The Witcher : Une saison qui n’ensorcellera personne (bilan)

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1.5

Découvrez un bilan de la première saison de The Witcher sur Netflix, qui n’a pas du tout convaincu le Cerveau… Critique d’un potentiel et d’une adaptation gâchés. Attention spoiler !

On l’a présenté comme la série qui succéderait à Game of Thrones, à l’heure où la fantasy commence à s’imposer à la télévision, notamment grâce au culte de HBO. The Witcher est à découvrir sur Netflix depuis ce vendredi 20 décembre.

Un série qui surfe sur la tendance de la fantasy à la télévision, de Dark Crystal : L’âge de Résistance à Carnival Row en passant par A la croisée des Mondes. Avec l’arrivée du Seigneur des Anneaux en série prochainement, ou celle d’Outlander il y a 4 ans, jamais la fantasy ne s’était autant imposée en télévision.

Adaptation ludique

Dernière-née cette année des productions originales Netflix : The Witcher. Adaptée des célèbres jeux-vidéos écoulés à plus de 40 millions d’exemplaires dans le monde, la série avait tout pour séduire les fans de la franchise, qu’elle soit en romans ou vidéo-ludiques, ainsi que les amateurs de fantasy.

Pourtant, même avec un héros de choix interprété par Henry Cavill, The Witcher n’est pas la plus réussie du genre, ni des adaptations. La showrunner Lauren Schmidt Hissrich (productrice et scénariste pour Daredevil, The West Wing ou Umbrella Academy) assurait pourtant que la série était basée avant tout sur les romans de l’auteur Andrzej Sapkowski. Romans qui prennent leur imaginaire dans les mythes de l’Histoire slave et polonaise. Au visionnage, la série ressemble plus à une préquelle des jeux qu’à une adaptation de fantasy tirée d’une saga de romans.

Ce bon vieux gégé

The Witcher raconte l’histoire de Géralt de Riv (Henry Cavill), un tueur de monstres à la force surnaturelle et magique puisqu’il a subi des mutations par des mages. Elle suis aussi celle de Ciri (Freya Allan), une princesse contrainte de se cacher après le massacre de sa famille, aux pouvoirs qui se réveillent, ainsi que Yennefer de Vengerberg (Anya Chalotra), une mage aux pouvoirs phénoménaux, bossue et difforme, faisant ses premiers pas dans le monde de la magie.

 

Compliquée, très compliquée…

The Witcher, dès ses premières scènes, apparaît d’une complexité sans pareille surtout quand on ne connaît pas le jeu-vidéo, ni les romans.

Avec un pilote construit maladroitement et qui n’introduit pas vraiment les personnages clés de l’intrigue  – puisque le spectateur est lancé dans l’action dès le début de l’épisode – il est très difficile de suivre le cours des évènements tant ils sont denses et multiples. Le Cerveau va être honnête, on ne comprend pas vraiment tout dans le premier épisode de la série.

Voire pas grand chose, au fil des séquences d’ouverture qui cherchent à envoyer du lourd très vite, dans les codes de la franchise mais aussi du genre. Entre violence, batailles d’épées et autres références fantastiques et médiévales, le spectateur à du mal à savoir où il va, qui il va suivre ou les enjeux principaux de l’intrigue. Ni même ce qu’il regarde.

Des enjeux posés là comme si l’on regardait une succession de cinématiques d’introduction d’un nouvel épisode du jeu. Sensée se dérouler bien avant les évènements des trois opus vidéo-ludiques et au plus proche des intrigues des romans, la série a du mal à poser son univers avec cohérence et un vrai fil rouge, embourbée dans un monde visuellement référencé et très codifié, soucieuse d’offrir des marqueurs aux fans de la franchise, mais indifférente à l’idée de spectateurs méconnaisseurs.

Aucune explication réelle

Ni le monde complexe, à savoir le Continent, ni les personnages ne sont clairement expliqués, que ce soit dans le pilote ou ailleurs (ce n’est pas pour rien que le Cerveau vous a proposé un guide pour mieux la comprendre…).

Un coup dans un royaume nommé Cintra, l’autre dans un village ou une auberge, ensuite dans une école de sorciers – sans aucun connecteur logique – le spectateur néophyte va avoir du mal à suivre l’histoire de The Witcher. Surtout que peu de personnages séduisent d’emblée, au-delà peut-être du héros éponyme de la série, ainsi que Yennefer.

Multiples mondes, passés, présents et futurs…

Il faudra 3 épisodes pour comprendre que la série repose sur deux, voire trois chronologies distinctes dans chaque épisode de The Witcher. Deux intrigues qui mèneront à la principale, celle qui repose sur les premiers évènements du pilote : à savoir l’invasion de Cintra.

Passé, présent et futur se mêlent, sans clairement se distinguer les uns des autres. Quand on pense suivre une série linéaire, on finit par se rendre compte que l’intrigue de The Witcher se joue sur plusieurs décennies différentes dans le même épisode.

Quêtes et fil rouges entremêlés

Ce qui pourrait rebuter ceux qui aiment la logique et la clarté, notamment dans une série qui s’attaque à un monde imaginaire riche en créatures, territoires et personnages. L’usage voudrait qu’en fantasy, le pilote clarifie d’emblée les bases et règles de l’environnement visionné, puisqu’on évolue dans un monde imaginaire. Un monde qu’on ne connait pas. Dans The Witcher, on ne s’embarrasse pas d’explications, on fonce dans le tas, façon Géralt en mode bourrin.

Quant aux intrigues de la saison 1, tout semble vouloir calquer les multiples quêtes de Géralt inspirées par les romans ou le gameplay The Witcher. Entre l’anthologie et l’aventure, au lieu d’une intrigue linéaire, on visionne une succession d’épisodes où le Sorceleur va croiser des personnages qui le mèneront à d’autres ou vers sa destinée, celle qu’il doit accomplir auprès des deux autres personnages principales : Yennefer et Ciri. Des intrigues passées ou futures, mêlées au fil-rouge de la série. Ce qui n’aide pas le sentiment de désordre narratif.

Baston, grosse baston !

Entre batailles viriles, chorégraphies de corps à corps ou d’épées dans des décors naturels ou principalement virtuels, toujours dans l’esprit du jeu vidéo en RPG, des séances de magies gores ou violentes, ou d’autres festins médiévaux assez clichés, tout est posé dans l’intrigue sans réelle logique ou cohérence.

Aucune, dans une succession de pans qui parfois ont du mal à se suivre, entremêlés les uns aux autres, on ne sait pourquoi. Les seules séquences réfléchies semblent celles dédiées à l’affrontement et aux combats… Et encore, tout dépend desquelles.

La logique et cohérence sont les grands absents de cette adaptation sérielle de The Witcher. Tout comme l’émotion. Un peu comme ce héros en apparence dénué de tout sentiment, la série peine à générer de l’intérêt pour ses personnages, ou de l’attachement. Aucun personnage n’intrigue vraiment le spectateur, presque anesthésié par les multiples incohérences de la série et tentant de la comprendre. Pourtant une série repose avant tout sur le lien qu’elle créée entre les personnage et ceux qui la regardent.

Personnages stéréotypés

A part Yennefer auquel le spectateur s’attache en éprouvant de la pitié avec ses origines et son handicap, les personnages laissent indifférent. Même Henry Cavill n’arrive à convaincre bien qu’on soit habitué aux interprétations monolithiques de ce dernier (Géralt/ Superman, même combat : expression 0).

 

Si ce n’est un homme aux yeux qui brillent et qui grogne pour montrer ses états, aucune nuance ne se voit chez ce héros (joyeux ou non, heureux ou pas, vous aurez droit à un grognement façon ours sauvage des bois comme simple expression). Si dans le jeu vidéo un personnage simple dans ses états ne dérange pas, dans une série, cela est problématique, même quand l’imaginaire veut qu’il soit dénué de sentiments.

Les personnages secondaires connus de la franchise ou non, comme le barde, sont non seulement stéréotypés, mais sans alchimie aucune avec les autres. Le barde d’ailleurs est un vrai problème, puisque compagnon par excellence de Géralt dans le matériel originel, véritable ami de fortune. Il est ici un élément plus insupportable qu’on l’aurait pensé, voire inutile.

Production déséquilibrée pour VFX ratés

Si la production en décors et costumes de The Witcher est de bonne facture, voire irréprochable, les scènes de batailles assez bien gérées, certains effets spéciaux sont particulièrement ratés. Notamment ceux consacrés aux pouvoirs magiques ou le bestiaire de la franchise.

Certains monstres ressemblent tellement à ceux du jeu qu’on se croirait devant sa console en plein combats (surtout que certains plans et angles de combats ressemblent à ceux du jeu).

Les dragons sont plus drôles que crédibles et les effets visuels lors des sorts et autres effets de magie pourraient s’apparenter à Hercule ou Xéna la guerrière dans les années 90. Ce qui n’aide pas la crédibilité ou l’immersion dans un monde qui n’a pas pris le temps d’être expliqué. D’autant plus que la série se prend trop au sérieux. Tellement, que certaines séquences deviennent nanardesques par leur construction, choix narratifs ou twists criards.

Promesse non tenue

Tout gamer et fan de fantasy, à l’image du Cerveau, vous le dira, The Witcher était la série prometteuse attendue de beaucoup, à l’univers vaste et inédit en télévision qui avait tous les éléments pour être une grande série. Si le casting est discutable, puisque la seule tête d’affiche est Henry Cavill, le vrai problème de la série réside dans son écriture ratée, pour un monde qui semble incompris tant par les scénaristes que la showrunneuse de la série.

Si la série a été clairement imaginée et écrite pour les fans (la créatrice ne se cache pas d’avoir consulté les joueurs et fans pour savoir ce qu’ils voulaient y voir), elle passe complètement à côté de son potentiel riche et motifs : comme la métaphore de l’oppression polonaise envers les juifs. L’auteur des romans a réussi à offrir une œuvre qui étudie l’humanité, les concepts de bien et de mal ainsi que leurs nuances, le racisme ou même les liens familiaux. Dans la série, ce n’est pas le cas.

Potentiel raté

Dans The Witcher, si les prémices d’une histoire inspirée par le concept de la famille et sa définition est plus ou moins explorée, on passe complètement à côté de thèmes qui auraient pu être bien plus philosophiques et recherchés qu’une simple histoire de royaumes qui se déchirent, ou de personnages qui cherchent à se retrouver dans un monde peuplé de monstres magiques.

On ne sait pas après visionnage de l’intégralité de la saison 1, si la série tiendra encore sur une seconde avec cette formule – puisqu’elle a déjà été renouvelée avant même sa diffusion. Car même si les derniers épisodes deviennent à peu près cohérents avec plus de clarté à l’intrigue, la série ne tient pas la route jusqu’à sa fin ouverte.

Ce qui est certain, c’est que The Witcher ne doit plus être présentée comparée à Game of Thrones. Tout d’abord parce qu’elle n’a rien à voir avec l’univers et les influences de George R.R. Martin, mais surtout parce qu’elle n’a clairement pas grand-chose dans sa besace pour prétendre à la comparaison ou succession de l’une des séries les plus plébiscitée de cette décennie. Et c’est bien dommage.

Crédit photos : ©Netflix

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