Mash-up de trois contes classiques italiens, Tale of Tales est l’équivalent d’une histoire d’avant dormir mais racontée par une grand-mère gâteuse.

Adapter les contes classiques au cinéma, Disney le fait déjà depuis une paye, et ce très bien. La firme à la souris a longtemps parié sur le jeune public, réadaptant des contes parfois violents et sombres pour une plus jeune audience. Par contre, quand il s’agit de les raconter tel quel et de les transposer au grand écran pour un public averti, les tentatives sont légions et les résultats… mitigés. Tale of Tales ne déroge malheureusement pas à la rêgle.

Il était trois fois…

Tale of Tales illus2Dans un monde imaginaire, trois royaumes voisins vivent des aventures étranges et pleines de magie. Dans le premier, la reine ne pouvant enfanter fait appel à un sorcier. Celui-ci lui promet un enfant si elle mange le coeur d’un monstre cuit par une vierge. Le roi trépasse de son combat contre le monstre mais la reine tombe enceinte, de même que la virginale cuisinière. Naquirent deux albinos identiques comme des jumeaux. Dans le deuxième royaume, un roi bien solitaire délaisse la compagnie de sa fille pour se lier d’amitié avec une étrange bestiole qui finira par le fasciner. Enfin, le troisième royaume est dirigé par un roi lubrique qui après une soirée arrosé, tombera amoureux d’une inconnue. Cette dernière, hideuse et malade, lui promettra son amour en échange de promesses de plus en plus saugrenue jusqu’à la sordide découverte du souverain. Trois royaumes, trois histoires, trois destinées aussi étranges les unes que les autres.

Terryfiant

Visuellement, Tale of Tales est une bombe. L’univers graphique dépeint est sublime, fourmille de détails en tous genres, donnant au film une personnalité bien particulière. L’intégralité des plan est iconique tant la mise en scène est léchée. Les trouvailles visuelles sont d’ailleurs originales et bienvenues (un monstre marin ? mettons un axolotl géant). Le tout est appuyé par une bande son royale et un casting qui entre parfaitement dans le moule de leurs rôles. Mention spéciale pour Salma Hayek en mère surprotectrice et Vincent Cassel en obsédé sexuel. Des personnages limite faits sur mesure. Toute cette mise en scène fait grandement penser au montypitesque Terry Gilliam qui lui-même s’était essayé à l’adaptation de contes avec Les Frères Grimm. Là aussi la partie graphique était aux petits oignons mais la réalisation et le scénario laissaient à désirer.

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Conte à rebours

Tale of Tales illus3Une belle mise en scène est une chose. Si derrière la réalisation ne suit pas, difficile d’en faire quelque chose de potable. Et c’est vraiment dommage parce que vu la qualité visuelle de Tale of Tales, c’est presque rageant de voir un tel gâchis. Garrone a voulu entremeler les histoires, faire en sorte de mélanger les intrigues pour qu’on puisse en suivre l’évolution en parallèle. Sauf que les transitions en fondu en noir en plein milieu d’une scène, c’est limite interdit par la convention de Genèves. Ajoutons à ça l’effet produit par le mix des trames qui empêche la gradation scénaristique qui est censée susciter l’intérêt chez le spectateur (climax fantastique dans une trame et on passe à un autre conte où il ne se passe pas grand chose pour retourner 20 minutes plus tard dans une atmosphère fantastique) et ce manque de cohérence fait s’effondrer le film comme un chateau de cartes.

Tale of Tales est une réussite en tant que tableau par sa sublime direction artistique mais un échec en tant que film par sa réalisation catastrophique. Tant de bonnes idées gâchées par une volonté de complexifier l’intrigue qui n’en avait pas forcément besoin, c’est rageant. Tous les ingrédients étaient réunis pour enfin avoir une bonne adaptation de conte, fidèle au matériau d’origine mais non. Au final, on se retrouve avec du mauvais Terry Gilliam : c’est beau mais incompréhensible.

Tale of Tales : Bande annonce

Crédits : ©Le Pacte