Selma : Le combat d'un homme et d'une nation

Critique de Selma, film d’Ava DuVernay sur le combat de Martin Luther King sur l’égalité des droits civiques, avec un David Oyelowo formidable dans le rôle principal.

Synopsis

Selma retrace la lutte historique du Dr Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens.
Une dangereuse et terrifiante campagne qui s’est achevée par une longue marche, depuis la ville de Selma jusqu’à celle de Montgomery, en Alabama, et qui a conduit le président Jonhson à signer la loi sur le droit de vote en 1965.

Porté par sa star

selma-le-combat-dun-homme-et-dune-nation-1 Cela faisait des années qu’Hollywood cherchait à monter ce film Selma. Dans un premier temps, Lee Daniels était attaché en tant que réalisateur mais a abandonné après multiples obstacles. A l’époque David Oyelowo était déjà envisagé dans le rôle principal. C’est un personnage qui lui tenait à coeur et qu’il a toujours voulu interpréter. A la première lecture, il s’est attaché au rôle et ne l’a pas lâché. Et il a bien fait de s’y accrocher car l’acteur britannique est parfait dans son interprétation de l’activiste américain. On n’est pas dans une imitation, on est dans une véritable interprétation de Martin Luther King. Oyelowo vit son personnage à fond et lui rend justice en ce terme. La puissance de la parole de Martin Luther King est transcrite avec justesse par l’acteur qui se donne coeur et âme. On sent qu’il est lui-même touché par l’histoire et donc, se met dans la peau de King à 100%.

Un combat important

Dans Selma, Martin Luther King, figure emblématique du combat des droits des noirs aux Etat-Unis, souhaite organiser une marche pour protester afin que tout le monde puisse voter sans avoir de problèmes ou être rejeté pour le moindre vice de forme. Mais cette marche sera difficile à réaliser avant que l’événement ne soit médiatisé et ne touche le coeur de l’Amérique entière. King prône la non-violence et la première tentative de passage du pont va être difficile. Il y a une véritable résonance avec les événements tragiques de ces derniers mois aux Etats-Unis avec les morts de noirs-américains par des policiers. Les décès de Michael Brown et Eric Garner sont devenus les nouveaux symboles d’une lutte qui n’est pas finie aux Etats-Unis. Une lutte raciale qui continue dans le pays même avec un président noir à sa tête. Le film arrive donc dans un drôle de timing et renvoie à cette époque des années 60. Et si on voit les progrès qui ont été fait en cinquante ans, on voit aussi que certaines choses n’avancent pas beaucoup.

Une réalisation nuancée

Si parfois le film semble un peu lisse et consensuel dans la personnalité de King, il reste important pour l’Histoire et le message qu’il véhicule. Le comportement parfois peu respectable de King envers sa femme est à peine effleuré ce qui est dommage mais ce que le film veut faire avant tout, c’est raconter l’histoire de ce combat de droits civiques et il y arrive. Ce n’est donc pas un véritable biopic sur l’homme Martin Luther King mais plus un moment dans sa vie et le combat qu’il a mené à bien. Cependant, la réalisatrice et le scénariste Paul Webb ont tout de même réussi à donner une humanité à King, sans l’écorcher complètement mais sans non plus faire de lui un saint. En tant que spectateur, on se laisse complètement emporté par le film et son message fort. Ava Duvernay a mis beaucoup de coeur dans son film et on le ressent vraiment quand on est dans la salle. Il y a clairement une emphase sur la dramaturgie qui pourrait être surfaite mais DuVernay arrive à trouver un bon équilibre et fait passer les émotions à merveille surtout dans l’une des premières scènes du film qui vous prendra de court et vous laissera sans voix. Il a aussi une violence qui est parfois dure mais nécessaire de montrer. Selma n’est pas un chef-d’oeuvre, loin de là mais c’est un film qui éduque et éclaire un pan de l’histoire américaine que les plus jeunes ne connaissent pas forcément. Une histoire proche qui n’est pas si loin de notre époque et nous rappelle sans arrêt que le combat pour la liberté et le droit de vote n’est pas fini dans d’autre partie du monde.