Réalisateurs : Peter Greenaway, Edgar Pêra, Jean-Luc Godard
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h10
Distributeur : Urban Distributions
Année de production : 2013
Sortie en salle le 30 avril 2014
Quand la 3D rencontre 3 réalisateurs atypiques, on obtient 3x3D, une réflexion sur le futur du cinéma sans profondeur.
Soit-disant nouvelle grosse révolution de l’industrie cinématographique, la 3D s’invite désormais partout dans cette ère post-Avatar. La 3D décomplexée, on en met partout, surtout quand ce n’est pas utile. Mais pas pour tout le monde. 3 réalisateurs hors du circuit hollywoodien, Peter Greenaway, Edgar Pêra et Jean-Luc Godard, s’emparent de ce sujet pour en faire un objet de réflexion compris dans 3 courts métrages. Postulat soporifique pour certains, concept attisant la curiosité pour d’autres. Mais qu’en est il réellement ? Et y’a t il un intérêt réel ?
Une éternité au musée (Just in time – Peter Greenaway)
Le premier des trois courts métrages est un plan séquence de 20 minutes où le spectateur, alors plongé dans l’image par une caméra subjective, fait trois fois le tour d’un musée à différentes époques de l’humanité. Des hommes des cavernes à la Renaissance en passant par les Croisades, le décor reste le même mais les protagonistes et les œuvres présents sur les côtés du rail que le « visiteur » suit changent au fil des passages.
Si le concept ne paye pas de mine du point de vue innovation, il a au moins le mérite d’intégrer la 3D non pas comme réflexion en cours mais comme moyen abouti qu’il utilise et qu’il intègre à son projet. Ca ne rend pas le visionnage pour autant intéressant ou révolutionnaire. Au contraire, ça reste une visite au musée avec son cortège de lenteurs et de piétinements. Les gros pavés de textes situés à côtés de chaque saynètes que passe le spectateur ont l’air intéressants mais il n’a jamais le temps de les lire dans leur intégralité. Une visite au musée où on ne s’arrête pas pour admirer les œuvres. Dommage. Mais c’est en 3D ! Ça parait simple, bête et méchant, mais au vue des travaux de ses 2 autres comparses, apparemment, ce n’est pas si simple.
Dévolution (Ciné-Sapiens – Edgar Pêra)
Illustre inconnu, Edgar Pêra s’invite entre Greenaway et Godard pour offrir sa vision de la 3D au cinéma. Sa réflexion s’articule autour de l’apparition d’une nouvelle évolution de l’espèce humaine n’existant que par l’écran : le Ciné-Sapiens. Être de sons et d’images, il hypnotise ses adorateurs, les spectateurs, les fait rêver, pour prendre leur place dans la réalité et ainsi exister. Enfin du moins, c’est ce qui semble se passer à l’écran. Parce que concrètement, Pêra bombarde le spectateur d’images loufoques, allant piocher du côté d’Holy Motors ou La Cité des Enfants perdus, mais dans le but de perdre l’audience plus qu’autre chose. On cherche, on se pose des questions, on rationalise ce qu’on voit, mais la suite s’enchaînant plus rapidement que ce qu’on arrive à comprendre, on perd la fin de la réflexion, nous laissant avec des bribes de conclusions raturées et balbutiantes. Et la 3D me direz vous ? Ici elle est plus le sujet même du court métrage qu’un moyen en lui-même, contrairement à ce que Greenaway a pu proposer dans la première partie même si on l’aperçoit de temps en temps quand le protagoniste tend les bras vers l’avant pour attraper le spectateur et l’entrainer derrière l’écran à sa place.
Hors-sujet (Les 3 désastres – Jean-Luc Godard)
Éternel rebelle face à l’industrie du cinéma et remettant constamment en question ses codes, Godard revient avec ce court métrage aussi prétentieux que ses réalisations précédentes. Stroboscopique d’images tirées de documentaires, de dialogues qui semblent avoir été choisis aléatoirement, Les 3 désastres donne l’impression de bien porter son nom. Quelle qu’ai été son idée de départ, le résultat est un enchaînement imbitable de situations aussi détachées les unes des autres. Le vice est même poussé à son paroxysme quand le réalisateur s’amuse à couper sons et images pendant une quinzaine de secondes. Problème technique ou bras d’honneur tendu fièrement au nez de l’industrie et donc du spectateur, victime collatérale de ce combat donquichottesque ? Ok on a compris que le cinéma qu’il imaginait était mort avant même d’être né. Mais stop, la Nouvelle Vague a fait assez de mal à l’industrie française. Il est temps de débrancher tout ça et d’avancer. Et pour la 3D, soit le postulat de départ de cette collaboration, elle fait de brèves apparitions aux moments des titres. Mais comme Godard il est trop anti-conformiste, on en met pas plus. Et pan dans les dents vilaine industrie du cinéma, tu as mal maintenant hein ?
Résultat très inégal pour ce 3x3D qui ne remplit même pas au tiers son contrat puisque cette fameuse 3D n’est utilisée que dans le premier court métrage, et encore de façon très esthétique sans véritable réflexion allant avec. On obtient au final un OVNI cinématographique dont on ne sait pas trop quoi penser, rationnellement. On se rattache donc à ce qu’on a ressenti, à savoir de l’ennui, de la frustration et de l’incompréhension. C’est dommage, ç’aurait été bien d’avoir autre chose que l’éculé Avatar comme travail de référence sur la 3D. Ça sera pour une autre fois.
3x3D : Bande annonce
Crédits : ©Urban Distribution
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur