Critique d’une saison deux très décevante pour True Detective.
La saison 2 de True Detective avait comme principale difficulté de passer après une première saison presque parfaite, qui, au fil des mois, a été portée sur un piédestal. Il était inévitable que la seconde saison déçoive, les attentes étaient si hautes qu’elles en étaient inatteignables. Ce dont on ne se doutait pas, c’était que la déception serait si forte, si cruelle. La seconde saison de True Detective est mauvaise, Nic Pizzolatto n’a pas réussi à retrouver la formule magique de la première. Et pour ça, il y a de nombreuses raisons.
Des personnages faibles
Le premier défaut de la saison 2 de True Detective vient des personnages. Et, dans le cas de Frank, un très mauvais casting. Si Vince Vaughn n’est pas mauvais acteur et donne tout ce qu’il a, il n’arrive jamais à être crédible en méchant de la mafia. Il en devient même ridicule. Les dialogues qu’on lui a donné n’aident vraiment pas. S’il y a un vrai criminel dans cette saison, c’est bien le dialoguiste, et Frank n’est pas le seul à souffrir de ces répliques qui n’ont pas de sens, clichés, qui se veulent philosophiques mais qui ont autant de sagesse qu’un message viral sur Facebook. Tous ont leur lot de répliques ou monologues qui rentrent dans les annales par leur ridicule. Les clichés s’accumulent aussi dans de nombreuses scènes, ils sont trop nombreux pour les citer, mais on ne peut pas ne pas mentionner les hallucinations utilisées pour montrer la culpabilité que ressent un personnage. Un tel ressort est criminel à utiliser dans une série qui se veut de la qualité de True Detective.
Cela n’aide pas à s’attacher à des personnages très mal écrits. Nic Pizzolatto voulait des personnages sombres, en souffrance. Il leur a donné un passé très difficile à tous. Trop difficile. Il a eu la main bien trop lourde sur les malheurs qui sont arrivés, et continuent d’arriver aux personnages centraux. Si bien qu’ils perdent de la crédibilité, et sont loin d’être réaliste. En particulier le jeune Paul ou même Ani. On veut bien croire que dans la réalité des personnes vivent pires que ce qu’ils ont pu vivre, mais dans la fiction, cela ne passe pas. Difficile de s’attacher à des personnages que les créateurs n’ont pas réussi à rendre réel.
De plus, les relations entre ces derniers restent superficielles et sont rarement approfondies. Ils sont beaucoup trop individuels et séparés en début de saison. Ainsi, il est difficile encore une fois de croire à l’histoire naissante entre Ani et Ray, ou leur peine qui est sensée être immense à la mort de l’un d’entre eux.
Enquête confuse
Deuxième défaut, l’enquête elle-même. Là encore, comme avec la construction du passé des personnages, Nic Pizzolatto n’a pas su se modérer. Il souhaitait sûrement une affaire complexe et mystérieuse, pour que les fans de True Detective spéculent entre deux épisodes. Le résultat donne une enquête avec tant de circonvolutions qu’elle en devient confuse, avec, qui plus est, des victimes peu sympathiques. On est pas très sûr qu’on a envie que le coupable soit découvert quand la réaction devant le premier meurtre est “bon débarras”. Plus la saison avance, plus cela empire. Ils n’y a presque que des ripoux dans les divers personnages et la conspiration n’est pas assez bien installés, et ses conséquences sur des personnages innocents pas assez mise en valeur pour donner envie d’en découvrir les tenants et les aboutissants.
La résolution est cliché au possible, aussi bien dans le qui et le pourquoi tous les meurtres sont arrivés, que dans le sort des personnages principaux. En particulier Ani et son bébé surprise. Cela donne l’impression que Nic Pizzolatto avait en fait de quoi raconter une histoire en un film de 2h30 mais qu’il a dû ajouter des ressorts inutiles, des intrigues annexes polluantes pour pouvoir avoir les 8 épisodes commandés par HBO. Si la fin de la saison donne une conclusion avec des réponses, et avec un parallèle appréciable avec la saison 1, cela ne permet pas de sauver une intrigue bien trop capilotractée, avec de nombreuses scènes inutiles qui sont présentes que pour faire couler un peu d’encre. Le pire exemple reste celle de l’orgie.
Rythme et musique
Troisième défaut de cette saison 2 de True Detective : le rythme. C’est lent, très très lent. La lenteur était déjà présente dans la première saison, mais elle était maîtrisée, et permettaient de mieux mettre en place une ambiance, de représenter l’état d’esprit d’un personnage ou aggraver le suspense. La réalisation impeccable de Cary Fukunaga était beaucoup pour cela. Or, il était absent de cette saison 2, et cela se ressent. Si les nouveaux réalisateurs ne fautent pas vraiment, et offrent même certaines scènes excellentes – notamment celle de la fusillade – aucun n’a réussi à imposer un bon tempo à la saison. Ni à capturer l’ambiance des bas-fonds de Los Angeles et sa banlieue comme avait réussie Fukunaga avec la Louisiane.
La réalisation est à remettre en question ici, mais ce n’est pas la seul élément. La musique y est pour beaucoup. La saison 2 de True Detective souffre d’un très mauvais choix pour sa bande originale. Les morceaux choisis sont soit en dissonance avec l’ambiance que l’auteur a voulu créer, soit bien trop générique pour souligner le lieu de l’action. Par la surabondance de plans sur l’autoroute, il est clair que Pizzolatto souhaitaient faire de Los Angeles un personnage aussi présent que la Louisiane lors de la saison 1. Or, d’avoir choisi des musiques qu’on pourrait attendre n’importe où, et qui ne sont pas liées du tout avec la culture de la côte Ouest des Etats-Unis, il a raté le coche.
La saison 2 de True Detective est mauvaise, et pas uniquement car on attendait trop d’elle. Il existe de trop nombreux défauts pour que la déception soit du public, et des critiques soit ignoré par le simple fait que la série était avant cela sur un piédestal. Pizzolatto s’est simplement raté cette saison, il a souhaité trop en faire. Sans la direction de Fukunaga, cela ne passe simplement pas.
Crédits Images : ©HBO
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