Réalisateur : Pascal Morelli
Genre : Animation
Duree : 1H50 mn
Distributeur : Gebeka
Année de production : 2014
Sortie en salles le 21 Janvier 2015
Nouveau film d’animation du français Pascal Morelli, 108 Rois-Démons est un échec total, du début à la fin.
Depuis quelques années, les plus grands studios hollywoodiens d’animation viennent régulièrement pêcher de nouvelles recrues dans les écoles d’art française, notre notoriété en la matière allant croissante. Donc quand on annonce un film d’animation 100% français par un animateur qui a préféré rester plutôt que d’aller se dorer la pilule sous le soleil de Californie, déjà on reconnait le courage (ou l’inconscience), et on tend l’oeil pour voir ce que ça donne. Et après visionnage, on se dit qu’en effet, s’il est resté en France, c’est sûrement parce que personne ne lui a proposé de travailler ailleurs.
Hamlet au nuoc mam
Dans la Chine du XIIème siècle, l’Empereur est mystérieusement assassiné. Son fils le prince Duan est trop jeune pour régner mais heureusement, le général Gao, parfaitement fait pour le poste, est nommé régent. Alors que ce dernier cherche à se débarrasser du prince pour s’assurer la main-mise totale sur le trône, le jeune garçon est sauvé par l’envoyé céleste Zhang-le-Parfait. Le vieillard mystique va alors prendre Duan sous son aile pour l’éloigner de Gao mais surtout pour trouver quelqu’un qui saura le protéger et l’aider à récupérer le trône. Et ce quelqu’un, c’est une bande de pillards attachants que tout le monde semble prendre pour les légendaires 108 Rois-Démons, ceux-là même qu’on accuse de l’assassinat de l’Empereur. Coïncidence? Peut-être.
Paint pour les nuls
108 Rois-Démons est un désastre sur tous les plans. Absolument rien ne tient debout. Pour commencer, sur le plan graphique. Le seul début de bonne idée (les décors en aquarelle) est balayé par la médiocrité du reste au bout de 5 minutes de visionnage. Et c’est dommage parce que lorsqu’on sait l’ambition du projet et l’originalité de la réalisation (qui consistait à mélanger acteurs/images de synthèse/marionnettes/plans 2D), ç’aurait pu donner quelque chose d’intéressant. L’animation des protagonistes est une blague du début à la fin. On passe de personnages avec autant d’expressions qu’un tas de briques à d’autres pris de multiples rictus incompréhensibles.
Back in the 90’s
Se présentant dans un décors de Tigre et Dragon, il est logique pour le spectateur de s’attendre à des scènes de combats acrobatiques à couper le souffle. Sauf que l’animation ultra rigide, l’improbabilité des corps (Tête-de-léopard et Tourbillon-Noir ont l’air d’avoir les épaules au niveau des côtes) et le montage chaotique donne juste naissance à des confrontations brouillons et bâclées. Mais ce qui a sûrement le plus choqué le Cerveau, ce sont les multiples bugs de collision. Comment, en 2015, peut-on laisser passer des énormités telles qu’un verre traversant une joue quand un personnage boit ?
Fléchettes narratives
Et encore, si l’histoire était bien écrite et les personnages attachants… Même pas. Le prince Duan est insupportable au début car pourri gâté et à la fin car complètement passif et aussi gauche que quand on l’a connu. Aucune évolution du héros. Même la bande de hors-la-loi qui auraient pu être une compagnie de gaillards drôles et badass sont fades et sans profondeur. Ce phénomène découle de deux problèmes qui jalonnent tout le film : le montage absurde et les voix des acteurs qui donnent envie de se tailler les veines. Pour ce qui est du premier sujet, les scènes sont balancées les unes après les autres sans aucune connexion logique, comme si elles avaient été tirées au sort avant d’être enchaînées. Ce qui entraine un manque de développement des personnages et la perte de repaires chez les spectateurs.
La voix des morts
Ensuite, les acteurs doublant les personnages font preuve d’un manque de conviction dans leur jeu… On se croirait presque dans un nanar tant le discours est monocorde et les dialogues (ainsi que le scénario) semblent écrits par un élève de maternelle bourré. Moralité, les ennemis ne sont jamais menaçants, les gentils passent pour des abrutis finis et les protagonistes secondaires n’apportent absolument rien quel que soit le niveau. Ajoutez à cela un rythme de diction assommant qui ferait passer Derrick pour Eminem, et vous obtenez des dialogues qui en plus d’être inintéressants au possible sont d’une lenteur à toute épreuve. Dernier mot sur le scénario, qui en plus d’être une adaptation d’un roman, est une resucée des tragédies à la Hamlet (en passant par les réactualisations de Disney que sont le Roi Lion ou La Reine des Neiges), et qui arrive à rendre des situations déjà connues de tous absolument absurdes et vides de sens. Un sacré tour de force.
108 Rois-Démons est une purge. 1h50 d’incompréhension, de hasard total et qui crache sur les règles de cinéma les plus tacites. Le Cerveau est sûrement beaucoup trop sévère avec lui et le film a peut-être vécu de nombreux problèmes lors de sa réalisation (comme le manque de budget expliquant une fin avec quasiment que des vrais acteurs et tournée pendant la nuit). Mais ça ne justifie pas le fait qu’on sorte en salle un résultat aussi bancal et terminé avec du scotch. De plus, impossible de déterminer à qui 108 Rois-Démons s’adresse tant il oscille entre gags faciles, morts d’enfants, insultes et discours moraliste.
108 Rois-Démons : Bande-annonce
Crédits : ©Gebeka
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