Paddy Considine signe avec Tyrannosaur un premier film tout en finesse, touchant et réussissant même à surprendre le spectateur.

Multi-récompensé dans de nombreux festivals, Tyrannosaur, premier essai à la réalisation de l’acteur Paddy Considine, sort enfin dans les salles françaises. Film touchant, esthétiquement réussi, bien réalisé, il est clairement le premier film d’un jeune réalisateur de talent. Avec un sujet délicat à traiter, il arrive contre toute attente à surprendre le spectateur sans jamais verser dans le cliché.

Synopsis

Dans un quartier populaire de Glasgow, Joseph est en proie à de violents tourments à la suite de la disparition de sa femme. Un jour, il rencontre Hannah. Très croyante, elle tente de réconforter cet être sauvage. Mais derrière son apparente sérénité se cache un lourd fardeau : elle a sans doute autant besoin de lui, que lui d’elle.

Un casting impeccable

Le casting de Tyrannosaur est la clef de la réussite de ce long métrage : Peter Mullan et Olivia Colman campent tous deux deux êtres sensibles, fragiles, qui ont besoin l’un de l’autre pour pouvoir retrouver un bonheur perdu. Le titre même du film illustre les démons qui hantent Joseph : il donnait ce surnom à sa femme qu’il maltraitait car lorsqu’elle montait les escaliers, elle faisait trembler le sol jusqu’à rendre visibles les vibrations sur un verre d’eau. L’interprétation de Mullan est à la fois froide, intense et transpire les souffrances de son personnage incontrôlable en apparence.

Olivia Colman est une Hannah toute en émotion, avec un jeu d’acteur terriblement efficace. Sans aucun misérabilisme, sans aucun cliché, on se laisse totalement absorber, aspirer par ses scènes qui sont criantes de vérité, rappelant la situation dans laquelle les femmes maltraitées se trouvent. Son interprétation est complémentaire avec celle de Mullan et l’alchimie entre les personnages est non seulement émouvante, mais parfaitement réaliste. Eddie Marsan, de son côté, est troublant dans ce rôle de mari abusif.

Une réalisation scotchante

La réalisation de Tyrannosaur, sobre, est scotchante. Entre les moments de rencontre entre les personnages, une bande originale très bien choisie tant au niveau des compositions que des reprises, une utilisation variée des plans, Paddy Considine signe un premier film qui traite sans clichés de la violence faite aux femmes et de la rédemption possible. La violence présentée n’est jamais voyeuriste. Toujours montrée de telle sorte qu’on ressente la honte intérieure de ceux qui en souffrent, auteur comme victime.

Tyrannosaur est l’une des surprises de 2011 qu’il faut absolument voir. Film sur la violence faite aux femmes et la possibilité de rédemption, il est touchant sans jamais verser dans la pitié. On reste dans l’observation, on cherche à comprendre, voire à pardonner, avec une conclusion touchante que personne ne voit venir. Paddy Considine montre qu’il est un jeune réalisateur sobrement efficace qui comptera.

Bande-annonce


Crédits photo ©Distrib Films