Critique de Tapie, la série Netflix inspirée de la vie et du parcours du célèbre homme d’affaires, Bernard Tapie.
Cette semaine, Netflix a lancé Tapie, une série de 7 épisodes co-créée par Tristan Séguéla (Rattrapage) et Olivier Demangel (Baron Noir), qui retrace la vie et le parcours du célèbre homme d’affaires, Bernard Tapie, de 1966 à 1997, soit de sa courte carrière de chanteur à son incarcération à la prison de la santé.
Tapie, disparu en 2021, a en effet eu de multiples carrières : chanteur, entrepreneur repreneur d’usines au bord de la faillite, présentateur télé, ministre de la République, président de l’Olympique de Marseille… Il a même plus tard été acteur, mais cette partie de sa vie n’est pas explorée dans la série puisqu’elle ne va pas au-delà de 1997.
C’est donc la vie d’un homme aux multiples facettes qui est retracée, mais il convient de noter que beaucoup de détails dans la série sont fictionnels, une chose que la série rappelle à chaque début d’épisode.
De grandes ambitions
Déterminé à avoir du succès à tout prix, nous suivons alors ce fils d’ouvrier originaire d’Aubervilliers avec de grands rêves, qui tente de « conquérir la France » tout en jonglant famille et business du mieux qu’il peut, mais ses aspirations trop ambitieuses, le mèneront parfois à sa perte. Au fur et à mesure des épisodes, le téléspectateur est porté à travers ses succès et ses échecs entrepreneuriaux, sa vie personnelle jusqu’à son incarcération pour avoir truqué le match de football qui opposait l’OM à Valenciennes.
Laurent Lafitte (de la Comédie Française) incarne un Tapie parfois excessif mais avec justesse, n’en faisant jamais trop dans son jeu. C’est un exercice difficile d’incarner une figure aussi forte que Tapie sans en faire des tonnes et Lafitte y parvient parfaitement. Au fil de la série, on le voit se fondre derrière cette forte personnalité, même si physiquement (en dehors de la coiffure et des vêtements), il n’y a pas une énorme transformation. Cela dit, il est bluffant, c’est un excellent choix de casting.
Librement inspirée de faits réels
Dans son ensemble, la série est assez intéressante même si une grande partie est fictionnelle, notamment les événements qui entourent sa famille et en particulier sa seconde épouse Dominique. (La veuve de Tapie a d’ailleurs confié à Europe 1 qu’elle ne se reconnaissait pas dans le personnage, joué par la Césarisée Joséphine Japy). Si le personnage de Dominique est loin de la vérité, elle reste un élément fort de la série, une femme presque aussi déterminée que son mari. Ses enfants sont aussi de la fiction puisque dans la vie il en a eu quatre et que la série n’en dépeint que deux.
Tapie est ainsi plus une fiction plutôt qu’une véritable série biopic, elle n’est pas un portrait fidèle de cet homme aux milles vies. Il est donc difficile de décerner le vrai du faux, ce qui est par moment déroutant et se fait poser des questions. La série fait aussi pas mal d’ellipses, n’expliquant pas comment le magnat a acquis l’OM ou Adidas, ce qui assez frustrant.
Sa carrière politique reste aussi en surface, ne traitant que d’un passage express au Ministère de la Ville (même s’il n’a pas tenu le poste très longtemps, il a été nommé ministre 2 fois sous le gouvernement de Pierre Bérégovoy) et faisant l’impasse sur ses mandats de député français et européen ainsi que son poste de conseiller général des Bouches-du-Rhônes.
Si l’on prend la série telle qu’elle est, elle n’est pas désagréable à regarder, traversant différentes époques assez bien représentées à l’écran. Même si certains détails penchent plus vers la fiction, c’est assez réussi. Et si elle est vendue comme une mini-série, il y aurait de quoi faire une seconde saison parce que la vie de Tapie ne s’arrête pas en 1997. Après sa sortie de prison, il a continué à être dans les médias avec notamment une carrière de patron de presse mais aussi d’acteur.
Tapie est disponible sur Netflix.
Crédit ©Netflix
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