Alors que les nominations pour le Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême vient de tomber, le Cerveau revient sur 4 Bandes dessinées marquantes de l’année 2015 aux auteures féminines
Nous sommes au matin du 5 Janvier 2015, les feuilles volent et les flocons neigent. En ce beau matin, les réseaux sociaux se réveillent doucement. Facebook s’étire, Twitter baille joyeusement, Instagram fait couler du café et Google + n’arrive pas à sortir du lit. Commence alors à émerger de nombreux posts concernant le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, dont la 43ème édition aura lieu prochainement, du 28 au 31 Janvier 2015.
La raison de ce remue ménage ? La diffusion de la liste des nominations pour le Grand Prix 2016. Et pour cause : 30 nommées, 30 hommes.
Où sont les femmes ?
Si les femmes restent sous-représentées dans ce milieu, elles n’en sont pas pour autant inexistantes, elles sont, a contrario, de plus en plus nombreuses chaque année à se lancer dans la grande et belle aventure de la Bande Dessinée.
Une situation qui tourne presque au « gag » absurde, avec d’un côté, une liste de nommés pour le Grand Prix 2016 exclusivement masculine, et de l’autre, un Joann Sfar, solidaire de ses consoeurs, qui nous parle ce matin de « la féminisation de la BD » comme d’une « bouffée salutaire d’oxygène » sur le Huffington Post.
N’en déplaise au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, les rayons de librairies ne sont pas avares en BD écrites et illustrées par de talentueuses auteures. Force est donc de constater que, quand on cherche, on trouve.
Le Cerveau vous propose donc de découvrir une liste de 4 Bandes Dessinées, écrites par des femmes, qui l’on marqué cette année. Une cuvée 2015 talentueuse, originale et, aussi fou que cela puisse paraître, féminine.
Super Rainbow de Lisa Mandel
Alors qu’elles apprennent que l’équilibre mondial est menacé par un super vilain nuageux, le terrible Cumulonimbus, Francisse et Lisa, qui passaient leur après-midi en amoureuses, s’empressent d’aller au Ministère des Armées afin d’en avertir les autorités compétentes. Très inquiet de cette situation, le ministre convoque les SSF (Les Services Secrets Francophones) qui sortent alors leur armes secrètes : les combinaisons Super-Rainbow ! Nos héroïnes, à la vue de ces incroyables combinaisons, sentent monter en elles l’âme de super héros. Seul soucis, ces combinaisons sont attribuées à Richard et Daphné Dupont, membres d’élite du SSF, un couple marié et parents de 3 bambins. Qu’à cela ne tienne, Francisse et Lisa profitent bientôt d’un moment d’inattention du ministre pour enfiler lesdites combinaisons et s’en aller vaincre du monstre, activant leurs super pouvoirs en faisant l’amour.
Super Rainbow, ce n’est pas un manifeste LGBT, c’est une BD de super héro qui se moque de ses propres codes et joue avec. L’humour omniprésent et souvent décalé, le trait simple et vif, la couleur profondément rafraîchissante font de Super Rainbow une BD terriblement attachante. Le Cerveau vous invite donc à enfiler un slip au dessus de vos collants et à vous plonger sans attendre dans cette petite pépite.
(Premier tome paru le 26 aout 2015 chez Professeur Cyclope)
California Dreamin’ de Pénélope Bagieux
Le Cerveau vous l’a déjà dit et répété : n’attendez pas une seconde de plus pour aller vous plonger dans la bibliographie de Pénélope !
California Dreamin’, retrace la vie « romancée » de la chanteuse Cass Elliot (de son vrai nom, Ellen Cohen), membre emblématique du groupe The Mamas & The Papas. On y suit la célèbre Mama Cass de sa petite enfance à Baltimore, au travers des différents groupes dans lesquels elle s’est illustrée, jusqu’à la séparation du groupe en 1968. On y retrouve bien sûr la jeune femme excentrique et tout à fait hors normes habituellement dépeinte ; mais on y découvre également une personnalité touchante, une amoureuse malheureuse bercée de rêves brisés.
Un trait d’esprit et graphique brillant, de la part d’une Pénélope Bagieux toujours au top de sa forme, dont nous vous avions déjà parlé, il y a plusieurs mois de cela déjà. Aussi, si vous souhaitez en savoir plus sur California Dreamin’, suivez le lien du Rêve Californien.
(Paru aux éditions Gallimard le 17 septembre 2015)
Einstein de Anne Simon et Corinne Maier
Vous avez toujours voulu tout savoir sur le scientifique le plus célèbre du XXème siècle mais vous avez peur des gros livres sans images qui fleurent bon la lecture fastidieuse au côté d’un dictionnaire épais ? Alors Einstein est une BD faite pour vous.
Anne Simon et Corinne Maier nous livrent ici une biographie intéressante et documentée du génie Albert Einstein, traversée de part en part de pointe d’humour bienvenu, le tout dans un écrin coloré et diablement bien mis en page.
Autrement, si le travail de Corinne Maier vous intéresse, sachez qu’elle a également travaillé sur un autre ouvrage cette année, paru en Septembre dernier : Ma vie est un Best Seller, avec au dessin la très talentueuse Aurélia Aurita à qui l’on doit notamment Vivi des Vosges, en collaboration avec Frédérique Boilet (paru chez Les Impressions Nouvelles le 21 Septembre 2011).
Vous ne rêvez pas, le Cerveau vient de vous offrir en toute subtilité une BD supplémentaire écrite et dessinée par des femmes de talent en 2015. C’est un peu Noël après l’heure chez Brain Damaged.
(Paru aux éditions Dargaud le 12 Octobre 2015)
Carnet de Thèse de Tiphaine Rivière
Jeanne Dargan est un personnage qui a d’abord vu le jour sur le blog de Tiphaine Rivière, Le Bureau 14 de la Sorbonne. Constatant que plus sa thésarde en bavait, plus ses lecteurs appréciaient, elle décida de faire subir à son héroïne l’affront ultime d’être le protagoniste d’une hilarante BD retraçant l’enfer de la thèse.
Entre un directeur de thèse dont les talents de dissimulation ferait passer Ezio Auditore pour un amateur, des colloques soporifiques à n’en plus pouvoir, un personnel administratif pas toujours en adéquation et une famille qui n’y comprend rien, Jeanne Dargan tente de tenir bon, vaille que vaille, jusqu’à l’obtention du diplôme salvateur.
Carnet de Thèse est une BD cruellement drôle, avec un trait léger et très agréable à la lecture. Un ouvrage de bonne facture, à mettre entre toutes les mains, surtout celles des premiers concernés, histoire de leur mettre un peu de baume au cœur.
(Paru aux édition du Seuil le 19 Mars 2015)
Il y a donc de quoi faire une liste de nomination pour le Grand Prix du Festival International de la BD un peu plus éclectique. La preuve en est qu’au moment où le Cerveau termine ce papier, la nouvelle vient de tomber : Le Festival se décide à réintégrer des femmes dans sa liste.
La solidarité peut bel et bien faire bouger des Montagnes, même quand celles-ci sont un peu longue à la détente.
Crédit photos : Droits réservés.
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