Titeuf, le héros sévèrement méché de Zep, revient avec un 15ème opus : A fond le Slip ! L’occasion pour le Cerveau de revenir sur 25 ans de cour de récré.
Il y a exactement 20 ans, une petite fille recevait pour son anniversaire une Bande Dessinée. Celle-ci avait été choisi hasardeusement par des parents un peu perdus face aux goûts déjà très arrêtés de leur enfant en matière de lecture ; en témoignait sa petite bibliothèque bleue pastel où trônaient Astérix, Schtroumpfs et autres Gaston Lagaffe. Cette lecture, anodine aux premiers abords, devint l’une des favorites de cette petite fille, fascinée par les aventures et bêtises de cour de récré d’un petit garçon de son âge – ou était-il un chouilla plus vieux?
Cette Bande Dessinée, c’était Dieu, le Sexe et les Bretelles, la première aventure en 24/32 de Titeuf, le personnage culte de Zep. Et cette petite fille, c’était moi, neurone du Cerveau amoureux de figuration narrative.
Time after time
Le temps a passé, la môme a troqué ses culs de bouteilles pour d’élégantes Ray Ban et le blondinet a bien grandi. Il est allé se promener à la TV, au cinéma, mais tient malgré tout son statut de personnage dessiné grâce à son papa, Zep, qui nous offre juste avant la rentrée des classes – tutut les rageux en couche-culotte – un quinzième tome : A fond le Slip ! chez Glénat en août 2017.
De quelques planches crobardées juste après avoir entendu des brèves de récréation à base de : “Pôv’ connard du cul!” et autres merveilles telles que : “T’es un pourri du zizi à la crotte de nez!” en 1992, Titeuf est devenu un personnage phare de la Bande Dessinée jeunesse française.
Eh oui, vous avez bien lu : Titeuf, le héro à la mèche rebelle, a 25 ans.
Un quart de siècle
DROIT DANS TON ENFANCE ! Mais avant de faire un petit malaise vagal des familles et de vous rouler en boule en buvant un P’tit Vittel – parce que votre corps est en plein croissance et qu’il lui faut de l’eau, DE L’EAU !!! – que penseriez-vous d’une projection dans un univers parallèle où Titeuf aurait grandi comme tout un chacun ? Et si lui aussi avait dû affronter les terribles heures cloîtrées en amphi de “procédure administrative”, les infâmes relents d’odeurs de frites laissée par un job à mi-temps dans un Macdonald’s ou encore les interminables musiques de chambre qu’on entend en boucle lorsqu’on essait de joindre la CAF ou la LMDE ?
Hula hup, Barbatruc ! D’un coup de baguette magique – éclate la musique – le Cerveau vient de vous créer un univers alternatif 100% régression qui n’a rien à envier à DC ou Marvel. Accrochez-vous à votre slip : on fait vieillir Titeuf.
Titeuf, le Zuckerberg français.
Pourquoi me hurle-t-on dans l’oreillette que Titeuf est sensé être un cancre ? Sachez, bons gens, qu’il ne serait pas le premier génie incompris à qui l’école ne seyait guère.
En effet, notre blondinet se la jouera un peu André Malraux. Vexé comme un pou de ne pas avoir été accepté dans le même lycée que ses copains à cause de ses résultats catastrophiques, Titeuf abandonnera l’école à 16 ans pour voyager un peu, sac au dos et pouce en l’air. Au cours de son périple en Europe du Nord, il fera la rencontre de Bretchtje, une jeune ingénieure diplômée au caractère bien trempé, et sa copine Veer, couturière talentueuse et iconoclaste.
Pour notre Titeuf à l’imagination débordante, c’est un Eureka ! Visionnaire, il propose aux jeunes femmes de travailler main dans la main à la création d’un nouveau slip tout terrain, à la matière ultra moderne, capable d’auto-réguler la température du service trois pièces, laissant ainsi les hommes heureux, les parties au frais. Veer et Brechtje trouvent que ça déchire, mais réclament cependant un slip unisexe – parce que elles aussi aimeraient garder leur fri-fri fresh and clean.
Leur startup, Yes Oui Slip, se fera ainsi très rapidement remarquer, tant et si bien que dans le tout Paris/Berlin/NYC/Tokyo, le monde ne parle plus que de YOS : Marion Cotillard en selfie avec son YOS taille basse (idéal pour les soirées entre amis), Pharrell Williams sauvé de justesse d’un honte certaine liée à une sombre histoire de raie de plombier apparente grâce à son YOS édition spéciale “Never Paye Your Lune”, Barack Obama qui auto-parodie sa campagne présidentielle simplement pour avoir l’honneur de faire la promo YOS 2017, ou encore Karl Lagerfeld prêt à tout pour faire défiler ses modèles en YOS à la prochaine Fashion Week ; y a pas à dire, les Slips, c’est une affaire qui roule.
Ainsi, notre Titeuf Jobs aura bien fait de passer ses cours de math à rêver. Il aura bien fait d’inventer des histoires avec son Captain Méga-Kill dans sa chambre au lieu de faire ses devoirs de français. Enfin, il aura bien fait de profiter de ses heures de colle pour dessiner les aventures de ses héros préférés, car c’est bel et bien cette créativité entretenue qui fera de lui un véritable magnat du slip à tout juste 25 ans.
Comme quoi, de Ducobu à Zuckerberg, il n’y a qu’un pas.
Titeuf, éternel célibataire.
Breaking news : Nadia ne finira pas avec Titeuf. C’eut-été trop simple !
De petit blond à la coiffure pour le moins unique, notre Titeuf fera désormais les couv de GQ et Challenges. Qu’on se le dise, 2017 sera l’année de la mèche. Chez tous les coiffeurs tendances parisiens, on ne jure plus que par “La blonde”, petit nom – terriblement choupi – donné à la versatilité capillaire de notre beau gosse.
Vous avez bien lu : l’adolescence, pourtant mère de tous les maux, a fait des merveilles avec ce garçon, devenu sur sa 20ème année un éphèbe délicat et soigné, attirant si bien le regard de ces dames que de ces messieurs. Un succès galant auquel il prête peu attention : comblé par son travail, ses nombreux amis, et ses diverses activités personnelles, notre Titeuf ne ressent pas le besoin d’être en couple et se complais parfaitement dans le rôle du tonton geek et fashion auprès de Pierre, Paul et Marie, les enfants de sa petite sœur, Zizi – qui, ayant souffert toute sa scolarité d’un prénom ridicule, a décidé de verser dans la banalité totale concernant les patronymes de sa progéniture.
Titeuf serait donc sans famille, comme Rémi ? Se baladerait dans la vie ? Pas le moins du monde ! A tout juste 25 ans, le milliardaire Slip Master décide de faire don de la moitié de sa fortune personnelle à l’ONG Fringues Pour Tous qui lutte pour que chaque enfant puisse se vêtir avec dignité partout dans le monde. Désormais, Titeuf est l’heureux papa de dizaines de milliers de piou-piou sur lesquels il veille, s’assurant que chacun ait un slip propre à se mettre sur le dos pour aller à l’école.
Titeuf, scénariste hollywoodien à mi-temps.
Qu’on se le dise : devenir adulte ne signifie pas pour autant devenir aussi rasoir qu’un fonctionnaire en fin de carrière.
Ainsi, malgré tout son succès dans le monde cruel et sans pitié de l’industrie du Slip, Titeuf continue à ne rêver que d’une chose : Méga-Kill, le héros made in china de son enfance. Il aurait adoré écrire des histoires de méchants venus de l’espace pour « zigouiller » les humains sans pitié, de fusil-lasers à rayon gamma destructeurs de molécules ou encore de vers de terre mangeurs de planète… Mais le Slip est une maîtresse exigeante, et Titeuf commence doucement à renoncer à ses rêves d’enfants.
Jusqu’à une certaine soirée de gala organisée par Fringues Pour Tous, en l’honneur d’un don exceptionnel de 50 000 slips en coton bio, où il tombe nez à nez, entre deux petits fours, avec Michael – mother fucking – Bay ! Ni une ni deux, le petit blond l’interpelle et lui parle d’un projet d’adaptation sur grand écran des nouvelles aventures de Méga-Kill, rédigées par ses soins, produites et sponsorisées par YOS. A ces mots, le Michael Bay ne se sent plus de joie, et pour montrer qu’il aime bien ça, ouvre large son portefeuille et laisse gérer Titeuf.
C’est ainsi qu’en 2017 sort en salle Méga-Kill vs Earth : The Baston Beggins, produit par Michael Bay, scénarisé par Titeuf, avec dans le rôle principal son ami d’enfance Manu, devenu entre temps un mastodonte bodybuildé, plutôt doué pour la comédie – d’ailleurs, c’est lui qui sort avec Nadia, au cas où vous vous poseriez la question… Et Nadia est une chirurgienne spécialiste des opérations à cœurs ouverts, si vous vous posez également la question.
Titeuf déclarera plus tard à Mad Movie : “Never give up tes rêves, bro”.
Titeuf, est-ce qu’on lui lâcherait pas le slip ?
Avouez, on s’est plutôt bien amusé à imaginer la vie que serait celle d’un Titeuf de 25 ans. Cependant, il est temps de revenir dans notre univers et de prendre un peu de recul.
Comment ce gamin espiègle ascendant bêtise réussit-il avec toujours autant de brio à plaire aux générations d’enfants qui se succèdent depuis 25 ans ? Plus simplement, qu’est-ce qui fait véritablement le succès de Titeuf ?
Au Cerveau, on ne dispose pas de la science infuse, mais on ne peut pas s’empêcher de penser que, quelque-part, ce sont les enfants eux-même qui font de lui une icône intemporelle. Certes, cette phrase peut paraître totalement niaise. Mais l’est-elle vraiment ?
Depuis les premiers pas de son héros dessiné, Zep s’est toujours inspiré des marmots autour de lui pour construire ses histoires. Papa dans la vraie vie des vrais gens, le dessinateur est devenu expert en situations enfantines grotesques à souhait ainsi qu’en expressions Bac-12 savoureuses à base de prouts, de fesses et de crottes molles. Alors, Zep ne serait-il pas, plutôt qu’un adulte qui aurait su “garder une part d’enfant en lui” – il faut d’ailleurs arrêter avec ce mythe de Peter Pan du dessinateur, c’est très agaçant, oui, oui, oui – un daron qui ne se lasse pas de voir grandir les enfants… et de les prendre en flagrant délit de grosse bêtise ?
Alors, plutôt que d’aller lui casser les pieds avec le monde adulte et son lot de choses pas franchement funny-fun, lâchons tous le slip à Titeuf. Laissons donc notre enfance là où elle est, et profitons plutôt de la vie, à fond le Slip.
Crédits : ©Glénat.
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