Critique d’un mauvais pilote pour The Mysteries of Laura.
NBC lançait hier soir sa nouvelle série policière : The Mysteries of Laura avec Debra Messing dans le rôle du détective Laura Diamond, une femme-flic plutôt douée pour résoudre des crimes mais une mère célibataire bientôt divorcée, totalement dépassée par ses jumeaux, qui sont surtout des petits monstres de 6 ans, des délinquants juvéniles en puissance. Et pour mieux arranger les choses, son futur ex-mari refuse de signer les papiers du divorce, est un père très sympathique mais plutôt irresponsable. Et pour mieux compliquer la vie de Laura, il va devenir le capitaine de son unité.
Réalisé par McG et écrit par Jeff Rake, créateur de la série, ce premier épisode dévoile le vrai mystère de cette série : Comment a-t-elle réussi à être programmée ?
Sous-Castle
The Mysteries of Laura aurait pu être une série intéressante sur le papier. Mais l’exécution est pauvre. La première enquête de Laura est oubliée dès que l’épisode se termine et ne sait pas mettre en place les qualités d’enquêtrice de la jeune femme. Si elle découvre le coupable, c’est surtout par un coup de chance et parce qu’elle le connaissait bien en amont. Ses méthodes peu orthodoxes ont été déjà vues comme Monk, Mentalist ou même Psych. L’humour dans l’enquête de police se veut proche de Castle, devenue spécialiste dans la légéreté au milieu des crimes horribles. Mysteries of Laura est loin de réussir aussi bien que la série de ABC.
Le personnage est très mal installé aussi dans sa qualité de mère. Si durant l’épisode plusieurs personnages assurent qu’elle est une bonne mère, on n’en voit jamais la preuve. Rake a oublié une des règles d’or de la narration audiovisuelle : il faut montrer plutôt que dire. Surtout quand, pour l’humour, on voit la mère droguer ses fils à coup de sirop pour la toux, quitte à les rendre malades, et être généralement totalement dépassée par ses petits diables.
Dans ce pilote, il semblerait que le téléspectateur doit comprendre qu’en réalité, il est impossible d’avoir un boulot à plein temps et être mère célibataire, et donc Laura est une sur-femme encore plus extraordinaire que toutes les autres pour plus ou moins réussir à faire les deux. Des millions de femmes dans le monde existent pour prouver que c’est plutôt commun comme situation de nos jours, et que, généralement, ça ne résulte pas avec des petits monstres qui se font virer de l’école maternelle ou ne s’urine pas l’un sur l’autre en pleine rue à l’âge de 6 ans, une voiture absolument dégoûtante et retrouver les affaires des gamins, quand ce ne sont pas les gamins eux-mêmes, sur son lieu de travail.
Excellente Messing
Pour autant, Debra Messing fait ce qu’elle peut, et arrive à sauver quelques scènes, en particulier dans sa peau de flic qui sait ce qu’elle veut ou dans les scènes plus comiques. Mais les gags et situations sont si téléphonés, que les yeux de téléspectateurs sont trop occupés à se lever vers le ciel pour la voir s’échiner à sauver The Mysteries of Laura.
Et ce ne sont pas les personnages secondaires qui sauvent la série. Entre l’aide de camp un peu efféminée et plus assistant personnel que flic lui-même (Hello, NYPD Blue), la fliquette dure et très respectueuse des règlements qui ne peut s’empêcher de chercher des noises à Laura, et le futur ex-mari irresponsable mais qui a ses moments, aucun personnage ne se démarque. Et ceci, c’est sans compter le partenaire de Laura qu’on peut décrire comme l’archétype parfait du Partenaire Noir dans les séries télévisées, ce qui est loin d’être un compliment, ou une chose à faire.
Série datée
La pilote de The Mysteries of Laura ne laisse pas non plus beaucoup d’espoirs d’amélioration. Certes, les scénaristes peuvent réussir dans l’avenir à mieux équilibrer les petits défauts agaçants de Laura avec ses qualités de mère et de flic et apporter plus de nuances et d’auto-dérision à la série en général. Ils peuvent réussir à trouver des crimes un peu plus originaux, même si cela va être difficile dans la pleïade de séries policières qui existent. Rien n’est jamais perdu, surtout dans un procedural.
Cependant, le sujet de la série en lui-même n’est pas attirant. Comment, en 2014, on peut encore poser la question : une femme peut-elle être à la fois élever ses enfants et avoir une carrière ? Surtout quand tant d’autres séries avant elle y ont répondu et de manière bien plus belle.
Crédits Images : ©NBC
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