Retraçant l’histoire de petit Emmanuel et de la famille qui s’en est occupée, Operacíon E donne un visage aux héros ordinaire du conflit colombien.
Operacíon E raconte l’histoire de Jose Crisanto, un père colombien qui nourrit sa famille grâce à la culture de la cocaïne qu’il vend aux Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC). Mais un jour ses clients débarquent chez lui avec un bébé malade dont ils lui ordonnent de prendre soin. Jose Crisanto va devoir s’occuper de l’enfant dont il ignore la véritable identité, tout en prenant les bonnes décisions pour sa famille sur laquelle pèse la menace FARC.
L’Histoire qu’on ne trouve pas les manuels scolaire
Avec Operacíon E, le spectateur découvre un pan du conflit colombien totalement inconnu par les pays occidentaux. Directement transposé dans la jungle colombienne et dans la famille de Crisanto, Operacíon E offre un point de vue nouveau sur les conflit politique de ce pays d’Amérique Latine, qui bien qu’on s’y soit attardé suite à l’enlèvement d’Ingrid Bettancourt, nous ne connaissons que vaguement. Celui d’un agriculteur qui pendant deux ans va être un héros inconnu au centre d’un conflit dont l’ampleur des répercussions dépendant de lui. Se retrouvant dans une situation impossible, il est difficile de ne pas ressentir un goût d’injustice lorsque l’on prend conscience que cette histoire est basée sur des faits réels.
Operacíon E montre que loin des caméras, des micros et des médias, il existe des histoires qui ont des impacts sur le monde et qui sont ignorées.
Sur les épaules
Toute la crédibilité du film repose sur les épaules de Luis Tosar. L’acteur espagnol aux trois Goya (César espagnol) démontre dans ce film qu’il n’a pas volé ses récompenses. Son interprétation de Crisanto est équilibrée : celle d’un homme prit dans un engrenage qui le dépasse et qui fait ce qu’il peut pour survivre. Alors que le sort de son pays pèse sur ses épaules.
À la fois attachant et comique à son insu, le Crisanto du film capte le spectateur et donne envie de le suivre dans son périple et de l’aider à s’en sortir. Luis Tosar arrive à trouver le point d’équilibre qui rend le personnage attachant. Dans un environnement diamétralement opposé au nôtre, où les enfants peuvent être emportés par les FARC à n’importe quel moment et où nourrir sa famille peut être difficile, on se surprend à se demander ce que l’on ferait dans une situation semblable.
Martina Garcia, qui interprète la femme de Crisanto est également une force du film, jouant une mère de famille nombreuse voulant croire en son mari, mais devant également mettre la sécurité de ses enfants en priorité. Trimbalée par le sort et son époux dans la Colombie, la complicité entre Martina Garcia et les enfants est réelle et ajoute à la crédibilité de la famille.
Crescendo
La réalisation de Miguel Courtois Partenina va crescendo pendant le film. Partant de la jungle verte colombienne aux rues grises de Bogota, le montage, la photographie et le rythme du film suivent les évènements et accompagne de façon cohérente l’histoire. La scène de la naissance du petit Emmanuel est un bel exemple de cinéma.
Le réalisateur arrive à raconter l’histoire de Crisanto sans tomber dans les travers du style documentaire, sur la vie en Colombie dans un climat politique particulier et dangereux. En centrant son récit sur un individu et sa famille, il donne à l’histoire une dimension humaine et offre des visages à tous les anonymes touchés par les répercussions des guerres civiles.
Operacíon E est un bon film, qui permet de voir une facette inconnue l’histoire récente de la Colombie. Porter par un bon casting et une belle réalisation. Pour en savoir plus sur le film, Luis Tosar et Miguel Courtois Paternina, respectivement acteur et réalisateur, se sont livrés pour interview autour de leur film, dans les salles le 28 novembre.
OPERACION E – Bande Annonce
Crédit Photo ©Europacorp
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