Elementary termine sa première saison sur un retournement de situation époustouflant pour une nouvelle série bien meilleure que ce à quoi on s’attendait. (Attention Heavy Spoilers).
Elementary est l’une des surprises de cette saison 2012/2013. Avait-on besoin d’une autre série relatant les aventures de Sherlock Holmes dans le monde moderne ? Clairement non, Sherlock de Steven Moffat l’a très bien fait. Cependant, Elementary a su tirer son épingle du jeu en s’éloignant le plus possible de l’histoire originelle créée par Sir Arthur Conan Doyle. Dès le début, on savait que Joan Watson était une femme, première différence. Tout le long de la saison, ces petites différences se sont accumulées, jusqu’au double épisode final, dont on ne voit pas venir les divers retournements de situations et révélations, dont le plus grand : la véritable identité de Moriarty.
Toute la saison a construit un mythe autour du nemesis de Sherlock, Moriarty. Ce grand méchant qui joue avec l’esprit du grand enquêteur, celui qui a tué The Woman, le grand amour de Sherlock Holmes : Irene Adler. Mais Moriarty a-t-il vraiment tué Irene ? La réponse arrive dans le cliff-hanger dès la semaine dernière : non Irene Adler est toujours en vie. Et pour cause, le double-épisode final nous apprend que si Moriarty avait tué Irene Adler, cela aurait été un suicide.
The Woman
Car en effet, et c’est l’excellente idée des scénaristes d‘Elementary, Irene Adler, incarnée par l’excellente Natalie Dormer, n’est nulle autre que Moriarty. Les scénaristes ont joué avec ce que l’on croit savoir d’une oeuvre qu’on connait tous et ont mis leur propre twist dedans. Les puristes haïront, les autres apprécieront l’audace.
Moriarty, grand criminel avant même qu’il rencontre Sherlock, a crée l’identité d’Adler pour séduire Holmes, l’étudier et le détruire car il empêchait l’accomplissement de trop de ses plans lorsqu’il travaillait pour Scotland Yard. Mais là où les scénaristes réussissent leur pari, c’est qu’Adler/Moriarty n’est pas froide. Elle est vraiment tombée amoureuse de Holmes, ce qui a compliqué grandement son plan, puisqu’elle était alors incapable de le tuer. Un retournement de situation qui donne une nouvelle dimension au personnage et le rend d’autant plus intéressant. Cela rend aussi Sherlock encore plus complexe qu’il ne l’était déjà, car lui aussi a été stupide et est tombé amoureux.
L’excellente idée des scénaristes a été aussi de nous montrer comment Irene Adler et Sherlock Holmes sont tombés amoureux et le début de leur relation avant de révéler la véritable identité d’Irene. Le téléspectateur s’attache alors au couple, à leur histoire d’amour, rend Irene d’autant plus sympathique. Quand la vérité surgit, c’est d’autant plus surprenant et permet de compatir encore plus à la douleur de Holmes, si ce n’est la ressentir soi-même.
Un excellent timing, grande qualité de la série en général. Mais aussi hors écran. Avec CBS qui dévoile si tôt le synopsis du season premiere de la saison 2, qui envoie Holmes à Londres, on s’attendait à ce que Moriarty/Adler disparaisse à la fin de l’épisode. Ce n’est pas le cas. A voir si la série saura survivre sans la némésis de Sherlock, ou si cette dernière trouvera un moyen de s’échapper et de frapper à nouveau. Holmes, et surtout Watson, là aussi belle surprise, arrivent à mettre fin à Moriarty/Adler. Double surprise puisque le piège préparé par Holmes est si convaincant que même le spectateur y croit. En effet, il est plus que plausible qu’un ancien toxicomane, sobre depuis seulement un an retombe dans la drogue après que l’amour de sa vie se révèle être son plus grand ennemi.
Watson, l’Héroïne
Le season finale est à l’image de la saison entière. Le jeu des acteurs est fantastique, Jonny Lee Miller en particulier. Mention spéciale aussi et surtout à Lucy Liu en Joan Watson. Si elle est la compagne de sobriété de Holmes au début de la série, pour devenir ensuite son apprentie en tant qu’enquêtrice, elle représente aussi beaucoup plus que cela. Elle est son propre personnage et peut exister sans Holmes. Et si elle reste auprès du Détective, ce n’est pas uniquement pour les enquêtes, par pure bonté d’âme ou parce que Doyle a donné un side-kick à Holmes et qu’on ne pourrait pas s’en passer. Il est très bien montré qu’elle a ses propres problèmes et qu’elle a ses propres raisons personnelles, et pas si saines que ça, de rester auprès de Holmes. Il est aussi appréciable qu’on ne joue pas sur l’origine asiatique de Lucy Liu et ne rende pas Watson un cliché de Ninja féminin. Cela devient même une blague puisque Holmes gronde régulièrement Watson pour ne pas être capable de se défendre. Et Watson est parfaitement incapable de distinguer un art martial d’un autre.
Cependant elle a ses qualités d’enquêtrice à elle. Un trait du personnage construit dès la mi-saison qui permet de rendre plausible qu’elle devienne celle qui, au final, arrêtera Moriarty. Elementary a su développer une belle continuité pour rendre les twists et surprises de son season finale plausibles et rarement tirés par les cheveux. Que Watson déduise plusieurs éléments est crédible puisqu’on a vu Holmes l’entraîner à ça depuis plusieurs épisodes.
Belle écriture
Les personnages en une saison évoluent aussi pleinement. On les voit grandir et leurs complexités sont approfondies. On attend de la seconde saison une mise en lumière sur les personnages secondaires même si déjà, on a une petite idée de qui ils sont. On espère que les scénaristes trouveront la ressource pour fournir des mystères aussi intéressant d’épisode en épisode qu’ils l’ont été cette saison. Et le Cerveau prie pour qu’ils ne cèdent pas au sirène du ship, qui détruirait la relation amicale particulièrement bien écrite entre Holmes et Watson. Pour une fois qu’un homme et une femme peuvent être amis sans coucher ensemble ni ressentir des sentiments plus profond, on ne va pas s’en priver.
Elementary n’est pas pour les puristes. Loin de là. Sa filiation avec les aventures de Sherlock Holmes lui porterait même plutôt préjudice, tant l’envie de comparer avec toutes les autres adaptations. La série aurait très bien pu fonctionner avec des personnages originaux. Vouloir surfer sur la vague Sherlock a fait parler d’elle mais lui fait plus de mal que de bien. Cependant, si on arrive à oublier ses origines, ou accepter qu’un auteur quel qu’il soit mette son grain de sel dans un histoire aussi iconique, Elementary devient alors une excellente série policière.
Crédits Images : ©CBS
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