Volet essentiel dans la phase 4 de Marvel, Doctor Strange 2 Multiverse of Madness sort aujourd’hui dans les salles françaises. La critique du Cerveau, mitigé par le resultat. Attention critique moyennement spoiler !

Doctor Strange in The Multiverse of Madness débarque aujourd’hui en salle. Un film très attendu de la phase 4 de Marvel,  après la sortie de Spider Man No Way home, qui renoue avec les notions d’univers parallèles et multiples, non seulement explorés dans le dernier volet consacré au Spider-Man de Tom Holland mais aussi à travers les séries What-if et Loki.

Ici, l’histoire se déroule bien après Wandavision, avec au casting le retour d’Elizabeth Olsen. Doctor strange 2 est comme tout le monde l’avait imaginé, une conséquence directe de la série Marvel diffusée l’an dernier sur Disney+, avec toujours au menu : du deuil, des traumas… Et bien évidemment des choix qui découlent de ces mêmes traumas, autant pour Wanda, que Doctor Strange.

Multiverse of nightmares

Dans Doctor Strange 2  Multiverse of Madness, Stephen Strange est de retour, avec un Wong toujours Sorcier Suprême. Alors qu’il fait des rêves étranges, ce dernier va explorer sa dualité et son caractère, ainsi que sa potentielle force, à travers différentes versions de lui-même essentiellement afin de venir en aide à une nouvelle super héroïne qui se présente dans le MCU : America Chavez.

Des versions de lui-même qui vont l’emmener à réfléchir sur son statut de sorcier mais aussi, les limites de sa quête de pouvoir, ainsi que les conséquences multiples de cette même quête, souvent négatives vu le caractère arrogant et égotique du personnage. Une découverte de lui-même à travers les divers univers qu’il va traverser en compagnie du nouveau personnage autour duquel l’intrigue va tourner, à savoir, América Chavez.

I love America

Doctor Strange in The Multiverse of Madness propose donc de découvrir une nouvelle issue de comics Marvel. America Chavez, adolescente de 14 ans, clé des voyages dans le multivers. Ceux qui sont familiers avec cette dernière comprendront très vite qu’elle sera l’élément principal de l’intrigue, avec un Doctor Strange dans le rôle d’un oncle ou père protecteur avec cette dernière, dans un voyage de fuite et d’explorations multiples d’univers parallèles, outre ceux traversé pour l’effet gag, vu dans la bande annonce.

Caméos multiples

Bien évidemment, comme tout le monde l’avait deviné, les Illuminati feront bien parti du film, pour en être un élément de l’avancement de l’intrigue vers le deuxième acte du film, dans une réalité presque futuriste. Une apparition des personnages dans une scène d’action assez costaud, avec bien évidemment les super-héros qui ont fuité, mais aussi d’autres, au-delà du Captain Carter, Professeur X, que le Cerveau vous laissera découvrir en salle.

Si leur présentation était essentielle à l’avancée de l’intrigue, il est clair que leur présence est avant tout motivée par l’envie de créer le lien avec la future série de Disney+ : X-Men 97. L’autre caméo attendu, avec un réalisateur comme Sam Raimi était celui de Bruce Campbell. Que les spectateurs auront, un peu comme dans les Spider-Man du réalisateur, le plaisir de retrouver dans le film. D’autres caméos seront à découvrir en mi et post-générique, avec notamment l’arrivée d’une nouvelle qu’on pourrait bien retrouver dans Thor 4.

Wanda-dark-vision

Mais qu’on ne s’y m’éprenne, la dernière itération Marvel sur grand-écran est avant tout un opus consacré au personnage de Wanda et son statut de Scarlet Witch au-delà d’être centré sur le personnage éponyme du film. Une Scarlet Witch toute puissante, mais toujours aussi dépressive, habitée par le deuil et la perte de ses enfants hypothétiques.

Sans trop dévoiler sur le personnage, bien que tout le monde s’attende à voyager avec elle à la recherche de ses enfants, Scarlet Witch est introduite ici comme le personnage le plus fort, tout univers confondu. Un personnage corrompu par le grimoire hérité de Westview, comme le suggérait la scène post-générique de Wandavision, dont le trauma post-Endgame va toujours être au cœur des enjeux jusqu’à la résolution de l’intrigue. Une intrigue d’ailleurs souvent devinable, parfois ampoulée, mais dopée à bloc, bien que bizarrement rythmée, avec les voyages dans les univers et ses scènes d’actions digne du MCU.

Marvel fait dans l’horreur

Qui dit Sam Raimi à la barre dit spécialiste de l’horreur, du gore et de films de genre. Après avoir été annoncé récemment comme un pas dans l’horreur sauce Marvel par Kevin Feige ainsi que Sam Raimi, Doctor Strange 2 Multiverse of Madness est un film qui se veut comme un cross-over de genres, jonglant entre l’idée de la SF ; du fantastique sauce MCU et l’horreur, avec des séquences gores, des morts assez graphiques (toute raison gardée étant donné que le produit reste un film calibré Disney/Marvel) et une esthétique gothico-gore inpirée par la sorcellerie et la magie noire.

Le plus étonnant dans ce film, reste son intention assez flagrante de rendre hommage ou référencer des classiques de la pop-culture horrifique incarnés à travers la mise-en scène et les personnages classiques des comics et du MCU.

Ainsi, plus qu’un film de réalisateur chevronné au gore et à l’horreur (avec notamment ses célèbre Ash v Evil Dead ) Doctor Strange in The Multiverse of Madness est avant tout un film proposant une succession de séquences inspirées de films tels que Poltergeist, Dracula, La nuit des morts vivants, Shining ou même Carrie de façon assez flagrantes et peu subtiles, plus qu’un film d’horreur signature ou une véritable intention créative, du moins dans son imagerie et esthétique.

Trop d’univers tue l’univers

Bien que l’intention soit honorable, le résultat n’est pas aussi réussi qu’imaginé puisque les cinéphiles et fans d’horreur pourraient y voir une manière de contenir l’imaginaire que pourrait avoir un spécialiste du genre dans un univers aussi codifié que le MCU, même si ce dernier tente de se réinventer. Quitte à presque y voir du pastiche pur et simple parfois. Si une ou deux références auraient été bienvenue, la succession multiple de scènes rappelant d’autres cultes devient vite indigeste. La faute sûrement au cahier des charges de la firme.

Un cahier des charges qui se voit aussi dans l’écriture et le rythme de l’intrigue, qui surtout dans sa seconde partie a du mal à ne pas aller dans tous les sens, entre les enjeux du multivers, les caméos, l’évolution de Doctor Strange face à ces mêmes enjeux et ceux de l’antagoniste. Antagoniste qui sera, – sans trop spoiler – pas assez creusé au point d’offrir une résolution un poil bazardée, avec un sentiment exacerbé de « pas-fini ».

VFX en veux-tu en voilà

Côté production Doctor Strange 2 Multiverse of madness est un film un peu trop chargé en effets spéciaux. Un défaut assez récurrent chez Marvel et attendu vu la thématique du film, mais au détriment du développement des personnages, surtout sur deux heures.

Avec des scènes d’action multiples, mises en avant dès les premières minutes du film, on comprend très vite que l’action sera le maître mot de cet opus Marvel plus qu’une réelle exploration des thèmes si chers au MCU, à savoir le deuil ou les divers traumas qui définissent l’état héroïque de ces personnages, même quand ils ont un caractère parfois détestable comme Stephen Strange. De l’action qu’on retrouve dans les séquences horrifiques qui parfois proposent quand même des choix de  prise de vue en caméra mobile ou de mise en scène assez intéressants et jamais vu chez Marvel, dont le réalisateur a le secret.

Multiverse of Sadness

En somme on peut dire que Doctor Strange 2 Multiverse of madness est un film moyen, qui – malgré certains choix scénaristiques intéressants notamment sur les conséquences du deuil de Wanda (encore et toujours) mais aussi ceux de Strange, et quelques séquences d’horreur plus osées qu’un Marvel classique pourrait offrir – reste un produit de liaison assez consensuel entre certaines productions de la firme plus qu’une réelle intention narrative ou esthétique.

Ce qui est bien dommage, surtout quand on a un réalisateur de ce gabarit ou quand on est familier avec les comics, qui auraient pu nourrir bien plus les enjeux de personnages comme Wanda ou America Chavez au-delà du héros titre.

On aurait aimé que le curseur de l’horreur soit assumé de manière personnelle par Sam Raimi, comme il a pu le faire dans certaines séquences de sa trilogie Spiderman, en lieu et place d’une succession de séquences horrifiques un peu clichés, réminiscences de films désormais inscrit dans l’inconscient collectifs comme des cultes du genre. Cependant, le film reste un divertissement estampillé Marvel qui plaira assurément aux fans des studios.

Doctor Strange in The Multiverse of Madness : Bande annonce

Crédit: ©Marvel Studios/ Disney