Réalisation : Ava Duvernay
Casting : Storm Reid, Reese Witherspoon et Chris Pine.
Genres : Fantastique, Aventure
Titre original : A Wrinkle In Time
Pays : Etats-Unis
Année de production : 2017
Durée : 1h49
Distribution : Disney
Sortie en salles le 14 Mars 2018
Un raccourci dans le temps sort ce mercredi en salle. Sans raccourci, la critique qui va vous éviter de perdre du temps.
C’est le film le plus cher réalisé par une réalisatrice afro-américaine. Celle qui a été nommée aux Oscars pour Selma, Ava Duvernay, propose dès mercredi en salle le dernier blockbuster en live action de Disney avec une héroïne afro-américaine.
L’intrigue de Un raccourci dans le temps raconte l’histoire de Mag et son voyage initiatique à la recherche de son père. Comme la plupart des collégiens, Meg Murry manque d’assurance et tente de trouver sa place. Intelligente (ses parents sont des scientifiques mondialement connus), elle possède – tout comme son petit frère Charles Wallace – un don rare qu’elle ne n’a pas encore exploité. La disparition inexpliquée de son père va l’amener à faire la connaissance de trois guides célestes – Mrs. Which, Mrs. Whatsit et Mrs. Who– venues sur Terre pour l’aider à le retrouver. Accompagnée de Calvin, un camarade de classe, elle trouve au cours de sa quête un raccourci spatiotemporel l’entraînant vers des mondes insoupçonnés sur lesquels règne un personnage maléfique…
Catastrophe
L’attente était à son paroxysme et la découverte à hauteur de la déception promise par la bande-annonce du film. Un raccourci dans le temps était l’une des productions Disney les plus attendues de l’année. Un film qui veut réimaginer le monde de Mickey avec plus de multiculturalisme et diversité, plus de féminisme, et moins de princes charmants, à l’image des films d’animations La Reine des Neiges ou Vaiana : la légende du bout du monde.
Le résultat ? Le Cerveau ne va pas prendre de détour (et un raccourci) pour le dire : une catastrophe. Une vraie catastrophe de plus de 100 millions de dollars qui, en lieu et place de servir les minorités et leur offrir une visibilité et représentation digne (comme dans Black Panther), dessert ces derniers à coup de bons sentiments « we are the world ». Le tout, agrémenté de stéréotypes niaiseux, dans des décors dignes d’une production musicale lycéenne clinquante à coup de paillettes et maquillage pétillant, dans la veine de Priscilla Folle du Désert.
Black Eyed Peas
Amis fans de Benetton ou de la famille Angelina Jolie-Pitt, vous allez être ravis. Pour le métissage, Un raccourci dans le temps ne fait pas dans le léger et propose une famille « Black eyed Peas »: Père blanc aux yeux bleus (Chris Pine en mode hipster savant fou) mère afro-britannique (GuGu Mbatha), héroïne ado métisse à lunettes toute mignonne avec les cheveux frisés (#BlackHairPride) et petit frère surdoué, adopté, d’origine asiatique.
L’intérêt amoureux de l’héroïne est un petit blanc, et côté déesses/créatures fantastiques venues d’ailleurs (le Cerveau n’a toujours pas trop compris si c’était des fées ou des aliens), la diversité est tout aussi représentée avec une actrice d’origine Indienne (Mindy Kaling), une afro-américaine (Oprah Winfrey) en grand sage, et Reese Witherspoon dans la peau d’une créature mi-humaine – mi feuille de palmier qui vole – (et re-mi-humaine derrière). Foi de Cerveau, on n’a jamais vu autant de diversité dans un film pour enfants depuis longtemps.
Aucune subtilité
Pour le multiculturalisme, Ava Duvernay n’a clairement pas fait dans le subtil ou la légèreté côté casting. Côté narratif, ce n’est pas mieux. Entre une intrigue décousue et expéditive, des dialogues exaspérants et des enfants qui ne sont pas très convaincants dans leurs interprétations, la subtilité n’était pas le maître mot d’Un raccourci dans le temp. Aucune subtilité, que ce soit dans le discours et les engagements choisis dans l’intrigue ou toutles messages que la firme de la souris aux grandes oreilles veut véhiculer, comme l’acceptation de soi – surtout d’un point de vue capillaire.
Amis aux cheveux frisés, certaines répliques vont vous exaspérer. On parle aussi de dépassement de soi, ou de l’importance de s’intéresser à la science. Mais surtout, ce qui a le plus choqué le Cerveau : l’impact de la disparition du père sur sa fille, qui depuis, n’a plus aucun goût à la vie (c’est Freud ou Œdipe qui vont être contents).
Quote of the day, every minute of the day
Tout le film n’est qu’une succession de messages dignes d’une « quote of the day » à l’image des répliques du personnage de Mindy Calling, qui ne parle qu’en Maximes (les deux premières fois, c’est rigolo… La 26ème c’est juste…. Chiant). Messages que le Cerveau résumerait ainsi. « Accepte-toi, connais-toi toi-même, être populaire n’est pas important, regarde-toi à travers celui qui t’aime, soit bienveillante, et aime tes parents… Et assume tes cheveux ! » (Oui le Cerveau ne s’est toujours pas remis d’une scène où l’héroïne, en danger, prend le temps de se laver les cheveux… Face à l’ado qui lui rappelle une fois de plus qu’il « adore ses cheveux »… insérez soupir exaspéré ici).
Beau mais trop clinquant
Subtilité absente aussi côté visuel, avec des effets spéciaux à foison, souvent criards et over-the-top, dans des couleurs qui pourraient presque provoquer une cataracte chez les anciens qui accompagnent leurs petiots en salle. Ava Duvernay propose des univers et des voyages dans le temps criant de réalismes mais tellement proche d’une attraction de parc qu’on en perd la magie ou la fascination. Le Voyage de Meg se fait presque sans émotion tout le long du film, et pourrait même rebuter certains.
Premier essai raté
Il est bien dommage qu’un film censé aider les minorités et la diversité à l’écran propose une production aussi catastrophique en tous points. Pour un premier film à énorme budget réalisépar une femme afro-américaine, fait rare, on aurait aimé quelque chose de moins lisse, et qui n’aurait pas succombé à la facilité et un discours aussi peu subtil concernant le métissage et l’acceptation.
Cela dit, Un raccourci dans le temps aura au moins le mérite d’une chose grâce au personnage d’Oprah, en déesse imposante et gargantuesque. Ce dernier permet au film de réaliser le rêve de beaucoup d’Américains, faire de l’ancienne animatrice de talk-show, une déesse céleste sanctifiée, philosophe et grand sage maternel. Pas sûr que le public français partage ce rêve.
Un Raccourci dans le Temps : Bande Annonce
Crédit photos : ©Disney
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