Éditeur : Ubisoft
Développeur : Ubisoft Montréal
Type : Action / Aventure
Plate-formes : PS4 / XboxOne / PC
Plate-forme testée : PS4
Sortie le 13 novembre 2014
Oyez oyez Révolutionnaires de tous poils, Assassin’s Creed Unity, l’épisode narrant l’un des événements les plus importants de notre Histoire Française débarque sur console. Qu’on lui coupe la tête ?
Celui-là, tous les gameurs français (voire plus) l’attendaient au tournant. En même temps, avec sa manie de revisiter des époques historiques importantes, la série des Assassin’s Creed était obligée de faire une halte par l’Histoire de France. C’est donc dans la ferveur générale qu’Assassin’s Creed Unity est sorti la semaine dernière. Et après un week-end d’avis très divisés sur le jeu allant de l’encensement messianique pour son univers à la crucifixion pure et simple pour son manque de finitions et de précision historique, il est temps pour le Cerveau de délivrer son avis éclairé. Alors on enlève ses culottes, on chope le bonnet phrygien et rendez-vous sur le parvis de Notre-Dame avec des torches et des fourches. Les Templiers ne vont pas se décapiter tous seuls.
Va, je ne te hais point
Tout commence à la fin du XVIIIème siècle à Versailles. Période trouble dans l’Histoire de la France puisque le peuple gronde. Il a faim et ni les nobles ni le Roi ne semblent pas trop vouloir lui donner du pain. On fait donc la connaissance d’un jeune bourgeois, Arno, et de sa soeur adoptive Elise. Le père de notre héros s’étant fait assassiner sous ses yeux étant petit, il a été recueilli par le père de son amie. Mais comme il est français, peu lui importe, il aime Elise et elle l’aime. Seulement voila, quand le père d’Elise se fait lui aussi assassiner, Arno est accusé à tort et envoyé à la Bastille. Là, il fait la connaissance de la Confrérie des Assassins et profite de la célèbre Prise de la Bastille pour prendre la poudre d’escampette et rejoindre les acrobates vidéoludiques. Au fil de son enquête pour blanchir son nom (et accessoirement suivre le credo des Assassins), Arno apprend que la famille de son aimée, ainsi qu’elle-même, font partie des Templiers, les ennemis mortels des Assassins ! Triste révélation pour notre défenseur des opprimés qui va devoir trouver sa place entre les factions, face à la femme qu’il aime, mais aussi dans l’Histoire qui s’écrit sous ses lames.
Paris gagné
Clairement, ce n’est pas ce mauvais mélange entre Shakespeare, Corneille et Dan Brown qui donne envie à tout à chacun de prendre un manette et de jouer à Assassin’s Creed Unity. Ce qui a été vendu, c’est quand même visiter Paris au XVIIIème. Et nom d’un petit bonhomme en bois, le joueur va en voir du pays. De la visite de monument au fameux syndrôme Google Maps « hé-regarde-c’est-là-où-j’habite », le bonheur est total. Arpenter les rues de la capitale n’a jamais été aussi plaisant. On escalade des bâtiments, on bouscule des gens, on en rencontre d’autres, on va rive gauche, rive droite, Île de la Cité, Île Saint-Louis… Il y a tant à faire et à voir que le joueur ne sait clairement pas où donner de la tête. D’ailleurs, chose qui pourra sûrement en rebuter plus d’un, le HUD est véritablement omniprésent. Ca clignote sur l’écran comme un sapin de Noël dans tous les sens, de la fenêtre d’astuces à celle de l’objectif en passant par les missions aléatoires etc… Heureusement, il est possible de l’enlever par simple pression sur l’un des stick. Cependant, l’aire de jeu grouille de vie et tout semble si cohérent. Il suffit de juste ouvrir la carte pour voir toutes les icônes dessus. Impossible de faire 5 mètres sans avoir une tâches à accomplir ou un objet à récupérer. Et comme le XVIIIème siècle ne suffisait pas, des failles temporelles dans le jeu permettront de visiter Paris à d’autres prériodes ! C’est dingue. Un peu trop d’ailleurs.
Calmons le jeu
Cette liberté totale fait malheureusement tomber Assassin’s Creed Unity dans un défaut commun à tous les jeux à environnements ouverts : la perte du fil narratif. Au final, le joueur se fiche un peu d’Arno et de ses motivations, ce qui n’est pas plus mal puisqu’elles sont potentiellement inintéressantes. Tout ce qu’il veut, c’est découvrir de nouveaux endroits, rencontrer des nouveaux personnages historiques. Et là, Ubisoft a mis le paquet. Mirabeau, Dumas, Napoléon, Marie-Antoinette… Tellement qu’on a plus l’impression d’un casting effectué pour un fan-service qu’un véritable soucis historique. Mais après tout, personne n’a demandé à Assassin’s Creed Unity de devenir la nouvelle caution de l’éducation nationale sur l’Histoire de France. Nous avons affaire à un jeu qui est là pour stimuler l’imaginaire du joueur, sans plus. Un jeu, ou toute autre oeuvre culturelle contemporaine, n’est pas là pour remplacer un témoin d’une époque donnée. Ca serait comme prendre 300 pour un récit exact de ce qui s’est passé aux Thermopiles. Il s’agit d’une reproduction libre. Si le joueur veut en apprendre plus sur l’époque, rien ne vaut les textes qui y ont été écrits. L’effort est louable et cela aide à la reconnaissance du média. Du moment qu’on ne le prend pas au pied de la lettre juste pour critiquer facilement.
Pour quelques assassins de plus
Là où réside la grande nouveauté qui devrait nettement plus faire débat (et non les défauts techniques réglés à la sortie ou les inexactitudes historiques inhérentes à l’interprétation contemporaine), c’est dans les tournants freenium et communautaire qu’a pris un jeu AAA sur console. En effet, lors de la quête d’Arno, il sera possible d’effectuer des missions en multi-joueur qui feront gagner aux participants des points permettant d’accélérer l’évolution de son avatar. Il en va de même pour les coffres qui ne sont disponibles qu’en connectant la console à un compte uPlay sur lequel le joueur aura cumulé des points en enregistrant les copies des précédents épisodes Assassin’s Creed. Les fans de la série seront récompensés pour leur fidélité mais les néophytes se sentiront lésés de ne pouvoir obtenir autant de contenus que les plus anciens.
Cross-média
Dernière possibilité de débloquer du contenu (inhérent ou supplémentaire, tout dépend du point de vue), c’est de connecter Assassin’s Creed Unity à l’application Assassin’s Creed Unity Companion App. Cet ajout mobile / tablette reprend le gameplay des quêtes de confrérie d’Assassin’s Cree Révélations où il faut envoyer des compagnons assassins remplir des missions calculées en temps réel. Une fois ces missions remplies, Arno sera capable d’ouvrir les coffres bleus dissimulés dans Paris, lui permettant d’accéder à du contenu exclusif. Cette dimension pourra paraitre restrictive pour certains (surtout quand il s’agit de télécharger la version Prénium qui est payante…), mais le jeu sur mobile / tablette devient terriblement addictif et permet de passer le temps entre deux parties sur console avant d’y retourner récupérer son dû. Dans le concept, c’est diabolique, dans les faits, c’est plutôt bien pensé.
Assassin’s Creed Unity, malgré son slogan « Unis pour la liberté », a clairement de quoi diviser. Si les afficionados de la série pensent pouvoir y jouer comme les précédents, c’est possible même si la frustration de ne pas pouvoir débloquer par des exploits in-game sera bel et bien présente. Les conditions restrictives se multiplient au fil de l’aventure (connexion à uPlay, trouver des amis, télécharger l’application…). Cela dit, tout cela est en quelque sorte contre-balancé par l’immensité du contenu déjà présent, notamment au niveau de la personnalisation d’Arno avec sa pléthore de costumes, d’armes et de capacités. Paris est vivant, possède de multiples facettes, le joueur a toujours énormément à faire, que ça soit seul ou accompagné. Ubisoft a su renouer avec les bases de la série (après s’être quelque peu perdu en route avec Assassin’s Creed III et IV) tout en y ajoutant des nouveautés de game design, plaisantes ou non en fonction de comment on aborde le jeu. Pour ce qui est de la Révolution Française… Pardon, quelle Révolution Française ?
Assassin’s Creed Unity : Trailer de sortie
Crédits : ©Ubisoft
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