Réalisateur : Albert Dupontel
Acteurs : Albert Dupontel, Sandrine Kiberlain, Nicolas Marié
Genre : Comédie
Durée : 1h22
Année de production : 2012
Distribution : Wild Bunch Distribution
Date de sortie : 16 octobre 2013
Le sale gosse Dupontel revient plus infernal que jamais avec 9 mois ferme.
Il y a 4 ans, Albert Dupontel nous offrait un Vilain qui ne l’était pas tant que ça. Gentillet dans son traitement, grand public même diront certaines mauvaises langues. Il est vrai qu’on connaissait le père Dupontel pour ses accès de folie traduits par des délires violents et monty-pythonesque. Mais que les fans de la première heure se rassurent, le mauvais garçon est de retour. Il a mûri et a gardé sa hargne caractéristique.
Violation de propriété privée
Ariane Felder est une femme de loi. Dans tous les sens du terme. Sa vie est réglée comme du papier à musique, d’une rigueur à en faire pâlir Manu Kant. Métro, boulot, dodo. La quarantaine tout juste atteinte, elle excèle dans son métier et pratique un peu de danse de temps en temps. Célibataire endurcie, elle est convaincue par son expérience des hommes qu’elle est beaucoup mieux sans eux. Bref, Maîtresse Felder, c’est l’ordre, la droiture et rien d’autre. Mais quand elle apprend après un examen médical qu’elle est enceinte de 6 mois, son monde bascule. Cerise sur le gâteau, le squatteur aurait été installé par un criminel notoire, le tristement célèbre Bob Nolan. Ce dernier a été accusé d’avoir sauvagement découpé un vieux avant de lui gober goulûment les yeux, d’où son surnom “Le Globophage”. Triste CV pour un père en devenir et coup de tonnerre dans la vie de cette pauvre Ariane qui ne sait plus sur quel pied danser.
Faîtes entrer les jurés
Rien qu’à la lecture du scénario, la patte de Dupontel se fait ressentir. Une situation improbable venant bouleverser le quotidien de quidams, le tout agrémenté par une galerie de personnages hauts en couleurs. Sandrine Kiberlain est sublime dans le rôle de la juge psychorigide aux moeurs de bonne famille. Elle arrive à séduire et provoquer de l’empathie chez le spectateur malgré son caractère neurasthénique. On en viendrait presque à la plaindre d’être comme elle est et surtout quand le destin la met face à un tel défi.
Albert Dupontel quant à lui, est il bien nécessaire de le préciser, est toujours aussi brillant. Pourtant, Bob Nolan n’est pas aussi taré que ses rôles précédent. Ici, le voleur a la petite semaine est presque le personnage le plus humain et réaliste du casting. Derrière sa mauvaise éducation et son côté bourru, il y a un homme simple et pas si idiot qu’il n’y parait. Comparés à Bernie ou au clochard d’Enfermés dehors, il y a un monde. On retrouve cette folie caractéristique de Dupontel mais emballée dans un gros paquet de tendresse.
Mention spéciale pour Nicolas Marié, le grand acolyte d’Albert dans la majorité de ses films qui joue ici un avocat bègue qui arrachera de nombreuses larmes de rires au plus réticents spectateurs. D’autres acteurs récurrents de la troupe du réalisateur sont présents, mais le Cerveau s’en voudrait de gâcher la surprise.
Faîtes sortir l’accusé
Outre la plastique délirante habituelle aux oeuvres de Dupontel, on y retrouve ici son thème phare lié aux difficultés de l’enfance. Là où Bernie nous faisait suivre les aventures d’un orphelin à l’histoire assez sombre, ou Enfermés dehors mettait un bébé au centre d’une bataille absurde entre clochards et magnat de la finance, 9 mois ferme parle de la grossesse involontaire et de la responsabilité d’être parent.
En apprenant la nouvelle de son malheureux événement, il est clair que la juge ne désirera pas le garder et ira même très loin pour essayer de s’en débarrasser. En toile de fond de cette histoire bon enfant d’approche, on peut voir un propos morbide presque dérangeant et malsain dans l’image qui est renvoyé de l’enfance.
Étant bébé, la mère de Bob l’a confondu avec une bûche et Ariane a été élevée par une mère acariâtre dans le plus grand dégoût de la gente masculine. Ce qui se retrouve par la suite dans le rapport que la juge a avec son enfant (elle va même jusqu’à faire son procès avant de chercher à l’éjecter). Et c’est là où l’humanité cachée derrière le caractère insolent du voleur va venir sauver la vie de ce petit monstre.
Le Gentil
Son salut viendra de la capacité de Bob Nolan a redonner confiance à Ariane. Comme si Dupontel, avec ses manières de gentil loubard, revenait vers son public quelque peu déçu par sa dernière promesse pour lui offrir son nouveau bébé. Qu’on accepte d’ailleurs d’élever avec joie en espérant qu’il traumatisera ses petits camarades à la récré.
9 mois ferme, c’est un beau batard que Dupontel offre à son public. A la croisée entre son univers délirant et une touchante fable, il n’oublie pas d’être pince sans rire comme il sait si bien faire. On rigole du début à la fin, on s’émeut par moment. Carton plein donc pour ce 9 mois ferme qui présente l’enfant sous un autre oeil. Enfin, si Dupontel ne l’a pas gobé d’ici là.
Bande Annonce
Crédits : ©Wild Bunch Distribution
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur