Retour sur une saison balisée et prévisible de Grey’s Anatomy, symptomatique d’une série agonisante depuis trois ans, et qui ne semble plus savoir quoi raconter pour continuer à exister au bout de 12 saisons.
Retour sur une saison assez banale de Grey’s Anatomy, articulée autour de Meredith et sa reconstruction avec ses sœurs et ses collègues. Une saison 12 qui confirme que la série phare du network ABC a fait le tour de tout ce qu’il y avait à raconter de fort et d’intéressant dans la série, proposant des intrigues et storylines inintéressantes mais surtout superficielles et stéréotypées, loin des grandes saisons qui ont fait la gloire de Grey’s Anatomy, et les beaux jours d’ABC. Cette saison 12 est-elle clairement la saison de trop ?
Meredith, plus forte que jamais
Si celle qui a offert son titre à cette série médicale n’était qu’un personnage principal parmi tant d’autres, avec une histoire d’amour légendaire, son héritage maternel particulier et son évolution dans sa carrière de chirurgien, elle devient enfin l’héroïne de sa série 11 ans plus tard, notamment suite à la mort de son mari Derek. Mise en avant comme jamais, elle n’offre pas nécessairement assez de substance pour immerger le spectateur dans son histoire, comme elle a pu le faire à l’époque ou Cristina partageait son statut d’héroïne.
Non, Meredith continue sa petite vie tranquille à Seattle, entourée de son « village », sa famille par procuration, malgré les drames qu’elle a vécu. Mère célibattante, elle n’envisage pas ou très peu l’idée de se remettre en couple et s’affirme comme une véritable femme forte, pilier et figure de proue de ses camarades et collègues. Si un épisode entier lui a été dédié, intitulé « The Sound of Silence », illustrant quelques faiblesses et une reconstruction difficile après une agression, ce n’est que pour mieux mettre en avant à quel point ce personnage, que la vie n’a pas épargné, reste digne et forte, pour tous ceux qui l’entoure. Une évolution étonnante d’un personnage qui pendant 10 ans était plus que torturée par tout le drama qui l’entourait.
Dans cette saison 12, on tient à donner à Meredith la place de Matriarche, la vraie, celle qui guide les autres, même sa belle-sœur, comme dans ce finale à son mariage, qui soutient Hunt et tente de jouer le médiateur avec Riggs. Malheureusement, elle ne convainc pas dans ce rôle de femme dure et forte, puisque Grey’s Anatomy, est une série dramatique avant tout, où l’on torture les personnages pour mieux les façonner et les faire évoluer, mieux raconter leur souffrance et leurs émotions, et non une série qui offre des happy-endings à répétitions.
Trop de joie, tue la joie
Cette saison, chaque ressort dramatique qui a été installé par l’écurie Shonda Rhimes n’a pas fonctionné ou été traité comme il aurait dû l’être, afin d’offrir à cette saison de Grey’s Anatomy de grandes histoires, digne des saisons marquantes de la série, du crash de l’avion, au cancer d’Izzie, en passant par la mort de Georges. Non. Les obstacles parsemés sur les multiples intrigues des personnages secondaires ne sont que des moyens de mieux faire avancer les personnages vers un happy ending ou un certain équilibre paisible. L’happy-ending, maitre mot de cette saison 12.
Ainsi, le couple Jackson et April, en danger en début de saison et sur le point de divorcer, divorcera mais pour mieux se rapprocher suite à une grossesse inattendue. Les quelques tensions et l’état de stress d’April quant à l’éventualité de revivre une grossesse à risque comme la précédente ne suffisent pas pour générer de l’émotion, mais surtout fatiguent le spectateur, puisque l’on sait très bien que tout va aller pour le mieux et que surtout, le couple, uni par cette grossesse, finira ensemble. Si ce n’est pas cette saison, ce sera la saison prochaine.
La rédemption de Ben, la bonne décision d’Arizona
Autre pan dramatique de cette saison : le côté tête brûlée de Ben, prenant des risques en chirurgie qui n’ont pas lieu d’être et qui lui vaudra une mise à pied et des tensions avec son épouse, Chef de Service. Une tension peu crédible, avec une Miranda plus passive que jamais et peu persuasive dans sa colère – elle qu’on a connu plus hargneuse – qui allait fatalement vers une rédemption et une réconciliation. Une réconciliation offerte dans ce final grâce à l’accouchement d’April dans des circonstances qui se voulaient hors normes. Une intrigue de couple, non seulement déjà vue, mais surtout balisée au possible avec une issue que le spectateur voit venir de très loin et réglée en deux temps trois mouvements.
L’autre source de tension cette dernière partie de saison vient de l’ex-couple Calzona, mères de la petite Sofia. Si l’on sait depuis la diffusion du final que Sara Ramirez quitte la série, les scénaristes ont décidé de torturer un peu le personnage, en lui retirant la garde de sa fille et l’empêchant d’aller à New York avec sa nouvelle petite-amie, avant de lui offrir un départ discret et heureux en dernière séquence de final. Une énième torture pour le couple Calzona qui avait déjà été trituré en long en large et en travers il y a deux saisons. Preuve que les scénaristes peinent à se renouveler….
Mariage…. Ou pas !
Une fois de plus cette saison de Grey’s Anatomy se termine sur un beau mariage, celui de Owen et Amelia. Un mariage cohérent certes, mais mal amené, puisque les scénaristes ont tenu, une fois de plus à jouer avec le spectateur sur l’hésitation d’Amelia, tout en sachant qu’elle finira par dire oui. Sans avoir l’effet de tension et de suspense voulu, cette intrigue pré-nuptiale aux fausses allures d’indécision exaspère le spectateur, qu’on a trop tendance à prendre pour une bille en imaginant que ces faux ressorts scénaristiques le feront tenir en haleine.
Faux ressorts scénaristiques et dramatiques qui sont l’apanage de Grey’s Anatomy depuis plus de 3 saisons. Si le Cerveau dit que la série est à l’agonie depuis sa saison 9, elle est désormais plus que prévisible. On avait deviné depuis plusieurs épisodes que Riggs et Meredith se rapprocheraient, mais aussi que Maggie aurait le béguin pour ce même homme. Histoire d’embêter un peu les deux sœurs, un peu trop proches, fusionnelles et tranquilles, en les mettant au cœur d’une tension dramatique grotesque et stéréotypée : le triangle amoureux.
Agonisante encore et toujours…
Et dernière chose des plus prévisibles, la raison pour laquelle Jo refuse d’épouser Alex : cette dernière serait déjà mariée par le passé et serait coincée car son passé terrible revient à la surface. Un passé sombre, qui l’a forcée à changer d’identité, chose qu’elle n’a jamais révélé à personne. Va-t-elle enfin avouer la vérité à Alex ? Réponse la saison prochaine, histoire de garder les quelques derniers spectateurs qui ont encore le courage de regarder la série, anesthésiés par ses multiples intrigues désormais superficielles et édulcorées.
Le Cerveau le répète depuis quelques années, Grey’s Anatomy aurait dû être annulée depuis longtemps. La série s’est clairement perdue dans les méandres des intrigues de ses multiples personnages, que plus aucun fil rouge n’est mis en place depuis deux saisons. Pire, la série ne sait plus raconter des histoires chocs, que ce soit dans ses intrigues médicales ou dramatiques concernant les personnages. Tout est balisé au possible, prévisible, et surtout trop gentillet et loin de la force narrative que la série a pu avoir dans le passé. Il est temps que l’écurie Shonda Rhimes abandonne une bonne fois pour toute son premier poulain, car clairement, elle s’en est désintéressée, et n’a plus rien de consistant ou de réellement captivant à raconter. Cessons la réanimation, Grey’s Anatomy est en fin de vie, laissons-la s’en aller avec le peu de dignité qui lui reste.
Crédit photo : © ABC
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