Critique de La Voleuse de Livres, un long métrage touchant malgré ses défauts.

La voleuse de Livres est L’histoire de Liesel, une jeune fille envoyée dans sa famille d’adoption allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle apprend à lire avec le soutien de sa nouvelle famille, et de Max, un réfugié Juif qu’ils cachent sous leurs escaliers. Pour Liesel et Max, le pouvoir des mots ainsi que leur propre imagination vont devenir leur seule échappatoire face à la guerre.

la-voleuse-de-livres-fable-touchante-course

La Voleuse de Livres commence avec une belle originalité : l’histoire est narrée par La Mort, un narrateur bien spécial avec quelques pointes d’humour noir appréciables. Une originalité qui plonge très vite le spectateur dans le long métrage. Qu’est-ce qui est de si spécial en Liesel pour que la Mort s’amourache d’elle ? Le point d’entrée est très fort, intrigue le spectateur dès les premières minutes. Cela permet aussi de rappeler à d’autres moments du film que les personnages vivent dans un danger constant. Elle contraste par exemple l’enthousiasme pour la guerre exprimé des enfants inconscients avec la dure réalité : :”Ils pensent qu’ils courent pour tuer leur ennemi quand souvent ils courent dans mes bras”. Une réalité encore plus tragique du fait que les enfants acteurs ont souvent des gueules d’anges et savent jouer dessus, en particulier le jeune Nicola Liersh dans le rôle de Rudy.

L’amour de la lecture

la-voleuse-de-livres-fable-touchante-autodafe

La Voleuse de Livres est un hymne à la lecture, à l’imaginaire, échappatoire essentiel de Liesel face à la guerre, la mort de son frère, la déportation de sa communiste de mère. Un hymne aux pouvoirs des mots, qui va bien au-delà des convictions politiques. De Max, le réfugier juif, à la femme du S.S. du coin, en passant bien sûr par Liesel et son père adoptif, l’amour de la lecture est leur point commun, ce qui les rapproche. Le réveil aussi pour Liesel, au départ jeune fille au passé dramatique mais qui se laissait porter plus ou moins par le régime, sans trop y réfléchir, jusqu’à une autodafé où elle commet son premier acte de transgression en volant un livre dans les cendres encore fumante et où on commence à deviner que même certains membres du partie Nazi ont leurs doutes.

Néanmoins, le film est rarement politique et la montée du nazisme ne reste qu’une toile de fond. Ce n’est pas vraiment l’histoire de ce conte. Cependant, La voleuse de livres ne se prive pas de montrer comment les plus jeunes étaient manipulés jusqu’à l’école pour embrasser les idéaux du régime Nazi, possède quelques scènes difficiles où des S.S utilisent des juifs, hommes et femmes sans distinction comme punching-ball et n’hésitent pas à se montrer violents contre les enfants. Cela contraste les scènes plus intimes et légère dans la rue du Paradis où vivent nos personnages. Une légèreté qui dérangera certains, mais qui rappelle surtout que les enfants restent des enfants, qui continueront à courir, à jouer au foot, à rire et à rêver même dans les pires situations.

Excellent acteurs

la-voleuse-de-livres-fable-touchante-calin

La Voleuse de Livres souffre cependant de quelques longueurs, de dialogue parfois trop clichés ou faciles avec des répliques entendues dans des dizaines de films avec une réalisation simpliste. Très linéaire, le scénario n’offre que de trop rares surprises. Cependant, cela reste un film très émouvant. La jeune Sophie Nélisse offre une prestation sans faille qui sait toucher le téléspectateurs. Son duo avec Geoffrey Rush, lui aussi impeccable, tout en tendresse et puissant, mais pas autant que la relation entre la jeune Liesel et Rosa incarnée avec brio par Emily Watson. Une relation qui évolue tout au long du film dans un bon rythme où l’aigreur de Rosa s’efface peu à peu tandis que la carapace de Liesel s’estompe.

Avec La Voleuse de Livres, le réalisateur, Brian Perceval signe une belle fable souvent émouvante sur le pouvoir de l’éducation, de l’amitié et de l’amour. Le film donne aussi un certain éclairage sur un thème qu’on voit que trop rarement, les civils allemands durant la seconde guerre mondiale. Parce que non, tous les allemands n’étaient pas des Nazis prêts à tout pour tuer du juif, et les bombardements alliés ont tué des innocents. Se placer du point de vue des allemands durant la seconde guerre mondiale peut être difficile, voire impossible pour les esprits les plus manichéens et étriqués, qui ont besoin d’une claire définition du gentil et du méchant pour que leur monde soit en paix. Mais avec un peu d’effort, et sans s’attendre à un brûlot politique, il est possible d’apprécier le film à sa juste valeur : une fable sur une petite fille sauvée sur tous les points grâce à son amour des livres.

La voleuse de Livres – Bande annonce

Crédits Image : ©20th Century Fox