Arte diffuse la série suédoise Real Humans : réflexion peu originale mais bien amenée sur l’humanité.
L’intelligence artificielle et les androïdes fascinent l’imagination des êtres humains modernes. On ne compte plus les oeuvres de science-fiction dont ils sont les héros. Qu’ils soient guerriers, comme dans Terminator, ou domestiques, comme les hubots dans Real Humans.
Real Humans, la série suédoise créée par Lars Lundström ne propose rien de nouveau. Pour celui qui a une culture transmedia, aura lu Asimov ou Philip K. Dick, regardé 2001 l’odyssée de l’espace, Terminator et surtout eXistenZ , ou encore aura suivi Battlestar Galactica ou la saga Matrix (et Animatrix) avec attention, le propos de Real humans ne surprend pas. Bien sûr, les hubots ne sont qu’un prétexte pour mieux s’interroger sur la nature humaine. Qu’est-ce qui fait de nous des êtres humains ? Avec une métaphore, peu subtile, de l’esclavagisme, au passage, mais ça c’était obligatoire. Comme HAL, Skynet, les machines de la Matrice, ou les Cylons, les Hubots ne font qu’imiter leurs créateurs, ou utilisateurs. Que ce soit par les mensonges, le meurtre, la déviance sexuelle, aussi, dans Real Humans, les défauts des robots, androïdes et autres intelligences articifielles ne sont toujours que l’imitation de notre nature humaine. Et si, un jour, ils se retournent contre nous, n’est-ce pas de notre faute ?
Les hubots sont des humains comme les autres
Real Humans montre très bien que l’homme a créé un être doué d’intelligence, avec une capacité de raisonnement et de décision autonome et indépendante, en bref, un libre-arbitre et, ils semblent être doués d’une capacité émotionnelle. Bien entendu, malgré tous ces traits propres à un être humain, les hommes les traitent comme des machines, comme des esclaves. Et après, on s’étonne qu’une poignée de robots va se révolter dans le sang et la violence. De plus, puisque les Hubots sont présents pour pallier les faiblesses des humains et que les humains ne sont jamais très bons à prendre leurs responsabilités, ils accusent les robots de prendre leur place et sont animés d’une haine parfois meurtrière envers les droïdes.
Ce dernier point est particulièrement bien mis en lumière avec le personnage de Roger dans Real Humans. Roger est un homme fainéant et néglige sa famille. Les hubots professionnels, qui représentent 98% des employés de la chaîne de l’usine qu’il supervise font un meilleur travail que lui, son hubot domestique est beaucoup plus attentif que lui à sa femme et son fils. Roger ne se remettra pas en question. Roger va tabasser son hubot domestique et adopter l’idéologie des Real Humans, le mouvement anti-hubots, le pendant des extrémistes de l’extrême droite dans notre réalité.
Heureusement, tous les humains ne sont pas des salauds. Ici, dans la famille Engman, le grand-père s’est réellement attaché à son Hubot, le traite presque comme un fils, le père et les enfants sont intrigués et curieux, la mère est méfiante sans pour autant interdire ni condamner l’utilisation des hubots totalement. Léo, être humain au sein de la rébellion hubots et amoureux d’une hubotte, semble pour le moment être le seul personnage à reconnaître que les hubots, sont tout aussi humains que les autres.
Un bel équilibre
Real Humans atteint ainsi un bel équilibre qui donne son intérêt à la série, qui l’empêche de tomber dans le cliché des méchants humains contre gentils robots, ou vice-versa. Les personnages sont complexes et multi-dimensionnels, on reste, toujours, dans les zones de gris. De plus, même si les intrigues tardent un peu à démarrer, on s’attache aux personnages, et oui même à Roger, très rapidement, on a envie de suivre leur vie et leurs aventures. Les acteurs, tous, sans exception, sont à remercier ici, en particulier ceux qui incarnent des robots, capables de faire passer des émotions malgré un visage, forcément, de glace.
Dans sa philosophie, ses questions, Real Humans n’apporte rien de nouveau, rien d’innovant. Son originalité vient surtout de sa volonté d’éviter le manichéisme et l’ambiance paradoxalement peu futuriste. Mais cela reste, assurément une très bonne série agréable à suivre. Arte ne s’est pas trompée en la choisissant et les 1,3 millions de téléspectateurs cumulés jeudi 4 avril, lors de sa diffusion, le prouvent.
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