L’oscarisé Jean Dujardin et Cécile de France offrent une belle histoire d’amour sur fond d’espionnage. Möbius, un film d’Éric Rochant , déjà l’un des meilleurs films de l’année.

Möbius, c’est l’histoire de Moïse ou plutôt Gregory Lioubov (Jean Dujardin), un agent des services secrets russe. En mission à Monaco, où il surveille un homme d’affaires russe, Rostovsky (Tim Roth), son équipe recrute une certaine Alice (Cécile de France), experte en finance qui devra les aider à faire tomber l’oligarque. Mais lorsqu’il pense que l’affaire lui échappe, Gregory rompt les codes et commet une grosse erreur : il tombe amoureux d’Alice.

Une histoire aboutie

Éric Rochant a mis 5 ans à écrire Möbius et cela se ressent. Le film est crédible et travaillé dans les moindres détails. Avant tout, une histoire d’amour sur fond d’espionnage,  Möbius ne délaisse aucun aspect de son histoire pour en privilégier un autre.

Dans un premier temps, le film semble être un film d’espionnage plus proche de planque de policière et de filature comme dans The Wire (Sur écoute), mais le coup de foudre entre Moïse et Alice change la donne du film, qui devient une histoire d’amour entre deux personnes dans une situation impossible.

Tension

À l’image du personnage de Moïse/Gregory qui fait d’Alice sa priorité sans pour autant négliger sa mission, Möbius met la romance au premier plan, sans oublier le reste.

Möbius progresse de façon constante sans que le spectateur ne s’en rende compte, happé par l’histoire. Le film passe des enjeux amoureux aux enjeux politiques très facilement rajoutant une pression supplémentaire sur cette histoire d’amour. Le jeu du chat et de la souris du FSB et de la CIA, se servant chacun à leur tour d’Alice ou de Gregory comme pion sur l’échiquier mondial, donne une dimension plus grande et plus dangereuse au film. À tout moment, tout pourrait s’effondrer. C’est cette tension et l’envie de voir Alice et Gregory aller au bout de leur romance qui porte Möbius et tient en haleine jusqu’au bout, avec tous les différents éléments gravitant autour des amants qui finissent par jouer leur rôle dans cette histoire. Malgré le ton sérieux de l’histoire, le scénario de Möbius ne néglige pas l’humour, qui est intelligemment intégré au film.

Une interprétation irréprochable

Möbius ne serait pas un bon film, s’il n’avait pas un bon casting. Avec un scénario aussi bien ficelé et des personnages très bien définis, il fallait des acteurs aux épaules assez larges pour porter le film. Jean Dujardin et Cécile de France offrent une interprétation au-delà de toute attente. Et pourtant après l’Oscar, Dujardin était très attendu. L’acteur prouve  dans Möbius qu’il ne l’a pas volé, mais surtout qu’il est très versatile. Il y a tout un monde voire un univers entre Hubert Bonisseur de La Bath (OSS 117) et Gregory Liubov.

 

Cécile de France est séduisante en Alice et totalement crédible lorsqu’elle parle de produit financier au nom barbare, elle aussi montre à quel point elle est versatile (on est loin de la caissière du Mcdo dans le clip de Disiz La Peste «je pète les  plombs») et a largement sa place au top des actrices francophone. Comme le film repose totalement sur la crédibilité de l’histoire d’amour entre Alice et Gregory. Les deux acteurs donnent donc au film cette crédibilité en interprétant leur rôle avec justesse. Les scènes d’amours du film sont fortes, justes et intimes, sous la direction d’Eric Rochant,  elles ne ressemblent à rien d’autre au cinéma où on a rarement vu des scènes aussi saisissantes.

Möbius compte également une myriade de seconds rôles de haut vol. Tim Roth est terrifiant dans son rôle milliardaire russe peu expressif, mais assez pour savoir qu’il est dangereux. Son homme de main l’est tout autant. Emilie Dequenne apporte une seconde touche de féminité au film, en contraste avec le personnage d’Alice, bien que complémentaire.

Une vision complète

Le réalisateur Éric Rochant réalise avec Möbius un des meilleurs films de l’année et nous ne sommes qu’en février ! Comme il l’a expliqué, il avait une vision très claire de ce qu’il voulait et de comment l’obtenir. Car Möbius est un film d’auteur et lorsque l’on écrit et réalise son propre film, on se doit d’avoir une idée très précise : rien n’est laissé au hasard, les décors, la musique, les costumes. L’univers du film est complet.

La musique du film, composé par Jonathan Morali (du groupe Syd Matters) sait quand s’effacer pour laissé la place au jeu des acteurs, créant ainsi une atmosphère sonore qui accompagne parfaitement le film.

Möbius, comme la figure topographique dont il porte le nom, est une réussite qui nous amène simultanément de deux côtés de la même histoire. Difficile de rater ce film avec deux acteurs en grande forme, un scénario très bien travaillé et un réalisateur exceptionnel. Incontournable.

 

Möbius – Bande Annonce

credit photos : ©Europacorp