film qui veut célébrer les femmes.
2016 n’est pas 1984
Ce que le réalisateur et scénariste de SOS Fantômes a oublié avec ce remake, c’est que nous sommes en 2016 et non dans les années 80. Ce qui passait à l’époque ne passe plus aujourd’hui, que ce soit les stéréotypes, raciaux avant tout, ou la misogynie. Si la misogynie n’est pas un problème dans ce film, les stéréotypes le sont : les femmes scientifiques ne sont pas nécessairement des mémères qui s’habillent comme des puritaines, comme dans les années 80, où ces dernières n’étaient dépeintes que comme des geeks pucelles qui n’ont pas eu d’autres choix que de consacrer leurs vies à la science.
Elles ne sont pas non plus des tarés rebelles associables aux allures de savante folle, qui ne parlent qu’en jargon Physique. Les afro-américaines qui vivent à New-York n’ont pas toutes, ou plus du tout en 2016, un accent -tiré au possible- du Bronx. Tout en étant débridées et excessives, histoire de bien souligner le quota ethnique, un peu comme Eddie Murphy à son époque. Si Leslie Jones s’est pris des remarques racistes par les trolls, son personnage à l’écran ne l’aide pas, parce que, pour le coup, l’écriture de cette agente de métro est si caricaturale, qu’elle exaspère, surtout à l’époque où nous vivons.
Melissa McCarthy quant à elle n’a jamais été aussi peu convaincante dans un personnage. Sa seule séquence un tantinet soit peu drôle est celle où elle est possédée, que tout le monde a pu voir dans les multiples extraits et bandes annonces.
Arrêtons avec les remakes
Ce qui désole est que le talent de grandes actrices, excellentes dans le registre comique, est gâché par SOS Fantômes. Au fil des séquences, on voit que les scénaristes ont eu très peu de liberté et un cahier des charges rempli de la part des studios. Quant à Paul Feig, il nous prouve que dès qu’il sort de son territoire et tente d’adapter une œuvre qui n’est pas la sienne, et loin de ses registres, de l’improvisation etc, il ne sait pas s’y prendre. Celui qui a su offrir à la femme une belle place au cinéma, dans des rôles qui sont loin de ceux qu’on leur offre, mais surtout, avec des films qui ne sont pas marketés pour des femmes, a réussi à être aux antipodes de ses intentions avec SOS Fantômes.
Même si le recyclage est exécuté avec tous les codes de la franchise, une grosse succession de clins-d’oeils à cette dernière, est visuellement irréprochable tant par ses effets spéciaux, sa musique, que sa réalisation, SOS Fantômes n’est qu’une redite sans vergogne du film original avec aucune réelle invention narrative. S’il est parfois rigolo, il est à maintes reprises désolant et affligeant, tout en rappelant que ce qui marche à une époque et devient culte, ne fonctionne pas nécessairement dans la nôtre.
Si le film n’est pas un ratage complet, car il reste cohérent et propose quand même une histoire divertissante (même si déjà-vue), il prouve une fois de plus qu’Hollywood devrait arrêter le recyclage de franchises et se concentrer sur l’original, surtout quand il s’agit d’exploiter des talents comme ceux-ci. Et de comprendre que quand un film prend le temps de répondre à ses détracteurs à travers des séquences remaniées à posteriori, ce n’est jamais bon signe. Foi de Cerveau.
SOS Fantôme 3 : Bande Annonce
Crédit photo : ©Sony
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